À Dijon, les usagers modèlent la ville

OneDijon
Le nouveau poste de pilotage des services publics connectés dans le cadre de la ville intelligente OnDijon.
©Dijon métropole / OnDijon
Le 15 avril 2019

Dijon et sa métropole jouent à fond la carte de la Smart City. Et promettent aux habitants une ville façonnée à leurs usages… Le chef-lieu bourguignon vient d’inaugurer un poste de pilotage des services publics connectés. Kesako ? Explications…

Tout miser sur l'open data pour renouveler la démocratie participative, développer un écosystème de start-up et faire des usages des habitants un point de départ pour améliorer le fonctionnement de la ville. Dans la ville intelligente, le processus est inversé : la population modèle le fonctionnement de la ville, pas le contraire… Éclairage, transports, ordures, eau, sécurité...

Depuis le début de l’année, les équipements publics des 24 communes constituant Dijon Métropole sont reliées à un poste de commandement unique, contre six jusqu'à présent. Ce qui permettra de piloter en temps réel et avec une grande réactivité les services publics de la cité. L'objectif : mieux anticiper le renouvellement des équipements, améliorer la coordination des équipes en cas d'incident et renforcer la sûreté publique.

Le citoyen, acteur malgré lui
La réalisation de ce centre et des équipements urbains connectés, confiée à un consortium composé de  Bouygues Energies et Citelum, filiale d'EDF, avec Suez et Capgemini, doit permettre de réaliser 65 % d'économies d'énergie en douze ans. Ce contrat de 105 M€ financé par Dijon métropole, la Ville de Dijon, la région Bourgogne-Franche-Comté et le Fonds européen de développement régional (Feder) permettra de rénover plus de 34 000 points lumineux (100 % LED), 113 carrefours et 180 bus équipés de la priorité aux bus, 205 véhicules géolocalisés et 130 équipés de radio, 140 km de fibre optique déployés et 180 bâtiments exploités en sûreté et sécurité et connectés au poste de pilotage.

« Prenons l’exemple du stationnement. À Dijon, la ‘ville intelligente’ guide désormais le conducteur vers une place libre », précise Xavier Lenoir, responsable du service DSI à la Ville de Dijon et à la métropole, en charge de mettre en place ce grand chantier. Même conduite à distance de la luminosité : « Une lumière blanche haute donne plus de sentiment de sécurité aux conducteurs, qui rouleront plus vite, au contraire d’une lumière plus jaune et plus basse, qui fera baisser la vitesse des véhicules », précise le responsable.

« L’objectif est de faire du citoyen l’élément central de cette démarche. À l’analyse de ses usages, nous adapterons la ville. La data, cette captation de données anonymes, permet de modeler un nouveau rapport des citoyens à la ville et aux élus, dont l’image n’est pas bonne. Au-delà de la technologie, c’est un enjeu démocratique beaucoup plus important qu’on ne l’imagine », poursuit Xavier Lenoir, responsable du service DSI à la Ville de Dijon et à la métropole.

Un groupement aux manettes pendant 12 ans
D’autres travaux ont été réalisés, comme le renouvellement de 26 sites de bornes d’accès et de 269 caméras de vidéoprotection. Le poste de pilotage connecté réunit désormais 6 postes de commandement : PC sécurité, PC police municipale, centre de supervision urbaine (CSU), PC circulation, « Allo mairie » et PC neige. Le poste de pilotage, sur un plateau de 1 200m2, réunit 50 personnes. Pour réaliser le projet, Dijon métropole s’appuie sur un groupement d’entreprises en charge de la réalisation et de la gestion pendant 12 ans du poste de pilotage connecté et un marché public de conception, réalisation, exploitation et maintenance (« CREM ») passé en 2015, qui fixe des objectifs chiffrés de performance définis notamment en termes de niveau d’activité, de qualité de service, d’efficacité énergétique ou d’incidence écologique (article 73 du code des marchés publics abrogé mi-2015, remplacé par les « marchés globaux de performance »).

105 M€ d’investissement
« OnDijon (Ndlr, nom donné au poste de pilotage) utilise un effet de levier innovant des investissements par lequel les économies générées par la modernisation des services et des équipements publics, notamment avec la mise en place d’un éclairage 100 % LED, permettent de financer de nouveaux services numériques », assure Bouygues Energies & Services, tête du groupement, avec Citelum (groupe EDF), Suez et Capgemini. Ce consortium veillera à la gestion du poste de pilotage connecté. Un contrat de 105 millions d’euros « qui comprend 53 millions d’euros d’investissements que nous aurions dû faire dans tous les cas mais que nous avons préféré utiliser pour renouveler nos équipements urbains de manière intelligente », précise François Rebsamen, maire de Dijon et président de la métropole.

Meilleure coordination des interventions
Les objectifs de ce dispositif d’hypervision urbaine sont de mieux coordonner les interventions et les travaux d’entretien des services de la métropole sur l’espace public liés aux encombrants, à la voirie, aux espaces verts, à la propreté mais aussi d’assurer le pilotage à distance des équipements urbains des 23 communes de la métropole (feux de circulation, l’éclairage public, la vidéoprotection, ou encore les services de voiries…). La sûreté et la sécurité de l’espace public, la gestion de crise (neige, inondation, intempéries…), la sûreté des bâtiments publics (incendie, intrusion, contrôle d’accès…), la vidéoprotection, les interventions de la police municipale entrent aussi dans ce champ. Le centre gérera enfin les 600 appels par jour reçus au portail téléphonique en provenance des habitants.

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