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Les tiers-lieux, insaisissables ?

Le 20 mars 2022

Foisonnement lexical (fab labs, makerspaces, hackerspaces, living labs, espaces de coworking, etc.), multiplication de typologies, pluralité des tiers-lieux, etc. Comment appréhender le phénomène des tiers-lieux en France ?

Une infinie définition

En France, la notion de « tiers-lieux » connaît un succès grandissant depuis une quinzaine d’années. Pourtant, derrière cette expression on observe des réalités très différentes et une incroyable diversité de dynamiques, de lieux, de projets, d’acteurs, etc.

Si un certain flou conceptuel entoure la notion de « tiers-lieux », participant d’ailleurs de la diversité des réalités qui s’y rattachent, son émergence fait clairement écho aux travaux de Ray Oldenburg1 dans les années 1980 sur le concept de « third places », devenu « tiers-lieux » en français. Pour Ray Oldenburg, le third place se définit comme un lieu qui n’est ni le lieu de travail, ni le domicile, comme un entre-deux qui présente des caractéristiques communes à la sphère privée et professionnelle. Il précise que le tiers-lieu est un espace neutre, accessible de tous, et qu’il ne peut avoir un coût financier ou des conditions d’accès excluantes. En particulier car la fonction principale des tiers-lieux est de stimuler les interactions sociales, de développer rencontres, conversations, échanges, collaborations, etc. Il encourage la mutualisation de ressources aux services de projets individuels et collectifs. Espaces physiques où se développent les activités collectives, ce sont des lieux d’échanges entre acteurs, vecteurs de lien social. Ainsi, Ray Oldenburg signale un certain nombre d’espaces intermédiaires (cafés, librairies, etc.) où les individus peuvent se rencontrer et se réunir pour échanger de façon informelle. Selon lui, ces lieux jouent une fonction essentielle pour la société civile, la démocratie et l’engagement civique aux États-Unis.

Parmi ceux qui se réclament des tiers-lieux, les enjeux de définition divisent.

Chaque tiers-lieu revendique sa manière de faire, sa singularité, la spécificité de son ancrage territorial. Comme l’observe Raphaël Besson2 : « Les gens, et surtout les collectivités, se lancent dans des projets de tiers-lieux sans savoir exactement ce que c’est. Cette notion se développe essentiellement de manière empirique. »

Ainsi, au-delà de la définition première apportée par Ray Oldenburg, les définitions se multiplient et épousent, de fait, le caractère protéiforme du phénomène. Il en résulte de multiples catégorisations se présentant d’abord sous la forme d’un véritable foisonnement lexical (fab labs, makerspaces, hackerspaces, living labs, espaces de coworking, etc.), puis d’une multiplication de typologies organisées selon l’importance variable donnée tantôt aux valeurs, tantôt aux activités ou encore aux modes de fonctionnement de ces tiers-lieux.

Au début des années 2010, les travaux du sociologue Antoine Burret font partie des premières recherches sur le mouvement des tiers-lieux en France. Ils permettent d’analyser dans le détail les pratiques, usages, comportements, valeurs et actions qui sont à l’œuvre dans les tiers-lieux. Antoine Burret ouvre de nouvelles perspectives en définissant le tiers-lieu non plus comme un lieu physique mais comme « une configuration sociale où la rencontre entre des entités individuées engage intentionnellement à la conception de représentations communes » 3. La réalité des tiers-lieux à la française serait donc selon lui assez différente du concept de « third place » décrit par Ray Oldenburg.

Les tiers-lieux en France

La pluralité des tiers-lieux

C’est avec cette pluralité de définitions et d’approches qu’il faut composer pour tenter de comprendre les tiers-lieux. En 2018, dans le rapport Faire ensemble pour mieux vivre ensemble4, nous avons tenté d’embrasser cette diversité et d’en donner à voir les grandes lignes, les éléments structurants. Nous reprenions ainsi avec intérêt quelques typologies réalisées par des observateurs et des participants du mouvement des tiers-lieux en France.

