Revue

Dossier

Une petite histoire des lieux intermédiaires et indépendants

Tiers lieux France
« Indéfrichables », portail de la friche RVI au moment de son évacuation, Lyon, février 2011.
©Blanchoz-Rhône, Sylviane, 1960-20... - Bibliothèque municipale de Lyon
Le 20 mars 2022

Tiers-lieux avant l’heure, les lieux intermédiaires et indépendants ont fait leur entrée en politique avec le rapport Lextrait1, sous l’appellation « espaces intermédiaires ». On parle alors de laboratoires, de friches culturelles, de nouveaux territoires de l’art (NTA), de fabriques artistiques, etc. Dès les années 1980, l’hybridité, la dimension à la fois urbaine, sociale et artistique, l’ancrage local, l’ouverture sur le territoire, le dépassement des oppositions public/privé sont mis en expérience. S’y forme une pratique du tiers (dans ses acceptions sociales, paysagères, postcoloniales, économiques et juridico-politiques), qui va participer, avec d’autres pratiques sociales, à la reformulation de l’hypothèse du (des) commun(s). La contribution des lieux intermédiaires à cette histoire n’en demeure pas moins spécifique.

Friches, squats, ateliers partagés, collectifs, fabriques, lieux alternatifs, tiers-lieux, café-musique, lieux indépendants, etc., quand on s’intéresse aux lieux intermédiaires, ce qui frappe d’abord, c’est la multiplicité des noms qu’ils se donnent.

Occupations d’espaces réalisées par des collectifs hybrides composés d’habitants, d’artistes, d’activistes, de musiciens, d’auditeurs, de bricoleurs, d’artisans, etc., ces expériences culturelles, urbaines et sociales appartiennent au genre plus large des pratiques d’occupations d’espace. Dans cette grande famille, leur spécificité est de se construire depuis un rapport à l’art et à la culture. À la fois pour et contre, ce rapport y est fondateur et traversé d’antagonismes.

Mais avant d’être des lieux de création, ces sites sont des fabriques d’espace, où débutent des situations, et c’est pourquoi ce qui s’y fabrique ne se réduit pas à la seule dimension de l’art. Aménagement du territoire, innovation sociale, expérimentations politiques, alternatives économiques, etc. : ces lieux sont intermédiaires, ce sont des « espaces d’intermédiation » 3.

1970-1980, le temps des pionniers

Les pratiques spatiales que l’on rassemble aujourd’hui sous le vocable de « lieux intermédiaires » ont une histoire longue. Elles émergent dans les remous du mouvement contestataire des années 1970, en même temps que les concepts de contre-culture, de culture alternative et de culture indépendante. Ce mouvement porte sur le plan culturel une double contestation : d’une part, la contestation de la culture dite « bourgeoise », culture élitaire fondée sur la distinction ; de l’autre, la contestation de la société de consommation et de sa culture de masse. « Ni contemplation ni consommation », disait à leur sujet le sociologue Fabrice Raffin4.

La Factory d’Andy Warhol en était une précurseuse emblématique. Elle se déploie à New York sur trois emplacements différents, entre 1963 et 1984. Bien qu’on parle de « la » Factory comme s’il s’agissait d’un seul lieu, ce qui la caractérise, c’est plutôt le milieu qui s’y constitue, depuis un rapport à l’espace et les effets de transformation que ce rapport produit sur les personnes qui s’y engagent. Ainsi, le musicien Lou Reed déclarait-il : « J’étais un produit de la Factory d’Andy Warhol. Tout ce que je faisais, c’était m’asseoir et observer les personnes incroyablement créatives et talentueuses qui y étaient continuellement en train de faire de l’art, et c’était impossible de ne pas être affecté par ça. » 5

Puis les premières expériences apparaissent : les Halles de Schaerbeek voient le jour dans un ancien marché couvert, à Bruxelles, en 1974. En 1973, une ancienne laiterie, puis sucrerie, donne naissance au Melkweg, aujourd’hui encore un haut lieu de la pop culture à Amsterdam. En 1979, à Berlin, l’occupation d’un site abandonné par l’industrie cinématographique donne naissance à l’UFA Fabrik.

