Cédric Renaud : « Les cadres territoriaux de la sécurité sont une des portes d’entrée pour la cohésion sociale »

Cédric Renaud
Le 7 janvier 2019

L’association nationale des cadres territoriaux de la sécurité (Ancts) organise son deuxième congrès national à Romans-sur-Isère, dans la Drôme, le 7 février prochain. Cette association ne réunit pas seulement des policiers municipaux. La prévention de la délinquance, de l’habitat indigne, des effets du dérèglement climatique entre aussi dans le champ d’une sécurité multiforme où la place des agents territoriaux doit être repensée. Entretien avec Cédric Renaud, son président.

Gilets jaunes, terrorisme, dérèglement climatique, rapport Thourot-Fauvergues (1)… Dans un tel contexte, alors que la sécurité est une fonction régalienne, comment les collectivités territoriales se (re)positionnent-elles ?

À l'heure où nous allons prochainement fêter les 20 ans de la loi du 15 avril 1999 sur les polices municipales, nous sommes de plus en plus en première ligne face à des administrés toujours plus exigeants et utilisant des modes d'expression parfois radicaux, et au moment où le réchauffement climatique entraîne des événements météorologiques de plus en plus violents.

Car j’insiste sur la spécificité de notre association, celle d’accueillir tous les agents territoriaux intervenant dans des domaines où la question sécuritaire prédomine. La question des moyens humains et financiers à mettre en œuvre pour faire face à ces nouvelles menaces est en effet au centre de nos préoccupations.

Le rapport Thourot-Fauvergues acte un certain nombre d’évolutions nécessaires, notamment sur le plan statutaire. Les 78 mesures qu’il avance font-elles l’objet d’un débat ?

Il a été remis au Premier ministre en septembre, au moment où Gérard Collomb a démissionné et où Christophe Castaner a pris ses fonctions.

Notre pays traverse depuis la crise que vous connaissez et on comprend que le ministre de l’Intérieur n’ait pas eu le temps d’en évaluer la portée. Pour autant, la réflexion de la place des agents territoriaux dans l’organisation de notre sécurité commune est absolument nécessaire. Sans oublier le volet statutaire, et notamment les évolutions de carrière des policiers municipaux qui restent, sur ces vingt dernières années, particulièrement illisibles.

Autre point qui nous inquiète, la recentralisation de la prévention de la délinquance vers l’État préconisée par ce rapport. Il y a là un risque de détricoter ce qui a été fait depuis 20 ans, avec plus ou moins de succès mais surtout avec la certitude que seul le maire peut être le pivot du dispositif, tout simplement parce que l’État n’a pas la culture du partenariat. Le rapport propose de supprimer les groupements locaux de prévention de la délinquance. Or, dans certaines de ces instances, de vrais échanges ont lieu et je ne pense pas qu’un commissaire de police ait la même appétence qu’un maire ni même le temps pour jouer ce rôle. Sur le statut des policiers municipaux, le développement des catégories A est préconisé pour rendre les fonctions encadrantes plus attractives. Ce rapport est en tuyaux d’orgues, nous aimerions bien avoir notre mot à dire… 

Où est la police de proximité du quotidien (PSQ), lancée en février 2018, et qui vise à rapprocher les forces de l’ordre de la population ?

Certains retours de terrain sont plutôt positifs. Beaucoup de maires élus en 2014 ont abandonné l’idée d’une « police bis », qui se substituerait aux défaillances de la police nationale. C’est une police qui a sa spécificité territoriale, qui connaît les habitants, les acteurs, les Atsem, les éducateurs, etc. La police municipale a une plus grande capacité d’action pour mettre tous ses relais en action. Nous sommes une des portes d’entrée de la cohésion sociale, tout comme les pompiers, les éducateurs, etc.

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