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ActualitésLe CNFPT lance une enquête et des Assises nationales pour donner un second souffle à l’innovation publique

Le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) entend bousculer et faire réagir le petit monde de la transformation et de l’innovation publique territoriale. Il vient de lancer une enquête nationale, sous l’impulsion de Benoît Vallauri, son nouveau directeur des partenariats, des territoires et de l'innovation. Cette enquête en ligne ouverte jusqu’au 15 août vise à sonder les besoins des collectivités en matière de transformation et à mobiliser tous les acteurs de l'innovation publique. Objectifs ? brosser un état de lieux et des besoins des innovateurs publics et préparer la première édition des Assises de l'innovation publique qui se tiendront les 30 septembre et 1er octobre prochains à Nancy.
L'origine de cette initiative réside dans un constat lucide : l'innovation publique « ne parvient pas toujours à tenir toutes ses promesses ». Benoît Vallauri explique que le concept de départ est que l'innovation publique est « un petit peu enrayé » et « ça ne marche pas aussi bien qu'on souhaiterait que ça fonctionne ». En effet, l'innovation publique est encore trop souvent utilisée à la marge et non comme une solution centrale pour relever les défis d’aujourd’hui, comme ceux de la transition écologique, de la cohésion sociale ou encore de la crise démocratique. Il y a aussi une absence de reconnaissance des compétences, des dynamiques et des métiers liés à l'innovation, ce qui conduit à une « désexpertisation », selon Benoît Vallauri, et à la répétition des mêmes questions par les nouveaux arrivants, donnant l'impression de « repartir de zéro » alors que les méthodes et les pratiques des innovateurs ont gagné en maturité depuis une quinzaine d’années.
Une enquête nationale pour sonder les besoinstte enquête s'adresse à tous les acteurs de l'innovation publique, qu'ils soient formellement reconnus comme "innovateurs" ou simplement animés par la volonté de transformer le service public de l'intérieur. Elle concerne les agents des collectivités, de l'État, des hôpitaux, des établissements publics ou des agences. L'objectif est de « repérer des choses qui relèvent plutôt du domaine de l'invisibilité », incluant « tous les agents qui sur le terrain font des trucs, prennent des libertés ».
Comme le précise le propos introductif de cette enquête diffusée en ligne auprès des agents publics et des collectivités locales, l’innovation est souvent associée à des « outils numériques dernier cri, à des méthodes complexes, ou à des projets très médiatisés. Mais l’innovation, publique, c’est aussi de nouveaux métiers, une nouvelle manière de travailler et de penser l’action publique, un lien différent avec les citoyens, un service mieux ajusté aux réalités de terrain ». L’objectif est de faire reconnaître les démarches, les idées, et les tentatives, même inabouties, d’innovation pour nourrir les futures politiques publiques. Le questionnaire aborde des questions clés pour comprendre l'écosystème de l'innovation publique : les méthodes mobilisées, l'échelle des projets, le temps et le budget formellement dédiés à l'innovation, le soutien de la hiérarchie, l'autorisation d'expérimenter (avec droit à l'erreur), la reconnaissance des innovateurs et leurs besoins pour renforcer l'innovation publique…
Des Assises nationales pour restituer l’enquête et aller plus loin
La synthèse des résultats de cette enquête, combinée aux retours d'ateliers organisés sur les territoires, constituera la base des Assises nationales de l'innovation publique. Cet événement rassemblera 300 à 400 personnes et sera un moment de « discussion collective » du diagnostic établi, visant à formuler des « propositions opérationnelles ».
L'objectif est de « collectivement s'accorder sur les raisons qui font que on n'arrive pas à passer la deuxième », et « d'imaginer collectivement ensemble des possibilités d'agir mieux, d'agir différemment et mieux faire reconnaître ce qu'on fait », explique Benoît Vallauri. Des experts et des chercheurs seront invités à analyser les conclusions de l'enquête et à proposer des « pistes concrètes de renforcement d'innovation politique ».
Après seulement une semaine de diffusion, l'enquête a déjà enregistré environ 250 réponses. Les premiers retours mettent en évidence la nécessité d'un meilleur partage et d'une meilleure capitalisation des projets réussis.
La consultation est ouverte jusqu'au 15 août. C'est une opportunité cruciale pour les innovateurs de "faire entendre leur voix" et de contribuer à la construction d'un système public plus mature, plus fort et plus impactant. Toutes les données collectées seront documentées, ouvertes et partagées, conformément à la philosophie du CNFPT.
« En 20 ans, je ne crois pas avoir vu une telle enquête », a posté Stéphane Vincent, délégué général de la 27e Région, sur le réseau social professionnel LinkedIn, soulignant l’importance de cette démarche.
Pour participer et consacrer 10 à 15 minutes, le questionnaire est accessible via ce lien : https://lnkd.in/e79m9kaw.
Benoît Vallauri : « C'est le moment de faire entendre votre voix ! »
Quel est votre constat initial sur l'état de l'innovation publique aujourd'hui, et pourquoi ces Assises sont-elles nécessaires ?
« Le concept de départ est simple : l'innovation publique, en tout cas, ne tient pas toutes ses promesses. On fait deux constats principaux. D'abord, on a du mal à considérer que les champs de l'innovation publique sont une réponse à la hauteur des enjeux contemporains – transition, cohésion sociale, problématiques démocratiques. On nous situe encore pas mal à la marge, comme quelque chose que l'on fait quand on a le temps ou quand ce n'est pas trop dangereux. Ensuite, il y a une absence de reconnaissance des dynamiques et des métiers liés à l'innovation. Cela conduit à une forme de désexpertisation, et de nouvelles personnes arrivant dans le domaine se posent les mêmes questions que nous il y a 15 ans. On a l'impression de repartir de zéro à chaque fois. »
Quel est l'objectif principal de cette enquête et des futures Assises nationales de l’innovation publique ?
« L'objectif est multiple. Premièrement, collectivement s'accorder sur les raisons pour lesquelles on n'arrive pas à passer la deuxième vitesse pour faire de l'innovation publique une démarche mieux ancrée dans les pratiques des organisations. Deuxièmement, mieux capitaliser sur ce qui fonctionne bien, c'est une vraie demande qui ressort déjà des premiers résultats de l'enquête. Et troisièmement, imaginer collectivement des possibilités d'agir mieux, différemment et de mieux faire reconnaître ce que l'on fait. L'enquête nous permet de savoir qui nous sommes, ce que nous faisons, et quelles seraient les solutions à déployer. La synthèse de l'enquête sera ensuite soumise à des experts et chercheurs pour qu'ils proposent des pistes concrètes de renforcement de l'innovation politique. »
À qui s'adresse cette enquête et jusqu'à quand peut-on y répondre ?
« L'enquête est destinée à tous les innovateurs et transformateurs publics, qu'ils soient responsables de labs, designers, ou simplement des agents sur le terrain qui font des trucs et prennent des libertés pour agir différemment. Nous voulons repérer les dynamiques qui relèvent de l'invisibilité. Il est crucial de participer car en une semaine, nous avons déjà eu environ 250 réponses, et les grandes pistes qui ressortent sont déjà un meilleur partage et une meilleure capitalisation des projets. C'est le moment de faire entendre votre voix ! »