En France, le premier lieu intermédiaire (même si on parle alors plutôt de « friche culturelle ») est certainement le Confort moderne, fondé en 1985, à Poitiers, dans un ancien site de stockage d’une entreprise d’électroménager : « Les protagonistes de l’aventure poitevine sont avant tout des auditeurs. Ils constituent le public de concerts d’une musique punk-rock. Parmi ces publics, qui trouvaient trop rarement à Poitiers la possibilité d’accéder à ces musiques, certains individus se sont en quelque sorte “pris en main” pour les développer. » 6

L’année 1989 constitue toutefois un moment clé dans le développement de ces lieux – un moment de catalyse et d’accélération. En effet, en libérant Berlin-est, la chute du mur rend disponible un grand nombre d’espaces au cœur de la métropole. De l’Europe et du monde entier, des personnes viendront les occuper, ce qui va participer de la place de Berlin dans la vie culturelle européenne entre 1990 et 2000, mais également du processus de régénération urbaine qui s’y enclenche – non sans ambiguïtés pour ces expériences qui se trouveront elles-mêmes mise en péril par les effets d’attractivité qu’elles vont générer. C’est l’histoire du Tacheles, squat mythique créé en 1990, trois mois après la chute du mur, et qui, après avoir été un haut lieu de la culture alternative berlinoise, deviendra progressivement l’objet d’une nouvelle sorte de tourisme culturel, avant de disparaître en 2003 au profit d’un projet d’aménagement urbain qui n’en reprendra que le nom, afin d’en récupérer le capital symbolique7. Mais pour un Tacheles qui ferme, ce sont trois nouveaux lieux qui ouvrent : « Berlin n’est pas avare en espace, au contraire la ville regorge de friches urbaines, de terrains encore vagues, d’entrepôts abandonnés […]. Simplement, la scène “off” se déplace » 8.

1990-2000 : l’âge politique des friches culturelles

Au-delà du moment berlinois, ces pratiques d’occupation vont essaimer dans toute l’Europe : c’est l’âge politique des friches culturelles. Cette époque peut être caractérisée ainsi : des délaissés urbains, espaces que la désindustrialisation a laissés vacants dans les villes ; des acteurs peu nombreux, très déterminés politiquement, proches de la culture squat et de l’éducation populaire, ou en rupture avec les institutions culturelles et les lieux d’art officiels. S’ils font valoir le culturel avant l’artistique, c’est qu’ils mènent un combat pour la démocratie culturelle. L’idée de démocratie culturelle est à comprendre par opposition à la doctrine de la démocratisation culturelle, dite également « doctrine Malraux ». Cette dernière se donne pour objectif de garantir un accès pour tous à la culture, mais enferme la culture dans un rapport aux grandes œuvres et aux artistes reconnus qui réserve à l’État à la fois la définition du périmètre de l’expérience esthétique et, à travers ses équipements et son expertise, la gestion de la « ressource culturelle ». Au contraire, les lieux issus de ces expériences défendent non seulement l’égale participation de chacun à la gestion de cette ressource, à la définition de ce périmètre, mais encore insistent sur la dimension relationnelle et communautaire de l’expérience esthétique. Leur revendication s’ancre dans une réalité pratique : celle de leurs expériences d’occupation d’espace. « Le lieu existe plus fort que le spectacle et les gens plus forts que le lieu », estime Jo Dekmine, fondateur des Halles de Schaerbeek à Bruxelles. En France, à la suite du Confort moderne, différentes occupations se lancent : la Friche la Belle de mai à Marseille ; Mix’art Myrys à Toulouse ; le Collectif 12 à Mantes-la-Jolie ; l’Antre Peaux à Bourges ; Mains d’Œuvres à Saint-Ouen ; la Friche RVI à Lyon ; TNT à Bordeaux, etc. Certaines sont légales, d’autres non : toutes ont des démêlés avec la norme.

Au milieu des années 1990, une plateforme de ressources est fondée, Artfactories, qui recense, cartographie et documente ces expériences à l’échelle internationale. En septembre 2000, un groupe de réflexion se constitue, Autresparts, qui rassemble ces acteurs à l’échelle nationale autour d’un enjeu : « Favoriser la mise en œuvre d’un centre commun de réflexion, de recherche et d’action pour la valorisation des projets et des lieux qui organisent leurs pratiques et expérimentations autour de nouvelles et autres relations entre arts, territoires et populations », indique Éric Chevance, membre fondateur d’Artfactories/Autreparts (AFAP) et alors directeur du TNT à Bordeaux9. Ces deux initiatives fusionneront en 2007 pour constituer le réseau AFAP, encore aujourd’hui centre de ressources pour ces expériences.