Une typologie fondée sur les finalités du lieu

Raphaël Besson, chercheur en économie territoriale et consultant en développement local, s’inscrit dans la lignée des travaux de Ray Oldenburg et propose une typologie fondée sur les finalités du lieu :

  • les tiers-lieux d’activités : Ils relèvent de la catégorie des coworking spaces, c’est-à-dire des espaces de travail partagés pour des télétravailleurs ou des indépendants, mais aussi des communautés, des réseaux ouverts encourageant l’échange et la collaboration. Une communauté de personnes et d’organisations qui partagent plus qu’un espace et des outils de travail : des échanges, des liens et des projets ;
  • les tiers-lieux d’innovation : ils cherchent à stimuler les process d’innovation en faisant interagir une diversité d’acteurs (chercheurs, acteurs économiques et usagers), mais aussi en s’appuyant sur le partage, l’expérimentation et le prototypage. Rentrent dans cette catégorie de nombreux fab labs ou encore des living labs, qui promeuvent des méthodologies d’intelligence collective où les utilisateurs sont placés au cœur des processus d’innovations ;
  • les tiers-lieux culturels : ouverts au public, ils mettent l’usager au cœur des processus d’apprentissage, de production et de diffusion. Ils proposent des espaces d’entraide, de libre expression et d’aide à la création plus accessibles. Parmi eux : les bibliothèques troisième lieu, les friches culturelles, les événements de type « museomix », les espaces de coworking, les living labs, fab labs ou learning labs déployés au sein d’universités ou de centres de culture scientifique ;
  • les tiers-lieux sociaux : ils portent un objectif social affirmé, autour d’enjeux sociétaux, de participation citoyenne, d’entrepreneuriat social ou encore de transitions démocratiques. Ils sont fortement structurés autour des acteurs de l’économie collaborative, de l’économie numérique et de l’économie sociale et solidaire (ESS) ;
  • les tiers-lieux de service et d’innovation publique : souvent déployés par des collectivités, afin de régénérer des territoires en déprise : conciergeries solidaires, commerces multiservices et laboratoires d’innovation publique (mis en œuvre notamment par l’État).

De multiples variantes mais d’importants invariants

Nous pourrions nous lancer dans la définition de toutes les variantes de tiers-lieux mais celle-ci risquerait d’être longue, fastidieuse et peu instructive. Qu’il soit coworking, fab lab, friche culturelle, makerspace, café associatif, jardin partagé, garage solidaire, bibliothèque troisième lieu, etc. Nous pouvons observer un certain nombre d’invariants qui caractérisent les tiers-lieux.

Dans le dernier rapport de France Tiers-lieux, Nos territoires en action. Dans les tiers-lieux se fabrique notre avenir5, nous identifions cinq éléments caractéristiques qui constituent les conditions de réussite des tiers-lieux :

  • entrepreneuriat de territoire : ils naissent d’une volonté d’entreprendre localement autour de l’entraide et d’une mutualisation entre pairs, s’y retrouve une communauté d’acteurs locaux (citoyens, professionnels, entreprises, collectivités, associations, etc.) qui s’engagent dans des projets innovants pour leur territoire ;
  • expérimentation et innovation sociale : espaces dédiés à la pratique, au faire soi-même, les tiers-lieux sont évolutifs et adaptables, favorisant l’expérimentation, la création et l’émergence de projets « hors cadre » ;
  • coopération et libre contribution : les usagers du tiers-lieu sont encouragés à développer des projets collectifs et à s’impliquer dans la vie et la programmation du tiers-lieu. Ils participent à construire et à faire évoluer au fil du temps les services et activités ;
  • hybridation d’activités : s’y mêlent création de nouvelles activités économiques et activités d’utilité sociale, s’y inventent des modèles économiques hybrides, qui visent l’autonomie financière par des revenus divers (services, formation, loyers, restauration, subventions, prototypage, etc.) ;
  • ouverture et convivialité : ils privilégient l’accueil inconditionnel et facilitent les rencontres informelles. Ce sont les interactions sociales imprévues qui font aussi la valeur du tiers-lieu.

Depuis plus de quatre ans, nous observons que le développement des tiers-lieux se situe au croisement d’aspirations nouvelles d’une partie de la population – notamment en lien avec la révolution numérique, la transition écologique, les transformations du travail et des formes d’apprentissages – et de besoins sociaux non satisfaits. D’un côté, des envies profondes, des ambitions nouvelles se manifestent : trouver un environnement de travail plus agréable, bénéficier d’un appui pour développer son activité économique, privilégier des modes de consommation durables, découvrir de nouveaux savoir-faire, agir de façon collective pour une cause, etc. De l’autre, des enjeux de société et des problématiques locales appellent des réponses nouvelles : réduire les déplacements domicile-travail, lutter contre l’isolement des indépendants, garantir l’accès à une alimentation durable, locale et de qualité, accompagner des entrepreneurs locaux, lutter contre l’illectronisme, répondre aux difficultés de certains artisans, TPE et PME, etc.

