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ActualitésTransition énergétique : garder le cap malgré « les vents contraires »

Les Assises Européennes de la Transition Énergétique (AETE) ont été officiellement lancées mardi 24 juin 2025, à Strasbourg, marquant une première pour l'Eurométropole en tant qu’organisatrice. Les débats d'ouverture ont mis en lumière la volonté collective de poursuivre la transition énergétique dans un contexte de « backlash écologique ».
La maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian, a souligné l'objectif de la métropole d'atteindre 100% d'énergie renouvelable d'ici 2050, grâce notamment au plus grand réseau de chaleur décarboné de France, des écoles à énergie positive et une politique ambitieuse de récupération de chaleur fatale. Bordeaux Métropole partage cette ambition de 100% d'énergie renouvelable à l'horizon 2050, mettant l'accent sur la création d’une alliance pour le solaire pour mobiliser les acteurs de son territoire sur le développement des énergies photovoltaïques.
La transition énergétique, un choix de souveraineté
Patrice Vergriete, Président de la Communauté urbaine de Dunkerque, a insisté sur la nécessité de maintenir le cap de la transition énergétique malgré un « contexte international compliqué et un contexte réactionnaire ». Sylvain Waserman, le Président de l’Ademe, a affirmé que la transition énergétique est un choix de souveraineté pour la France. Il a rappelé que 60% de l'énergie consommée en France est encore d'origine fossile, rendant le pays vulnérable aux « prix incontrôlables du gaz de Trump et de Poutine ». Pour l’ancien député et président de l’Ademe, la décarbonation est cruciale non seulement pour l'environnement mais aussi pour la pérennité des entreprises françaises face à la concurrence internationale.
Les collectivités locales face au mur de l'investissement
Le financement de cette transition est au cœur des préoccupations. Sylvain Waserman a déclaré que l'État n'a jamais engagé autant de moyens financiers dans la transition écologique, citant 3,4 milliards d'euros gérés par l'Ademe l'année dernière, avec un milliard supplémentaire pour la décarbonation industrielle et l'hydrogène. Il a également insisté sur la préservation du Fonds Chaleur (800 millions d'euros) comme un outil essentiel pour les territoires. Claudine Bichet, Vice-présidente de Bordeaux Métropole, a nuancé ce propos en posant la question de savoir si les moyens actuels sont "à la hauteur des enjeux" et a répondu par la négative. Elle a rappelé que les premières mesures d'économie de 10 milliards d'euros annoncées par l'État en 2024 ont touché des dispositifs liés à la transition écologique comme MaPrimeRénov' ou le Fonds Vert. Elle a souligné le rôle central des collectivités, qui représentent « 70% des investissements publics dans la transition énergétique au niveau national », avertissant que la réduction de leurs moyens mettrait en péril les objectifs de transition du pays. Patrice Vergriete a également exprimé sa défiance envers le budget de l'État pour assurer des politiques publiques sur le long terme.
La transition énergétique se fera dans les territoires
Malgré ces vents contraires, les villes et territoires présents aux Assises présentent de nombreuses initiatives concrètes en matière de transition écologique. Sur le territoire de Strasbourg, les démarches d’écologie industrielle se développent. La chaleur fatale de certains industriels du Port Autonome de Strasbourg est transformée en chaleur décarbonée pour le chauffage urbain. Il y a aussi le projet « Calorie & Kehl » d’utiliser la chaleur de récupération (ou chaleur fatale industrielle) résultant des activités de production de l’aciérie Badische Stahlwerke (BSW), installée dans le port de Kehl. Avec pour objectif d’alimenter en chauffage des immeubles d’habitation et des entreprises sur Strasbourg et Kehl, le tout à un tarif raisonnable. Bordeaux Métropole a lancé un programme "Métropole rafraîchissante" pour s'adapter aux vagues de chaleur et déploie des outils de diagnostic et d'aide à la décision. Dijon Métropole, qui organisera les Assises en 2026, se montre « attentif à l'innovation et à la recherche", n'ayant "pas peur du risque" car "le vrai risque, c'est de ne rien faire". Le déploiement de réseaux d'hydrogène vert est une priorité, avec le projet HY-FEN reliant Fos-sur-Mer à la frontière allemande.
Ces Assises abordent es sujets cruciaux tels que l'équité énergétique et la lutte contre la précarité énergétique, la formation aux nouveaux métiers de la transition, et l'intégration des citoyens dans les choix stratégiques énergétiques. La nécessité de sensibiliser le public et les agents territoriaux aux enjeux de la transition énergétique. Cette 26ème édition des AETE se tiennent du 24 au 26 juin au Palais de la Musique et des Congrès ainsi qu'au Parlement européen, avec la remise officielle par les organisateurs (Eurométropole de Strasbourg, Dijon Métropole, Communauté urbaine Dunkerque Grand Littoral) d’un plaidoyer pour faire de l’Énergie un bien commun, qui est aussi le fil conducteur de ces Assises.