Le terme d’« espace intermédiaire » apparaît pour la première fois dans le rapport Lextrait. Commandité en octobre 2000 par Michel Duffour, secrétaire d’État à la décentralisation culturelle, il a été réalisé par Fabrice Lextrait, alors administrateur de la Friche la Belle de mai, avec le soutien du groupe Autresparts. On trouve, à la fin de son préambule, une citation de Peter Handke : « Je veux dire que les espaces intermédiaires où se déroulent mes livres sont très étroits. Mais je ne vis que de ces espaces intermédiaires, où l’histoire est comme lorsque deux porte-avions se rapprochent et ne laissent entre eux qu’une mince fente… C’est de ces fentes, de ces regards passant par les interstices que je vis et que j’écris ; tout ce que j’ai fait vit de ces espaces intermédiaires qui se rétrécissent, et c’est aussi défini par l’histoire. Je regarde donc par où puis-je encore m’échapper, mais tout en m’échappant, ce qui est aussi très important, où puis-je susciter un mouvement producteur d’une permanence ou d’un projet. » 10

Le terme d’« espace intermédiaire » apparaît pour la première fois dans le rapport Lextrait. Commandité en octobre 2000 par Michel Duffour, secrétaire d’État à la décentralisation culturelle, il a été réalisé par Fabrice Lextrait, alors administrateur de la Friche la Belle de mai, avec le soutien du groupe Autresparts.

Mais très vite, la métaphore littéraire des « espaces intermédiaires » va disparaître derrière la terminologie de politique publique des NTA pendant dix ans. La mise en place de cette ligne, à la suite du rapport Lextrait, sera confiée à l’Institut des villes, un comité interministériel présidé par Edmond Hervé, alors maire de Rennes. La dimension interministérielle de l’institut, comme son statut d’organisme de consultation, va permettre de faire exister pendant quelques années un espace d’intelligence entre l’État, les collectivités et les lieux intermédiaire eux-mêmes. Toutefois, l’échec de la gauche plurielle aux élections de 2002 va en restreindre la portée. Elle sera vivace jusqu’à la dissolution de l’Institut des villes, en 2009.

La séquence NTA correspond aujourd’hui encore au seul temps de l’action publique initié par une volonté politique claire de l’État en direction de ces lieux. Si c’est en son sein, grâce au rapport Lextrait, que la notion a vu le jour, ces expérimentations n’avaient toutefois pas attendu d’avoir un nom pour se mener.

Les années 2010-2020 : l’âge des fabriques artistiques

Le deuxième âge des lieux intermédiaires, qu’on peut faire commencer à la fin des années 2000, est marqué par l’affaiblissement de l’État et la montée en puissance des métropoles, qui se traduit par l’intégration des politiques culturelles dans des logiques de marketing territorial. Si ces logiques permettent de penser ensemble aménagement urbain et développement culturel, c’est malheureusement depuis la seule rationalité économique. La friche va alors connaître un succès d’estime ambiguë : l’item « friche » va être récupéré par les promoteurs des industries créatives, selon l’étrange oxymore de « la gentrification positive », par laquelle Richard Florida fit passer par retournement le concept de gentrification de la pensée post-marxiste au néo-libéralisme. Le « simili-friche » fait alors florès : le 104 et les Grands Voisins à Paris, la Sucrière ou les Subsistances à Lyon, Darwin à Bordeaux, etc.

Sur le terrain, les lieux intermédiaires, qui ont perdu le soutien de l’État, ne trouvent pas celui des métropoles, captives du discours de la métropolisation. Compétitivité, attractivité, excellence sont les maîtres-mots de l’aménagement urbain. Dans les grandes villes, plus un centimètre carré n’échappe aux enjeux d’attractivité territoriale et de pression foncière qui transforme et approprie la ville par quartiers entiers. Les expériences se déplacent, notamment vers le périurbain et le rural. Dans le même temps, une nouvelle génération est arrivée, pour qui « faire lieu » est une évidence : elle ne signe plus un engagement politique fort, une marginalité ou encore une radicalité, comme à l’âge « héroïque » des grands commencements, mais marque plutôt une appartenance culturelle.