Par des réponses pratiques et adaptées aux réalités locales, par petits pas mais avec ambition, les tiers-lieux participent ainsi des transformations dont nous avons besoin. Les tiers-lieux ne sont cependant pas la solution miracle à tous les maux. Ils ne peuvent être pensés comme des services à déployer uniformément mais sont autant de laboratoires où s’explorent – par l’expérimentation, l’action, la coopération – des réponses pragmatiques. Ils agissent pour l’insertion professionnelle tout en recréant du lien social ; ils allient nouvelles formes de fabrication locale et développement de nouvelles compétences, création culturelle et création d’activités économiques ; ils développent des formes d’apprentissage par le faire ; ils concilient inclusion numérique et engagement citoyen, etc.

Une typologie des transitions à l’œuvre dans les tiers-lieux ?

Et c’est peut-être cette typologie des actions qui se développent en tiers-lieux qu’il est intéressant de creuser afin de comprendre comment accompagner les transformations qui sont à l’œuvre dans ces espaces. Dans notre dernier rapport nous avons ainsi identifié dix grandes thématiques, qui sont autant de transitions auxquelles les tiers-lieux, et ce qui s’y invente, contribuent. Chacune témoigne de la volonté de la société civile de se réapproprier les grandes questions et enjeux socio-économiques afin de s’organiser collectivement pour y répondre :

1. Travail : comment réinventer les modes de travail face à un fort besoin de flexibilité, imposé ou souhaité ?

Espaces de travail partagés, hybrides, ouverts et modulables, les tiers-lieux offrent des lieux ressources où travailleurs indépendants et télétravailleurs peuvent s’épanouir. De nombreux tiers-lieux sont d’ailleurs nés de l’organisation de communautés d’indépendants, à l’image du 400 à Brive-la-Gaillarde : pionnier du coworking en Corrèze, aujourd’hui moteur de la revitalisation du cœur de ville, engagé dans le programme « Briv’Accélère » pour appuyer la digitalisation des TPE, PME, artisans du territoire.

2. Emploi : comment participer au développement de l’emploi local et former aux nouveaux métiers ?

Presqu’un tiers des personnes fréquentant un tiers-lieu est une personne en situation de recherche d’emploi. 134 000 personnes ont bénéficié d’une formation professionnelle dans un tiers-lieu en 2019. La Coopérative Tiers-lieux a développé un partenariat avec Pôle emploi Nouvelle-Aquitaine pour expérimenter d’autres formes d’insertion professionnelle en tiers-lieux.

3. Apprentissage par le faire : comment assurer une meilleure diffusion des savoirs et des savoir-faire et comment faciliter les apprentissages pour l’émancipation de tous ?

Fab labs, living labs, makerspaces, bibliothèques troisième lieu, pédagolab, etc. Les tiers-lieux qui émergent et se développent depuis quelques années dans le secteur de l’éducation formelle et informelle sont pluriels. En 2017, François Taddei publie le rapport Vers une société apprenante6, proposant que chaque individu puisse, grâce aux tiers-lieux, co-construire et partager ses savoirs, documenter ses projets et avoir accès aux outils pour les réaliser. Les tiers-lieux sont des espaces physiques ou virtuels d’accès au savoir et d’apprentissage tout au long de la vie.

4. Numérique : comment accompagner le développement des usages numériques ?

Les repair cafés, fab labs, makerspaces et autres tiers-lieux hybrides participent efficacement à la montée en compétences numériques, par le faire par soi-même, la libre expérimentation, le bricolage numérique.

Le tiers-lieu Manifact à Saint-Laurent du Maroni (Guyane), développe des formations au numérique, ainsi qu’un programme « Tremplin numérique » pour former des jeunes décrocheurs scolaires à la fabrication numérique ou l’infographie, autour de projets concrets.

5. Fabrication locale : comment relocaliser une partie de la production et valoriser nos savoir-faire locaux ?

Ateliers partagés, équipés en parc machines, de nombreux tiers-lieux font la part belle à l’équipement numérique : imprimantes 3D, brodeuses numériques, découpeuses laser, machines à commande numérique, etc. Engagés dans la fabrication locale, ils regroupent des zones d’assemblages et de stockage ou autres matériauthèques et recycleries pour encourager au réemploi des matières premières. Make ICI opère cinq tiers-lieux de production à Montreuil, Nantes, Marseille, au Puy-en-Velay et dans le Morvan, accueillant 300 résidents (artisans, designers et entrepreneurs du faire) et proposant un programme d’accompagnement et d’incubation « Coup de main ».

