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Grand Chambéry : penser les mobilités au-delà des frontières administratives

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L’aire d’influence de l’agglomération chambérienne se déploie au-delà du périmètre de Métropole Savoie sur 7 EPCI : - Le cœur de son influence se situe au sein même de l’agglomération chambérienne, avec 5 communes dont plus de 40% des actifs travaillent à Chambéry ; - Cette influence s’étend aux autres EPCI de Métropole Savoie, mais avec une influence plus diluée du fait des polarités locales de Montmélian et Aix Les Bains ; - La grande majorité des EPCI ont au moins 20% de leur population travaillant à Chambéry.
©Métropole Savoie
Le 27 mars 2023

Dépasser le cadre intercommunal pour mieux gérer les besoins des usagers, se donner des capacités à agir, éviter la dispersion et s’approcher des réalités territoriales vécues ont guidé la réflexion en matière de mobilités sur le territoire du Grand Chambéry. Un futur syndicat mixte SRU1, porté par les trois établissements publics de coopération intercommunale (EPCI – Grand Lac, Cœur de Savoie et Grand Chambéry) et le département de la Savoie, est prévu à l’horizon 2024 pour répondre à ce triple enjeu.

Résumé

Il est aujourd’hui nécessaire de travailler les mobilités sur l’échelle pertinente de bassin de vie et pas seulement sur une assise institutionnelle. L’enjeu de la réflexion à une échelle géographique est à coupler à un enjeu de réflexion multimodale des déplacements.

Que l’on parle de déplacements urbains ou périurbains, les habitants ont des besoins de mobilités de plus en plus variés. Entre ville centre, communes urbaines de couronne, territoires résidentiels périphériques, espaces ruraux, chaque secteur de ce nouveau périmètre de syndicat a ses spécificités (distance de déplacement, souplesse d’usage, capacité de transport, etc.).

Chaque mode de déplacement a son champ de pertinence, et il est bien évident qu’un mode de transport seul, aujourd’hui, ne pourra répondre à tous les besoins de mobilité.

Un des enjeux pour ce futur syndicat est d’arriver à proposer une complémentarité et une bonne articulation technique des différents modes, clef de la réussite d’une offre multimodale, avec une cohérence à développer sur ce bassin élargi, de nouveaux outils de communication, des services numériques à la mobilité et bien évidemment une tarification intégrée.

Structuration des territoires et déplacements

L’importance des échanges entre les intercommunalités Grand Chambéry et Grand Lac témoigne du fait qu’elles constituent un bassin de mobilité commun, dont les limites administratives sont largement ignorées par les habitants. Cette logique de bassin de vie s’étend à la communauté de communes Cœur de Savoie et unit le SCoT Métropole Savoie. Elle s’étend également, à un degré moindre, à l’Avant Pays Savoyard.

Les trois EPCI concernés par la démarche d’étude exercent la compétence d’autorité organisatrice de la mobilité (AOM) et forme un ensemble cohérent de près de 240 000 habitants et 107 000 emplois qui se déploie le long du massif des Bauges, d’Annecy à Montmélian en passant par Aix-les-Bains et Chambéry.

L’agglomération de Grand Chambéry fait figure de pôle d’emplois principal avec un indice de concentration d’emplois de 116, alors que Cœur de Savoie et Grand Lac sont davantage des espaces résidentiels.

L’aire d’influence de l’agglomération chambérienne se déploie au-delà du périmètre de Métropole Savoie sur sept EPCI :

  • le cœur de son influence se situe au sein même de l’agglomération chambérienne, avec cinq communes dont plus de 40 % des actifs travaillent à Chambéry ;
  • cette influence s’étend aux autres EPCI de Métropole Savoie, mais avec une influence plus diluée du fait des polarités locales de Montmélian et Aix-les-Bains ;
  • la grande majorité des EPCI ont au moins 20 % de leur population travaillant à Chambéry.

La mobilité des habitants du territoire élargi ignore largement les limites administratives :

  • la mobilité domicile-travail est majoritairement interne ;
  • les échanges inter-EPCI sont cependant intenses avec 19 000 actifs du territoire qui se déplacent entre EPCI.

Un contexte propice à la coopération

Un processus de coopération entre les trois EPCI est initié depuis de nombreuses années sur différents thèmes afférents à la mobilité :

  • dans le domaine de la planification avec la réalisation du SCoT Savoie ;
  • dans le domaine de l’observation, avec notamment la réalisation à cette échelle de l’enquête « Ménages-déplacements » ;
  • dans le domaine des études avec la réalisation d’études sur un réseau de transport en commun mutualisé et le projet d’un RER savoyard ;
  • dans le domaine opérationnel, avec le prolongement de lignes de transports en commun entre territoires ;
  • dans les services à la mobilité (service de location de vélos, accompagnement au changement, etc.) avec le développement d’une société publique locale (SPL) : Agence Écomobilité Savoie Mont-Blanc.

L’ensemble des enjeux, avec la perspective de la mise en œuvre de la zone à faibles émissions (ZFE) au 1er janvier 2025, nécessite une structure de coordination des mobilités à une échelle élargie à même de piloter un certain nombre d’études stratégiques, de réunir les acteurs locaux autour de positions communes et ainsi de faire évoluer les mobilités locales. L’objectif des élus des différentes collectivités est d’aboutir à un projet de création de syndicat, si celui-ci amène des avancées concrètes pour les habitants, à l’horizon janvier 2024.