Dès lors, l’enjeu évolue du combat politique vers la pratique artistique. C’est l’âge culturel des fabriques artistiques. Il se traduit par une situation paradoxale : les lieux et les expériences, quoique sous des formes précaires et souvent éphémères, se multiplient, en même temps que perdure leur invisibilisation dans les dispositifs de politique publique. Après le recul de l’État, le développement d’industries créatives ayant revêtu les oripeaux des friches pour se vendre auprès des collectivités achève de creuser ce divorce entre action publique et lieux intermédiaires, en trompant et les uns et les autres sur la nature du marché et l’objet de la transaction. Ainsi, à Lyon en 2014, Arty Farty, grosse agence d’évènementiel surfant sur les succès des musiques électroniques lyonnaises, peut organiser un european lab sur le thème « des friches artistiques en Europe », auquel participe le tout Lyon, tandis qu’en même temps la ville évince le Grrrnd zero, scène lyonnaise historique du rock alternatif et des musiques XP, du lieu qu’il occupe à Gerland.

C’est dans ce contexte que, lors du forum de Mantes-la-Jolie, en janvier 2014, naît la Coordination nationale des lieux intermédiaires et indépendants (CNLII)11, qui rassemble aujourd’hui plus de 200 lieux à travers toute la France. Elle adoptera, pour mener son combat politique, une stratégie juridique ou normative : après avoir travaillé à la rédaction d’une charte, elle portera la notion de « lieux intermédiaires et indépendants » au cœur du débat législatif, appuyant d’abord l’inclusion des droits culturels au sein de la loi portant nouvelle organisation territoriale de la République, dite « loi NOTRe » (L. n2015-991, 7 août 2015), puis obtenant la reconnaissance de la notion de « lieux intermédiaires et indépendants » par le législateur deux années plus tard, à l’article 3.14 de la relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine, dite « loi LCAP » (L. n2016-925, 7 juill. 2016, relative à la liberté de création, à l’architecture et au patrimoine), qui fait obligation à l’État et aux collectivités territoriales de « contribuer au développement et au soutien des initiatives portées par le secteur associatif, les lieux intermédiaires et indépendants, les acteurs de la diversité culturelle et de l’égalité des territoires ».

2020, et ensuite ?

Malgré leur fragilité, les difficultés qu’elles rencontrent et les tentatives d’économicisation ou d’institutionnalisation qui les visent, ces expériences ont montré une remarquable faculté d’insistance et de persistance. Elles ont su se maintenir entre la chose publique et la chose privée, ce qu’il faut entendre avant tout dans le terme « d’espace intermédiaire ». À la manière des milieux naturels, confirmant la justesse de l’image de la friche, ces pratiques se sont ces dernières années multipliées tout en se diversifiant, dans une logique d’engendrement qui les distingue du système productif dans lequel évolue le secteur culturel aujourd’hui – une logique d’industrie dont la segmentation entre production, création et diffusion ne permet pas de comprendre le caractère continu et intriqué des rapports de production au sein des espaces intermédiaires.

Pour le dire autrement, si les lieux intermédiaires ont tenu, c’est qu’ils se sont très tôt constitués en communs.

À travers la gestion collective d’un lieu, à travers le partage d’expériences esthétiques, ce qui se joue, c’est ce qu’Elinor Ostrom décrit de manière systématique dans son modèle des « common pool resources » 12 : c’est la construction de modes d’organisation communautaire autour de la garantie d’un droit d’accès pour tous à une ressource partagée, et plus encore depuis l’exercice d’un droit de gestion en commun de celle-ci, selon un principe d’auto-organisation qui se construit à travers les usages. Et peut-être faudrait-il aller plus loin et ne plus considérer ces lieux comme des ressources, ni même comme des lieux, mais simplement comme des milieux communs, où se composent des corps, des décors et des fictions.

