Le Mois de l’innovation publique 2024 sous le signe de la simplification

Guillaume Kasbarian au Lieu de la Transformation publique
Guillaume Kasbarian, le nouveau ministre de la Fonction publique, de la Simplification, et de la Transformation de l'action publique, ouvre le Mois de l'Innovation publique 2024 au Lieu de la Transformation publique à Paris lors de la journée des Labs.
©Céline Bonnin
Le 7 novembre 2024

La journée des Labs, organisée par la Direction interministérielle de la transformation publique (DITP) mardi 5 novembre au Lieu de la Transformation publique à Paris a lancé officiellement le Mois de l’innovation publique 2024 en France. Plus d’une centaine de responsables de labs ont fait le déplacement pour travailler sur la dynamique des coalitions.

 

Guillaume Kasbarian, le nouveau ministre de la Fonction publique, de la Simplification, et de la Transformation de l'action publique, accompagné de Thierry Lambert, délégué interministériel de la transformation publique, était présent pour l’occasion. Il est venu remonter le moral des innovateurs en confirmant que le budget alloué à la DITP serait préservé dans le projet de loi de finances 2025, malgré une réduction à venir des crédits de son ministère et une volonté de réduire les effectifs dans la fonction publique.

 

L’occasion aussi de faire deux annonces : l’organisation de « simplificathons territoriaux » et le lancement des prix de la Transformation publique en 2025 pour valoriser les 10 projets les plus innovants.

Cette 11ème édition, qui se tient jusqu’au 30 novembre, est un temps fort chaque année pour la communauté des innovateurs publics qui peuvent partager des retours d’expérience, des bonnes pratiques, valoriser leurs initiatives, se former sur des méthodes ou des outils propres à l’innovation (sciences comportementales, design de services, facilitation, intelligence collective…) ou encore explorer des sujets du moment comme la révolution de l’IAG dans le secteur public… Plus de 300 événements sont prévus à travers la France, rassemblant collectivités, administrations, services déconcentrés et opérateurs de l’État.

Un recentrage sur la simplification administrative

« Cette année, trois priorités nous guident : réduire les délais d’attente, améliorer la qualité de service, et rendre les démarches administratives plus accessibles. Des objectifs concrets, ancrés dans le Programme Services Publics +, pour construire un service public qui répond efficacement aux besoins de tous nos concitoyens. Je souhaite ainsi saluer le travail remarquable des laboratoires d’innovation publique, dont le réseau continue de grandir. Ces laboratoires ne sont pas de simples espaces de réflexion, ils sont des acteurs de terrain, au plus proche des besoins locaux, qui expérimentent, testent et mettent en œuvre des solutions concrètes », a rappelé le nouveau ministre de la Transformation publique devant les responsables des laboratoires d’innovation.

Le lancement de ces « simplificathons territoriaux » qui seront organisés en 2025 dans chaque département sous l’égide des préfets– comprendre travailler en mode « hackathon » sur la simplification administrative - s’inscrit dans cette volonté. Ce sont principalement les labs des préfectures régions qui seront mis à contribution (Lab Archipel, Lab BFC,  La Fabrique RH, État’LIN, Néo-Lab, Ti Lab…) pour identifier les besoins locaux et réduire les fameux « irritants » pour les agents et les usagers.

« Ce qui est plus compliqué, c’est de s’attaquer à tout pas seulement aux documents administratifs. Comment repérer ce qui doit être simplifié? Comment détricoter la complexité?

Ce sont environ 3 à 5 sujets de simplification par département qui vont nous être demandés, il faudra bien identifier le sujet et faire en sorte qu’il soit simplifiable rapidement », confie une responsable de lab présent ce jour-là.  Certains labs ont l’intention de plancher sur le « legal design » ou la simplification juridique, d’autres sur le parcours usager…

La simplification administrative, un vieux serpent de mer

La simplification administrative a toujours été au cœur de la modernisation de l’Etat depuis les premiers vagues de modernisation informatique dans les années 80 et la nouvelle culture de rationalisation insufflée par le « New public management » dans les années 2000. Avec l’intensification de l’usage de la technologie et la dématérialisation numérique, elle s’est accélérée, portée par des programmes politiques comme le « Choc de simplification » en 2014 ou encore « Action publique 2022 ». « Services publics + », le programme de transformation et d’amélioration continue de la qualité et de l’efficacité des services publics, piloté par la DITP, incarne aujourd’hui cette démarche de simplification à l’échelle de l’Etat.

Guillaume Kasbarian entend donc poursuivre les engagements de simplification de son prédécesseur, Stanislas Guérini. En avril 2024, le 8e Comité interministériel de la Transformation publique (CITP) avait fixé 18 engagements de l’Etat pour simplifier les démarches administratives et améliorer les services publics.

Le recours à l’intelligence artificielle pour alléger les tâches administratives et l’inscription de l’exercice de simplification dans la durée dans les ministères font notamment partie de ces engagements.

Des coalitions de labs pour aller plus vite et plus loin

Animé depuis avril 2023 par Léa Boissonade, le réseau des labs à la DITP - qui compte aujourd'hui 130 labs - s’est retrouvé le 5 novembre pour plancher sur « les coalitions d’innovation : un levier pour transformer ensemble et durablement l’action publique ? ». Objectif de la journée : créer des coalitions de labs géographiques ou autour de projets (aménagement du territoire, encapacitation citoyenne, gestion régalienne...) pour aller plus vite et plus loin dans la transformation publique.

« Il n’y a pas une seule forme de coalitions mais plusieurs. Elles permettent une montée en compétence collective », explique Léa Boissonnade.

Ces coalitions – réunions momentanées autour de la poursuite d’un projet commun -  ont aussi d’autres usages, selon Stéphane Vincent, délégué général de la 27e Région : « créer du commun, rechercher des ressources financières supplémentaires, traiter une problématique collectivement, mener des expérimentations de façon distribuée (tester un angle du problème) ou encore peser et défendre une idée nouvelle, minoritaire ou émergente ». Des coalitions qui devront vite se mettre en mouvement pour répondre aux objectifs de simplification fixés par le nouveau ministre.

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