6. Écologie : comment encourager chacun à devenir acteur de la transition écologique ?

Le tiers-lieu est cet espace où l’on peut sortir du constat individuel, de la frustration, pour passer à l’action collective. Il agit en lieu de médiation vers la transition, dans lequel chaque citoyen, chaque acteur peut échanger avec ses pairs, se former, s’acculturer aux enjeux de la transition, proposer des pistes d’action, les expérimenter.

Un tiers-lieu sur trois est engagé dans la lutte contre l’obsolescence programmée et développe des projets autour du réemploi, du recyclage ou de la réparation d’objets.

L’Effet papillon à Baud, est un tiers-lieu composé de 500 m2 de recyclerie comprenant une zone de stockage, un salon de thé et un magasin, et de 300 m2 d’espace de travail partagé.

7. Alimentation durable : comment reprendre le contrôle sur notre alimentation pour qu’elle soit plus saine et durable ?

De plus en plus de tiers-lieux s’engagent sur les questions alimentaires et agricoles. Ils viennent bousculer les systèmes alimentaires en mobilisant les citoyens dans les transitions agroécologiques, en créant des ponts entre mangeurs et producteurs, en initiant des partenariats entre acteurs de la recherche, associations de territoire et institutions.

Le 100Singe à Escalquens à côté de Toulouse, articule espace de coworking, cuisine, jardins partagés, espace-test agricole permanent et des lieux-tests en archipel sur plusieurs communes. Plusieurs entrepreneurs maraîchers y bénéficient de contrats d’appui au projet d’entreprise.

8. Culture : comment garantir la vitalité culturelle de nos territoires et permettre à chacun d’exprimer ses droits culturels ?

Les publics éloignés auront souvent plus de facilité à venir dans un lieu hybride où ils se sentent libres de pratiquer, ou simplement prendre un café et échanger, que dans un lieu dédié aux arts plastiques ou au théâtre.

Un tiers des tiers-lieux ont des activités artistiques et culturelles. En 2019, ce sont plus de 4 millions de spectateurs qui ont assisté à des événements culturels en tiers-lieux.

Mains d’Œuvres à Saint-Ouen est un tiers-lieu dédié à la création artistique et citoyenne. Il a accompagné près de 15 000 artistes depuis 1998. Il réunit plus de 200 événements et 40 000 visiteurs annuels. Une école alternative de musique y a émergé et accueille aujourd’hui plus de 300 élèves par an.

9. Recherche et innovation : comment mobiliser l’intelligence collective et développer les formes de recherche et d’innovation dans les territoires ?

L’espace et la dynamique communautaire du tiers-lieu créent les conditions d’un croisement des savoirs et des expertises en offrant à chacun la légitimité d’agir, de prendre part aux expérimentations, de participer à la production de nouveaux savoirs ou de nouvelles solutions. Les rencontres, réflexions collectives et coopérations constituent un terreau fertile pour l’innovation sociale.

Partout, dans les tiers-lieux, c’est grâce à ces processus de recherche et développement (R&D) collective et ouverte qu’émergent des réponses nouvelles aux besoins sociaux des habitants : start-up de mobilité douce dans le LAB01 à Ambérieu-en-Bugey, prototypage de matériel médical en urgence dans les fab labs.

Le fab lab de l’association My Human Kit à Rennes invente, fabrique et partage des solutions d’aides techniques pour et avec des personnes en situation de handicap, telles que des prothèses d’avant-bras commandées par des capteurs musculaires.

10. Lien social : comment entretenir le lien social dans des territoires reculés et comment inclure des personnes qui se sentent en marge ?

Le tiers-lieu se révèle comme espace ouvert, non stigmatisant, bienveillant, à l’écoute de l’ensemble des publics et lieu favorisant la participation et les initiatives collectives, inverse les postures. Les « bénéficiaires » sont encouragés à devenir acteurs de leur situation. Il est rare de faire « à la place de », les tiers-lieux accompagnent et créent les conditions pour que chacun ait la capacité de faire par soi-même.