Alors sommes-nous à l’aube d’un nouvel âge pour les espaces intermédiaires ? Tandis que j’écris cet article, il me semble qu’on peut désormais l’affirmer : la prise de conscience par les acteurs des lieux intermédiaires de leur appartenance au mouvement des communs a fait le thème central du 3forum national de la CNLII, qui s’est tenu à Rennes en juin 2019. Depuis, ces acteurs ont multiplié les contacts avec d’autres pratiques sociales et spatiales de communs, et contribuent aujourd’hui à l’émergence d’une assemblée des communs, à l’échelle translocale, dont les premières assises se sont tenus à Marseille en novembre 2021, dans plusieurs lieux, tiers-lieux et occupations d’espaces parmi lesquels on pouvait compter de nombreux lieux intermédiaires : les 8 Pillards, la Déviation, le Comptoir de la Victorine, la Friche la Belle de mai ou Jeanne-Barret. La tenue d’un 4forum national fin 2022 devrait le confirmer, qui sera l’occasion de reposer, par-delà le sujet tiers-lieu, la question des rapports entre pratiques spatiales et communs.

À côté des occupations de place et des friches, la grande famille des occupations d’espaces compte également la zone d’aménagement différé (ZAD), le squat, les occupations de Pôle emploi, les formes éphémères et participatives d’architecture, l’urbanisme de transition, l’intervention en espace public, la résidence de territoire, les artistes-marcheurs, les hackerspaces, les tiers-espaces, etc. Mais avant de devenir une pratique culturelle, urbaine ou sociale, l’occupation a d’abord une signification politique.

Pour le dire autrement, si les lieux intermédiaires ont tenu, c’est qu’ils se sont très tôt constitués en communs.

Disposer, se disposer : dans le mouvement ouvrier, l’occupation joue un double rôle à la fois d’opposition, par l’arrêt de la production, mais également d’expérimentation. Dans la durée, à travers la réappropriation collective des outils et des espaces de travail, l’occupation peut entraîner une reconfiguration des rapports qu’entretiennent les corps et les choses matérielles qui habitent l’espace et une recomposition du collectif que l’ensemble de ces rapports produit, selon un principe d’auto-organisation caractéristique du travail du commun, dans quelque domaine qu’il s’exerce.

Pour l’heure, la nature de la ressource sur laquelle ils se constituent, l’espace, et le caractère transformatif de leurs usages – ce « processus de reconversion des espaces à travers les usages », que le réseau AFAP caractérise comme « maîtrise d’usage », m’inciterait à qualifier les lieux intermédiaires de communs transformationnels. Ils rejoindraient ainsi une famille d’initiatives porteuses d’une forte préférence pour le futur, dont on peut dire qu’elles constituent, de manière micropolitique, autant de poches avancées dans la triple opération qu’exige l’époque, d’une transition écologique, d’une transformation sociale et d’une mutation culturelle. Et c’est depuis ce souci du futur que ces initiatives interpellent la puissance publique, dans le devoir de prévoyance qui est le sien.

  1. Lextrait F. et Groussard G., Friches, laboratoires, fabriques, squats, projets pluridisciplinaires… : une nouvelle époque de l’action culturelle, rapport, 1er mai 2001.
  2. https://autresparts.org/
  3. L’intermédiation est une « instance active qui met en relation deux situations ou acteurs distincts et qui, parce que justement située entre deux réalités, assure une transition et une communication entre deux phénomènes. » ; Henry P., Quel devenir pour les friches culturelles en France ?, étude, vol. 1, 2010, p. 8 (http://www.artfactories.net/Philippe-HENRY-Quel-devenir-pour).
  4. Raffin F., « Espaces en friche, culture vivante », Le Monde diplomatique oct. 2001.
  5. Marszalek J., “A Walk On The Mild Side : Lou Reed And Mick Rock”, The Quietus 28 oct. 2013.
  6. Raffin F., « De l’écoute révoltée du hardcore à la posture du mélomane expert », Volume ! 2005, p. 75-88.
  7. On peut lire à ce sujet la monographie précise de Boris Grésillon, « Le Tacheles, histoire d’un “squat” berlinois », Multitudes 2004, n17.
  8. Ibid.
  9. https://cnlii.org/2019/10/tout-ceci-a-debute-a-mains-doeuvres/
  10. Lextrait F. et Groussard G. (co-aut.), Friches, laboratoires, fabriques, squats, projets pluridisciplinaires… : une nouvelle époque de l’action culturelle, op. cit., p. 9 ; citation tirée de Handke P. et Gamper H., Espaces intermédiaires, 1992, Christian Bourgeois éditeur.
  11. https://cnlii.org/
  12. Ostrom E., Governing the Commons. The Evolution of Institutions for Collective Action, 1991, Cambridge university press.
×

A lire aussi