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Loïc Blondiaux : « L’imagination démocratique est aujourd’hui à l’œuvre dans nos sociétés »

Loïc Blondiaux
Le 15 mars 2019

Extension du domaine de la participation à un nombre croissant de secteur de l’action publique et à l’entreprise, risque d’ubérisation de la participation citoyenne par l’usage de plateformes numériques, faillite des corps intermédiaires, incapacité des partis politiques à se renouveler, enjeu européen de la participation citoyenne, etc. Professeur de science politique à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne et directeur du master Ingénierie de la concertation, Loïc Blondiaux revient sur tous ces sujets.

Vous avez créé, il y a de cela huit ans, un master spécialisé dans l’ingénierie de la concertation. Aujourd’hui, comment analysez-vous le chemin parcouru dans le domaine de la participation citoyenne ?

Le master professionnel que je dirige à la Sorbonne, consacré à l’ingénierie de la concertation, était un pari lorsque je l’ai lancé. Il n’était pas du tout acquis qu’il y avait derrière la concertation un métier spécifique et distinct notamment de la communication ou d’autres métiers, ni que l’institutionnalisation de la participation citoyenne se produise.

Finalement, si l’on se projette dix ans plus tard, il est désormais admis que pour animer des dispositifs de participation, pour produire de l’intelligence collective et associer les citoyens au processus de décision, il est nécessaire de mobiliser des compétences et des connaissances spécifiques. Il y a plusieurs raisons à cela.

On s’est aperçu en premier lieu que la participation citoyenne ne s’improvisait pas et qu’il ne suffisait pas de s’appuyer sur l’expérience politique des élus ou d’appliquer les recettes de la communication traditionnelle. Comme on le constate aujourd’hui avec le Grand débat national, il ne suffit pas de provoquer une réunion pour que la délibération prenne et que l’on puisse, le cas échéant, travailler ensemble de manière constructive.

Par ailleurs, on observe une défiance telle des citoyens envers les élus, les institutions et l’autorité en général que les conditions de la confiance sont rarement réunies d’emblée. Il faut beaucoup de savoir-faire, du temps et des tiers garants pour que celles-ci aient une chance d’être rétablies. Cela demande non seulement de la patience, mais également des savoir-faire spécifiques, ceux que les intermédiaires de la participation peuvent justement apporter.

Pour compléter cette ébauche de bilan, il faut souligner que l’on assiste à l’extension du domaine de la participation à un nombre croissant de secteur de l’action publique, au-delà de l’urbanisme, des infrastructures et de l’environnement, où elle semblait devoir être cantonnée. L’impératif participatif semble s’imposer comme une exigence là où on ne l’attendait pas. À titre d’exemple, on peut mentionner pêle-mêle, au cours de ces derniers mois : les politiques culturelles à travers la concertation sur la rénovation du Grand Palais, les politiques d’alimentation avec le Conseil national de l’alimentation et les États généraux de l’alimentation ou encore les politiques de santé notamment via la question de la prise en compte de la parole patients dans le secteur hospitalier.

Enfin, la dernière évolution notable de cette décennie est la capacité des entreprises à s’emparer des enjeux de participation citoyenne. On observe pour certaines d’entre elles que la concertation n’est plus uniquement envisagée comme un passage obligé dans l’acceptation de leur projet. Elles ont pris conscience que des dispositifs de dialogue et d’idéation pouvaient leur servir en interne. Un exemple frappant est celui des civic tech : l’utilisation de plateforme de concertation ne sert plus seulement dans le domaine politique. Dans le même sens, le mouvement des entreprises libérées en est aussi un indicateur. Le fait qu’une entreprise, comme EDF, envisage de créer une direction de l’intelligence collective, après avoir expérimenté, avec succès, des outils de participation et de concertation, est significatif.

Il ne faut pas exagérer cette évolution, la question de la démocratie dans l’entreprise reste largement absente du débat politique et s’oppose à d’autres évolutions du système capitaliste (financiarisation de l’économie, individualisation des conditions de travail, déclin des syndicats, etc.), mais ces exemples sont plutôt une bonne nouvelle car le thème de la démocratie en entreprise avait complètement disparu des discours politiques et même des revendications d’une partie des salariés. Il nous faudra cependant voir, sur le long terme, jusqu’où ira cette volonté de changement des modes de prise de décision. Il y a, en effet, des limites intrinsèques à ces processus d’ouverture et d’inclusion démocratique.

On observe que le numérique a également pris une grande place dans le domaine de la participation citoyenne. Est-ce qu’il n’a pas eu des effets paradoxaux en ce qu’il a renforcé la participation tout en l’« ubérisant » ?