L’Adapei Corrèze est accompagnée par la Coopérative Tiers-lieux dans la création d’un tiers-lieu pour les aidants familiaux pour explorer les ruptures de parcours et une meilleure intégration du handicap dans la ville et dans la société, en travaillant avec citoyens, commerçants, écoles, acteurs culturels, fab labs du territoire, etc.

Comprendre ce à quoi nous invitent les tiers-lieux plutôt que de se saisir des tiers-lieux

Ces éléments nous montrent à quel point chaque tiers-lieu est différent et se compose à partir des réalités du territoire, des valeurs de ceux qui le portent et des besoins de ses parties prenantes.

Dans sa dernière publication, la Friche la Belle de mai, tiers-lieu historique à Marseille, affirme : « Si vous avez compris la Friche la Belle de mai c’est qu’on vous l’a mal expliqué. » Nous pouvons probablement dire la même chose pour tous les tiers-lieux.

Si le concept de tiers-lieu est déjà difficile à saisir, les tiers-lieux eux restent et resteront insaisissables. Ils ne peuvent pas être appréhendés comme des espaces à réglementer ou à déployer sur un modèle unique. Ils ne peuvent pas facilement être maîtrisés, retenus, domptés, contrôlés, etc. Ainsi, ce que nous devons retenir, ce n’est ni une hypothétique définition uniforme du tiers-lieu, ni sa forme finale ou son impact le plus visible, mais plutôt les conditions qui rendent possible son émergence et que nous avons tenté d’esquisser ici : mutualisation, documentation, innovation ouverte, coopération, ouverture inconditionnelle, libre contribution, expérimentation, etc.

Avec près de 2 500 tiers-lieux en France et plus de 2 millions de personnes par an qui viennent dans un tiers-lieu pour y réaliser des projets ou travailler, il s’agit d’un véritable phénomène de société, qui démontre la capacité de la société civile à faire ensemble, à s’organiser pour produire des solutions au plus près des besoins. La société civile (entreprises, associations, citoyens) fait ainsi irruption dans la construction des politiques publiques. L’essor de ce mouvement et son accélération doivent nous conduire à repenser, plus fondamentalement, la relation entre les administrations et la société civile : privilégier le faire avec, lâcher prise et accepter l’essai-erreur, consolider des partenariats public-communs, sortir d’une approche en silos et travailler de manière transversale, inter-services et inter-territoriale, etc.

Quelques définitions de tiers-lieux

« Un tiers-lieu ne se définit pas par ce que l’on en dit, mais par ce que l’on en fait… »
Burret A. et Duriaux Y., Manifeste des tiers-lieux, 2013.

« Un bien commun entretenu par et avec un collectif dans un cadre de confiance où des individus hétérogènes se réunissent pour travailler et explorer en générant un langage commun et réappropriable entre des mondes différents et parfois contradictoires et en développant une approche intelligente de la gouvernance. »
Movilab

« Les tiers-lieux sont des espaces où le travail se mélange à d’autres aspects de la vie en collectif. »
La Coopérative Tiers-lieux

« Les tiers-lieux désignent des espaces dans lesquels s’incarne la volonté d’une communauté de citoyens d’aller vers un monde meilleur. Ils redessinent avec bon sens, coopération et solidarité le territoire dans lequel ils sont ancrés, et se positionnent au cœur des échanges entre les acteurs publics, les acteurs privés et les citoyens. »
Wikipédia

  1. Oldenburg R., The Great Good Places. Cafes, Coffee Shops, Bookstores, Bars, Hairs Salons, and Other Hangouts at the Heart of a Community, 1999, 3éd., Da Capo Press.
  2. Directeur de Villes innovations, chercheur associé au laboratoire PACTE.
  3. Burret A., Étude de la reconfiguration en tiers-lieu : la repolitisation par le service, thèse, 2017, Centre Max-Weber, Université Lumière.
  4. Levy-Waitz P., Dupont E. et Seillier R., Faire ensemble pour mieux vivre ensemble. Mission coworking territoires travail numérique, rapport, 2018, Ministère de la Cohésion des territoires.
  5. Levy-Waitz P., Nos territoires en action. Dans les tiers-lieux se fabrique notre avenir !, rapport remis au Premier ministre, 27 août 2021 (https://francetierslieux.fr/rapport-tiers-lieux-2021/).
  6. Becchetti-Bizot C., Houzel G. et Taddei F., Vers une société apprenante. Rapport sur la recherche et le développement de l’éducation tout au long de la vie, rapport, mars 2017, Ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
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