Il est aujourd’hui nécessaire de travailler les mobilités sur l’échelle pertinente de bassin de vie et pas seulement sur une assise institutionnelle.

Il s’agit donc pour le territoire de porter un projet politique et territorial à même de concevoir une politique de mobilité à une échelle cohérente et pertinente, et former ainsi un interlocuteur unique et puissant vis-à-vis des grands partenaires, avec comme principaux objectifs :

  • d’offrir un service homogène, lisible et efficace pour les habitants et les employeurs du territoire ;
  • de constituer une ingénierie intégrée à même de répondre aux enjeux ;
  • de mutualiser les dépenses pour utiliser efficacement l’argent public.

Un objectif de coopération multimodale !

Il est aujourd’hui nécessaire de travailler les mobilités sur l’échelle pertinente de bassin de vie et pas seulement sur une assise institutionnelle. L’enjeu de la réflexion à une échelle géographique est à coupler à un enjeu de réflexion multimodale des déplacements.

Que l’on parle de déplacements urbains ou périurbains, les habitants ont des besoins de mobilités de plus en plus variés. Entre ville centre, communes urbaines de couronne, territoires résidentiels périphériques, espaces ruraux, chaque secteur de ce nouveau périmètre de syndicat a ses spécificités (distance de déplacement, souplesse d’usage, capacité de transport, etc.).

Chaque mode de déplacement a son champ de pertinence, et il est bien évident qu’un mode de transport seul, aujourd’hui, ne pourra répondre à tous les besoins de mobilité.

Un des enjeux pour ce futur syndicat est d’arriver à proposer une complémentarité et une bonne articulation technique des différents modes, clef de la réussite d’une offre multimodale, avec une cohérence à développer sur ce bassin élargi, de nouveaux outils de communication, des services numériques à la mobilité et bien évidemment une tarification intégrée.

Quelle solution institutionnelle d’intégration

L’étude de préfiguration d’un syndicat mixte est portée par les trois EPCI (Grand Lac, Cœur de Savoie et Grand Chambéry) et le département de la Savoie. La réflexion initiée par les territoires doit permettre de définir l’ambition et la vocation de ce syndicat mixte, et mettre en œuvre une démarche progressive d’intégration des différents blocs de compétence mobilisés pour chacun des territoires, qui n’ont pas, par ailleurs, la même maturité sur la mise en œuvre de la politique de mobilité au sein de leur propre ressort territorial.

L’option retenue par les élus des territoires est de lancer une réflexion pour la constitution d’un syndicat mixte SRU. Ce type de syndicat, à la carte, laisse une grande souplesse d’intégration pour les différents partenaires, et permet dans un premier temps de constituer la structure permettant d’échanger sur les problématiques de mobilité à l’échelle du bassin de vie. Cette étape de constitution permet d’engager une démarche évolutive préparant, à moyen terme, un dispositif plus intégré. Aujourd’hui, les collectivités n’ont pas arrêté de scénarios sur la constitution de ce syndicat en le limitant, par exemple, juste à l’exercice du bloc de compétences obligatoires ; l’objectif des élus est de créer une structure pertinente, apportant un plus aux habitants et entreprises, tout en respectant les volontés et timing des différents partenaires.

L’étude se déroulera en quatre étapes :

  • une première étape d’état des lieux et de diagnostic permettant de caractériser l’exercice actuel de la compétence dans les EPCI, diagnostic technique et financier avec une première approche des plans pluriannuels d’investissement et des objectifs du mandat des territoires ;
  • une deuxième étape d’entretiens des élus des territoires, du département et des partenaires. Ces entretiens politiques permettront de structurer les ambitions fixées par chaque territoire dans la mise en œuvre du syndicat, ses attentes, mais aussi les points de vigilance sur la constitution du syndicat (comment garder la proximité nécessaire pour les problématiques du quotidien, tout en gérant structurellement la mobilité à l’échelle d’un grand territoire, affectation des ressources financières, etc.) ;
  • une troisième étape de scénarisation possible eu égard aux étapes précédentes de cette future structure, en proposant des scénarios d’intégration plus ou moins poussés suivant les objectifs recherchés et la nécessaire montée en puissance d’une nouvelle structure ;
  • la dernière étape sera la déclinaison opérationnelle du scénario retenu avec la définition des moyens mis en œuvre.

Un des enjeux pour ce futur syndicat est d’arriver à proposer une complémentarité et une bonne articulation technique des différents modes, clef de la réussite d’une offre multimodale.

Et pour la suite

Cette initiative est très intéressante à plusieurs titres :

Tout d’abord en démontrant l’utilité des phases préalables d’apprentissage à coopérer pour ensuite se saisir de sujets plus concrets lourds.

Également dans la capacité à rassembler des intercommunalités de taille intermédiaire autour d’une ville centre et d’un territoire à forte identité.

Cette prise en compte des enjeux de mobilités ne concerne pas que les grands espaces métropolitains.

Plus concrètement, on mesure dans la démarche engagée l’intérêt de la planification et de l’existence d’outils « prêt à usage » comme le syndicat SRU pour crédibiliser les hypothèses.

Enfin, le contexte général devrait conforter les élus dans leurs choix afin d’utiliser l’espace d’échange mis en place pour faire le lien avec les outils de qualité de l’air (ZFE) et autres engagements climatiques.

  1. Syndicat issu de la loi no 2000-1208 du 13 décembre 2000 relative à la solidarité et au renouvellement urbains, dite « loi SRU ».
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