C’est effectivement un point très important. Le numérique a fait plusieurs promesses. Premièrement, il y a celle de permettre des formes de délibération citoyenne à grande échelle, hors de toute co-présence. Puis, celle d’inclure des publics comme les jeunes, qui ne sont généralement pas présents dans les dispositifs physiques de participation. Enfin, il y en a une qui n’a pas échappé au décideur : celle d’une participation à moindre coût. En effet, la mise en place d’une plateforme peut permettre d’obtenir l’avis et les contributions des citoyens sans qu’il y ait d’investissement humain important et sans que l’on ait besoin d’organiser de réunions, de financer les déplacements des gens, l’animation des réunions ou la rédaction de compte-rendu.

Mais l’ubérisation de la démocratie participative que vous évoquez, à savoir sa localisation exclusive sur certaines plateformes supposées permettre de se passer d’intermédiaires, reste très problématique. Tout d’abord, on sait qu’il y a une fraction non négligeable de citoyens qui n’iront jamais ou qui ne souhaitent pas participer au travers des outils numériques. Surtout, l’instauration d’un cadre efficace d’échange et de relations de confiance entre des acteurs distants politiquement et socialement passe par des médiations humaines. Pour restaurer cette confiance et organiser une confrontation d’opinions, les réunions physiques avec la présence de tiers garants permettent à chacun d’exposer son point de vue mais aussi d’écouter celui des autres.

Ce qui se dégage d’un certain nombre de plateformes est précisément cette incapacité à dépasser le conflit initial : le numérique a tendance à figer les positions, à collecter des prises de position juxtaposées qui ne dialoguent pas véritablement entre elles, sans produire de changement d’opinion, encore moins de compromis négociés. Elles révèlent ce que les passions et émotions démocratiques ont de moins constructifs, à l’instar cependant d’une réunion unique, mal pensée et peu animée, qui se contenterait de donner la parole à chacun à tour de rôle.

Si on veut que les positions évoluent, il faut introduire un cadre qui permet aux individus de se connaître, de se respecter et leur donne le temps de s’informer de ce que l’autre pense. Partant de là, une évolution de la pensée est possible.

Selon vous, qu’est-ce qui a freiné l’expansion de la participation citoyenne sur la scène publique ?

Je pense que deux évolutions ont marqué la période récente, notamment à l’échelle locale. La première tient au budget alloué aux démarches de concertation : dans un cadre de restriction budgétaire, il est intéressant de voir que les démarches participatives ont été les premières sacrifiées. Non pas que l’on ait renoncé à en faire, mais les financements dévolus ont été de moins en moins importants avec pour conséquence d’hypothéquer grandement la qualité des démarches. La participation citoyenne suppose du temps, des moyens humains, de l’information, des rendez-vous réguliers, des allers-retours permanents entre les services et la population. Tout cela ne peut pas se faire sur des périodes très courtes, ni sans argent.

La seconde évolution à souligner tient aux alternances politiques : elles ont eu des effets non négligeables. Très clairement, les politiques de participation citoyenne ont, dans un pays comme la France plutôt été soutenues par des gouvernements locaux et nationaux de gauche. Par conséquent, les échecs successifs de la gauche (notamment au niveau régional) ont interrompu un certain nombre d’expériences significatives et intéressantes. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de collectivités locales à droite qui expérimentent des démarches et des outils de participation. Elles sont cependant beaucoup moins nombreuses.

Justement, concernant la volonté politique, on voit qu’un certain nombre d’élus en usent mais pas toujours pour les mêmes raisons. Est-ce que la participation citoyenne peut vraiment changer le paradigme traditionnel ?

Aujourd’hui, on range sous le vocable de « démocratie participative » des projets qui ne sont pas toujours de même nature. En effet, la démocratie participative est un domaine où coexistent des stratégies mais également des idéaux politiques très différents. Si l’on regarde par exemple le mouvement la République en marche qui s’est pourtant appuyé à ses débuts sur une promesse de participation, il n’a nullement confirmé cette pratique du pouvoir une fois parvenu aux commandes. Sa pratique du pouvoir tend plutôt vers une forme de prise de décision verticale qui ne se soucie guère de concertation avec les citoyens ou les corps intermédiaires. Le Grand débat amorce peut-être un changement de culture politique mais il est trop tôt pour en tirer des conclusions.

Si l’on veut résumer à grands traits la période actuelle, nous assistons à une opposition entre deux impératifs politiques : le premier est un impératif gestionnaire : il recherche l’efficacité immédiate et repose sur une expertise qui ne saurait être partagée avec les citoyens. Il emprunte ses instruments d’évaluation au monde de l’entreprise et, au nom de certains principes de bonne gestion et d’un projet de « réforme » de la société ne supporte aucune remise en cause de la part des citoyens. Il est aujourd’hui porté par le gouvernement actuel et ne se concilie guère avec une véritable participation citoyenne.

