Quand la tech prend soin des Français

e santé
Le 9 septembre 2019

Le gouvernement souhaite accélérer le virage numérique en santé dans le cadre de la réforme Ma Santé 2022. Pour Dominique Pon et Laura Létourneau, pilotes de ce chantier, la transformation de notre système de santé ne pourra avoir lieu sans un développement massif et cohérent du numérique en santé en France.

 

À Paris, la plateforme Tech Care, l'incubateur santé porté par l'agence de développement économique et d'innovations Paris&Co, accompagne des startups impliquées dans l'innovation en santé et bien-être, un secteur en plein essor.

 

Trois promos de start-up, déjà, sont sorties de l'incubateur parisien, comme Yuka, l'appli à succès qui permet de décrypter la composition des produits alimentaires et cosmétiques, ou encore MonDocteur, le portail de prise de rendez-vous médicaux en ligne, racheté en 2018 par le géant du secteur Doctolib.

 

Une quatrième promo a été recrutée et compte une vingtaine de startups, l'inauguration se fera en novembre prochain à Tech Care Paris.

L'hôpital Boucicaut, dans le XVème arrondissement de Paris, a fermé ses portes en 2000. Plus de malades, plus de brancards, plus de médecins ni d'infirmières. Le lieu n'a pour autant pas cessé de prendre soin des patients. Sauf que les docteurs sont des innovateurs, des inventeurs de solutions numériques pour la santé et le bien-être des Français. Depuis 2015, la plateforme Tech Care Paris, portée par l'agence de développement économique et d'innovations Paris&Co, accompagne ici des start-up impliquées dans le domaine de la e-santé.« Nous donnons aux projets les moyens de », indique Mathieu Trystram, responsable de cet incubateur. « Nous sommes un accélérateur de développement et un facilitateur de mise en relation. Nous travaillons avec des entreprises sur une durée de 1 à 3 ans, à leur stade d'amorçage et de décollage », poursuit Mathieu Trystram.

Trois promos de start-up, déjà, sont sorties de l'incubateur. Parmi celles-ci, Yuka, l'appli à succès qui permet de décrypter la composition des produits alimentaires et cosmétiques, MonDocteur, le portail de prise de rendez-vous médicaux en ligne, racheté en 2018 par le géant du secteur Doctolib, MédecinDirect, la plateforme de téléconseils médicaux, ou encore Shift Technology, une intelligence artificielle capable de détecter les fraudes aux assurances, qui a levé, en début d'année, 53 millions d'euros. Une quatrième promo a été recrutée et compte une vingtaine de startups, l'inauguration se fera en novembre prochain à Tech Care Paris. Il y a eu 103 candidatures suite à l'appel à candidature, seulement 12 ont été retenues.

Accélérer le virage numérique

Le secteur de la e-santé connaît, depuis quelques années, un formidable essor. À Paris et en Ile-de-France, on compte près de 370 start-up et PME intervenant dans le domaine de l'innovation en santé et bien-être. « Les barrière à l'entrée se sont abaissées », constate Mathieu Trystram. « Auparavant, les porteurs de projets venaient essentiellement de la recherche, de l'industrie de la santé. Aujourd'hui, chacun peut proposer une solution en e-santé ». Un mouvement qui devrait se poursuivre, d'autant plus que le gouvernement a affiché sa volonté d'accélérer le virage numérique en santé, présentant fin avril sa feuille de route en la matière, dans le cadre de la réforme Ma Santé 2022.

« La transformation de notre système de santé ne pourra avoir lieu sans un développement massif et cohérent du numérique en santé en France », expliquent Dominique Pon et Laura Létourneau, pilotes de ce chantier. « Le numérique n'est pas une fin en soi. C'est un moyen pour mieux coordonner les professionnels de santé, pour développer des innovations thérapeutiques et organisationnelles, pour lutter contre la fracture sanitaire, pour repositionner le citoyen au cœur du système de santé, bref, pour soigner mieux.

Pourtant, aujourd'hui, les professionnels de santé sont confrontés à une offre numérique morcelée qui complexifie leur pratique quotidienne, et les outils numériques mis à disposition des patients-usagers sont encore trop limités. Quant à nos systèmes numériques en santé, ils présentent une grande vulnérabilité face aux cyberattaques avec des risques associés considérables », constatent Dominique Pon et Laura Létourneau, pour qui il est « indispensable de formaliser une politique globale de la e-santé en France, définissant l'articulation entre les projets et dressant avec précision les contours du terrain de jeu de chacun ».

« Il y a cinq orientations très pragmatiques : renforcer la gouvernance du numérique en santé, intensifier la sécurité et l'interopérabilité du numérique en santé, accélérer le déploiement des services numériques socles, déployer au niveau national des plateformes numériques de santé, soutenir l'innovation et favoriser l'engagement des acteurs. C'est la première fois qu'il y a une volonté de structurer les choses et de piloter dans une direction », se réjouit Mathieu Trystram.

Mathieu Trystram : « Nous avons défini 14 thématiques dans le domaine de la santé et du bien-être »

Trois questions à Mathieu Trystram, respesonble de Tech Care Paris, l'incubateur santé et bien-être de Paris&Co.

Que proposent les start-up que vous hébergez ?

Nous avons défini 14 thématiques dans le domaine de la santé et du bien-être. Parmi celles-ci : le vieillissement, l'optimisation des soins, le handicap, le sommeil... Nous portons également une attention importante à la santé de la femme, thématique souvent oubliée alors qu'elle mérite amplement d'être traitée.

À qui s'adressent leurs solutions ?

Au grand public, aux professionnels, aux institutions... La problématique, dans le domaine de la santé, est de savoir qui paie au final. Car en France, il n'est pas dans les habitudes des usagers de payer pour leur santé.

Le développement de la e-santé va-t-il permettre le développement de la prévention ?

L'article 51 de la loi pour le financement de la sécurité sociale pour 2018 encourage le test de solutions pour une arrivée plus rapide sur le marché. Cela passe par deux possibilités : l'expérimentation globale, on teste une solution innovante basée sur le numérique, ou bien des forfaits de prise en charge pour le patient sur une pathologie donnée. Ces forfaits ouvrent la porte à une prise en charge de la prévention, et à la mise en place de budgets pour des solutions de prévention.   

 

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