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L'insoutenable n'est pas une fatalité !

Le 3 mai 2018

L’insoutenable n’est pas une fatalité et le renversement de l’insoutenable suppose de prendre conscience de l’imbrication du local et du global1. Il importe de « penser local et agir global » (formule employée par René Dubois lors du premier sommet sur l’environnement en 1972) tout autant que l’inverse, de manière à ce que les actions permettent l’avènement de sociétés écologiquement plus soutenables et socialement plus justes.

Par l'association Action publique XXI.

La vie n’est une belle aventure que lorsqu’elle est jalonnée de petits ou grands défis à surmonter, qui entretiennent la vigilance, suscitent la créativité, stimulent l’imagination et, pour tout dire, déclenchent l’enthousiasme, à savoir le divin en nous.

Pierre Rabhi, Vers la sobriété heureuse, avril 2010, Actes Sud.

La nécessité d’une transition écologique, sociale et démocratique est affirmée non seulement à travers une prise de conscience et une volonté politique tant au niveau mondial qu’au niveau local d’avancer vers de nouveaux modes de développement qui intègrent explicitement des objectifs sociaux, écologiques et culturels. Tels sont les enjeux du développement durable aujourd’hui.

Partout les crises sévissent – crises économiques, monétaires, financières, sociales, toutes en lien avec une crise écologique systémique. Partout prospèrent de fausses solutions : l’austérité, la déréglementation, le recul de la puissance publique ou la reproduction sans frein de l’ancien modèle de croissance infinie.

L’émergence du développement durable est liée à la compréhension des limites de notre modèle de développement et de ses conséquences désastreuses. Car les impacts de notre modèle sont tout à la fois sociaux (hausse des inégalités), économiques (épuisement des ressources) et sanitaires (la pollution, les choix alimentaires et les modes de vie ont des impacts avérés sur les populations).

Ce mouvement de contestation du modèle de croissance porté par Ivan Illich et le club de Rome définit alors le développement durable comme la promotion d’une double solidarité : dans l’espace (s’organiser et répartir les richesses pour que tous les humains puissent répondre à leurs besoins) et dans le temps (préserver la capacité de nos enfants à répondre aux leurs).

Le choix d’une société « sur pilotis » ignorant son environnement n’est plus tenable : il fragilise notre économie, nourrit l’augmentation de la précarité, menace l’espérance de vie en bonne santé. Sans compter les catastrophes naturelles liées au réchauffement climatique. Nous sommes donc exposés à de nouveaux risques structurels, économiques, sanitaires, sociaux et humains auxquels il faut répondre avec deux objectifs structurants : adaptation au changement climatique et transition vers une société durable.

Ainsi, selon l’ONG Global Footprint l’humanité vit à crédit. Elle évalue chaque année le « jour du dépassement » (« overshoot day » en anglais) : « à partir de cette date, l’humanité aura consommé
l’ensemble des ressources que la planète peut renouveler en une année », écrivent Global Footprint et le WWF dans un communiqué commun. Pour ses calculs, Global Footprint prend notamment en compte l’empreinte carbone, les ressources consommées pour la pêche, l’élevage, les cultures, la construction et l’utilisation d’eau.

En 2016, le « jour du dépassement » était intervenu le 3 août. Même si le rythme de progression s’est un peu ralenti depuis six ans, cette date symbolique « continue inexorablement d’avancer : cette journée est passée de fin septembre en 1997 au 2 août cette année », relèvent les ONG.

« Pour subvenir à nos besoins, nous avons aujourd’hui besoin de l’équivalent de 1,7 planète », précisent-elles.

« Le coût de cette surconsommation est déjà visible : pénuries en eau, désertification, érosion des sols, chute de la productivité agricole et des stocks de poissons, déforestation, disparition des espèces. Vivre à crédit ne peut être que provisoire parce que la nature n’est pas un gisement dans lequel nous pouvons puiser indéfiniment », soulignent le WWF et Global Footprint.

1. Citton Y., Renverser l’insoutenable, op. cit.

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