Face à cela, un autre mouvement tient, à l’inverse, d’un impératif délibératif ou participatif, où il est clair qu’une fraction des citoyens souhaite pouvoir être associée aux décisions qui les concernent. Celui-ci peut se décliner de différentes manières : au travers d’une demande de démocratie directe, portée notamment aujourd’hui par le mouvement des gilets jaunes. Mais il implique également que l’on associe beaucoup plus sérieusement les citoyens aux décisions qui les concernent et surtout qu’on les reconnaisse comme des interlocuteurs légitimes. Or, aujourd’hui s’opposent deux types de défiance : une défiance marquée des citoyens à l’égard de toute forme d’autorité et de représentation et une défiance, non moins réelle, des élites à l’égard de ces mêmes citoyens, qui leur dénie toute forme de compétence politique et de légitimité.

Tout cela amène à penser qu’il va falloir vraiment choisir entre ces deux options. Est-ce que l’on pousse à l’extrême la logique gestionnaire qui fait qu’il n’y aurait qu’une seule bonne solution pour tous les problèmes, que l’on trouverait au travers d’un raisonnement de type technocratique ? Ou alors, est-ce qu’on ouvre le processus de décision, de manière vraiment sérieuse, à travers différents canaux où pourra se mettre en place un dialogue entre parties prenantes et avec les citoyens ? Parce qu’il ne faut pas s’y tromper, ce n’est pas seulement la démocratie participative qui est en panne aujourd’hui, c’est aussi la démocratie représentative qui est malade : à force d’être méprisés, ignorés, court-circuités, les corps intermédiaires (du parlement jusqu’aux associations en passant par les syndicats) ne sont plus aujourd’hui en mesure de représenter convenablement les citoyens et c’est précisément ce qui entraîne aujourd’hui l’exacerbation des conflits.

Lorsqu’on parle de participation citoyenne, on touche fondamentalement à la démocratie. Or, les seuls partis politiques qui s’en emparent sont des partis qui ne vont jamais arriver au pouvoir type Génération. s ou Place publique. Ne voit-on pas ici un échec de la participation citoyenne ?

La question du rapport des partis politiques à la participation citoyenne est une question incroyablement complexe. Tout d’abord, l’émergence de la démocratie participative est liée au fait que les partis politiques ne parviennent plus à jouer leur rôle d’interface entre les citoyens et la sphère du pouvoir. Ils ne sont plus capables de faire remonter les demandes citoyennes, d’accomplir leur travail de socialisation et d’éducation politique. Ils ne sont plus non plus en mesure de canaliser les conflits. On a donc besoin d’inventer d’autres outils mais sans faire disparaître les partis politiques. Selon moi, le tournant participatif de nos politiques est le signe d’un affaiblissement tout à fait problématique et dramatique des partis politiques, qui étaient jusqu’à présent des éléments indispensables au fonctionnement de la démocratie représentative.

Une deuxième question qui doit être prise en compte est celle de la démocratisation interne des partis politiques. On voit bien que tous ou presque font l’objet d’une critique de leur organisation même et de la manière dont les candidats sont désignés. De manière très différente, les partis politiques acceptent ou non d’y répondre : par un peu de tirage au sort, comme dans la République en marche, où l’on concède une petite place aux militants ; par les primaires pour beaucoup, comme on l’a vu avec les Républicains ou le Parti socialiste ; par des formes un peu plus exigeantes, comme la France insoumise qui essaie de concilier un leadership très fort avec une consultation à grande échelle des militants pour l’élaboration de leur programme.

Ce que l’expérience internationale démontre cependant est que la forme même du parti politique est difficilement compatible avec une horizontalité radicale de la prise de décision. On constate un échec relatif de tous les partis qui ont promis de réconcilier l’efficacité politique avec la démocratie interne : Cinque stelle, Podemos, ou encore Nouvelle donne ont tous connu la même expérience, c’est-à-dire un échec. Ils ont dû faire le choix d’un leadership relativement fort pour perdurer. Quant aux partis les plus radicaux dans leurs revendications démocratiques (à l’instar du Parti pirate) ils ont, pour le moment du mal à percer.

À l’échelle nationale, aucune force politique ne porte véritablement de programme de participation citoyenne, à part la France insoumise qui le fait avec un style contradictoire. Pareillement, l’extrême droite revendique un pouvoir au peuple mais elle définit le peuple sur un fondement d’unité nationale et raciale, qui gommerait toutes conflictualités en son sein. Cette déclinaison populiste de la démocratie participative ne peut être véritablement prise au sérieux.

Le cas des écologistes est assez intéressant. Historiquement, les Verts ont été les porte-parole les plus actifs de la démocratie participative. Aujourd’hui, ce mouvement politique paraît plus en recul : l’urgence climatique et environnementale peut faire dire à certains que la démocratie constitue un obstacle plus qu’une solution. Les Verts se sont fondus, par ailleurs, dans les jeux de la démocratie représentative en ne développant plus de réflexion originale sur la participation. Du côté du mouvement associatif, il y a eu une déception très forte à l’issue de nombreuses expériences de participation déguisée. Les associations environnementales n’ont d’ailleurs pas toujours les moyens nécessaires pour jouer à armes égales avec les maîtres d’ouvrage et les acteurs politiques dans les instances de participation. De grandes associations environnementales sont dans une position de retrait total.

En Europe, on voit qu’un certain nombre d’États sont novateurs en matière de participation citoyenne, comme la République Tchèque. En même temps, on a d’autres États qui se replient sur eux-mêmes et qui vont vers des pouvoirs autoritaires. Est-ce qu’il n’y a pas derrière la participation citoyenne un enjeu européen ?

L’histoire de la participation citoyenne à l’échelle de l’Union européenne (UE) est celle d’un incontestable échec. Si on se reporte, il y a une vingtaine d’années, au moment de l’élaboration du Livre blanc de la gouvernance européenne, l’Union européenne et la Commission ont semblé porter l’idée qu’aux côtés de formes de représentations nationales classiques, il était possible de mettre en place une véritable démocratie délibérative européenne, en créant des dispositifs permettant aux citoyens de s’informer mais aussi de débattre sur les principaux enjeux et les principales politiques européennes.

Or, ce dont on s’aperçoit c’est que finalement l’UE n’est pas parvenue à mettre en place cette politique. Un mécanisme comme l’Initiative citoyenne européenne est considéré comme un échec. D’une portée déjà extrêmement limitée, elle n’a en aucun cas transformé la manière dont les décisions sont prises à cette échelle. Les débats sur l’Europe ne se déploient qu’à l’échelle nationale et ne permettent pas la confrontation des points de vue à l’échelle européenne.

Pour finir sur une touche positive, si nous étions un peu utopiques, comment pourrions-nous régler cette dichotomie entre démocratie représentative et accroissement de la participation citoyenne ?

Il faut se demander comment envisager la transformation de nos sociétés vers plus de démocratie. Un grand sociologue américain, Erik Olin Wright, dans Utopies réelles1, distingue 3 types de stratégies pour ceux qui veulent transformer la société.

La première est classique : c’est la révolution, la prise du pouvoir par des voies légales ou extra-légales. Elle vise un changement institutionnel massif à la suite d’un renversement des rapports de force ou d’une alternance brutale. Elle ne semble pas pour l’instant ni envisageable, ni en ce qui concerne l’usage de la violence, désirable pour beaucoup. Si une révolution politique devait avoir lieu, il y a de fortes chances pour qu’elle débouche un pouvoir autoritaire plutôt que sur plus de démocratie.

La deuxième stratégie est la stratégie « symbiotique » ou réformiste. Elle consiste à faire le pari qu’au sein des organisations au pouvoir, dans les institutions, certains acteurs qu’on pourrait qualifier de modernisateurs souhaitent vraiment changer les choses et faire évoluer les institutions. Le pari est que ces acteurs progressistes se rassemblent pour provoquer des réformes. Il me semble que cette stratégie est à l’œuvre aujourd’hui, mais paraît trop incrémentale. Elle ne laisse pas envisager une transformation profonde de nos institutions à court ou moyen terme.

La troisième est « interstitielle » : elle consiste à travailler hors des institutions, à développer le maximum de projets portés par des groupes de citoyens sur un mode d’auto-organisation. Le pari qui sous-tend cette stratégie est qu’avec l’affaiblissement général des institutions et des services publics, des espaces de plus en plus nombreux vont s’ouvrir à l’initiative citoyenne. Ces initiatives se présentent comme autant de laboratoires ou d’utopies concrètes, qui démontrent leur capacité à changer le monde à partir de la coopération des acteurs. Néanmoins, ces expériences, à l’image des villes en transition, ont démontré leur réussite à l’échelle locale, mais ont beaucoup plus de mal à être transposées à l’échelle nationale.

Aujourd’hui, ces différentes stratégies, on le voit, ne permettent pas d’envisager l’avenir avec optimisme. Chacune d’entre elle rencontre des obstacles, des résistances et des échecs majeurs. Le basculement de plusieurs démocraties dans l’autoritarisme et les glissements progressifs de nombreuses autres ne sont pas de bon augure, loin s’en faut. Mais il faut rester attentif aux signaux faibles, aux expériences locales de transition environnementale et démocratique, au retour de l’imagination démocratique qui est aujourd’hui à l’œuvre dans nos sociétés (tirage au sort, civic tech, assemblées citoyennes, etc.) en alliant comme le proposait Antonio Gramsci « le pessimisme de l’intelligence et l’optimisme de la volonté ».

1. Wright E. O., Utopies réelles, 2017, La Découverte, L’horizon des possibles.

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