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Dossier

Une société civile renforcée pour un numérique choisi

Le 20 mars 2024

Dans un monde traversé par le numérique, quels sont les formes et les pouvoirs de la société civile, et quels seront-ils à l’avenir ? Face à la puissance des acteurs et des techniques, citoyens et usagers seront-ils sans voix, au risque de la déprise et du désarroi, ou trouveront-ils les moyens de se faire entendre et les modes d’action pour être parties prenantes ? Les acteurs publics parviendront-ils à dépasser la vision simpliste d’un numérique obligatoire, seul vecteur de progrès et auquel chacun doit s’adapter en tous points ?

Le numérique a besoin de contre-pouvoirs

Il y a déjà plus de cinq ans que le constat d’un numérique « sur la sellette » est posé dans de nombreux travaux, en France et ailleurs1. La Fing posait en 2018, avec son programme Reset2, la question « quel numérique voulons-nous pour demain ? », faisant la jonction entre les enjeux éthiques, sociaux et environnementaux du numérique, les questions de partage de la valeur, de travail décent, d’équité éducative, de fake news, d’accès aux droits et bien d’autres, et stimulant un foisonnement de contributions à la description d’un numérique choisi plutôt que subi et aux chemins pouvant y conduire.

Une contribution remarquable3 était portée par un collectif d’associations et de syndicats dans le prolongement du Pacte du pouvoir de vivre4. Elle était titrée « Nous voulons un numérique émancipateur, conçu pour tous, humain, porteur de capacités et de choix » et indiquait que « la société civile organisée entend y prendre part. Il y a là d’abord un enjeu démocratique, face à un numérique devenu obligatoire qui aujourd’hui distrait notre attention, nous déresponsabilise, nous surveille, nous calcule et nous optimise, mais qui, à travers la promesse d’une communication pair-à-pair et d’une organisation entre égaux, permet d’innover ». L’alerte était forte et venait nous rappeler quelques raisons de s’inquiéter de ce que nous avions qualifié de « fatalisme numérique ».

Il est vrai que l’avenir du numérique semble se jouer dans un ensemble de compétitions entre très grands acteurs lointains, les big tech et grands industriels mondiaux du numérique, les États et puissances géopolitiques, sur fond de consensus : il faut à la planète et à la société toujours plus de technologies, toujours plus complexes et toujours plus coûteuses.

La complexité les rend toujours plus difficiles à comprendre et maîtriser pour le commun des mortels – mais aussi, reconnaissons-le, pour la plupart des commanditaires et maîtres d’ouvrage publics et politiques. Les coûts en perpétuelle croissance raréfient le nombre d’industriels et de pays ayant du jeu : la tribune rappelle la promesse originelle de l’Internet et du web des débuts, décentralisés et à portée de bricoleurs, or nous vivons dans un monde numérique fortement recentralisé autour des grandes plateformes et des grandes puissances mondiales, semblant rendre anecdotique toute initiative alternative. Mais ce consensus est-il si judicieux, ce constat est-il inéluctable ?

La tribune des associations et syndicats poursuivait : « Des questions nouvelles se posent, auxquelles ne peuvent répondre ni les pouvoirs verticaux, ni les consensus industriels, ni l’émiettement du pouvoir aux mains d’individus connectés. La société a besoin de formes collectives, d’articulations entre les organisations classiques et les formes émergentes que la transformation numérique a contribué à faire éclore. » Elle précisait les enjeux démocratiques et sociaux de l’engagement citoyen, associatif et syndical, nécessaire contre-pouvoir face à l’informatisation et l’automatisation depuis les années 1970, face aux discriminations, à la dématérialisation obligatoire, à l’exploitation des travailleurs du clic, aux choix technologiques énergivores, à la surexploitation des pays pauvres par les riches. Elle pointait en 2019 des « questions nouvelles » dont certaines se sont présentées de façon insistante à partir de 2020, dans les moments où la pandémie de covid-19 nous a fait mesurer l’ampleur que prenaient en situation de crise nos dépendances technologiques5 ; puis en 2022, quand la guerre en Ukraine nous a fait prendre conscience des risques de coupures électriques et de pénurie de composants électroniques dans nos pays riches et en paix, quand la sécheresse en Europe et les catastrophes climatiques dans le monde entier nous ont montré la dépendance des technologies à l’eau et leur vulnérabilité aux tempêtes. Quelle que soit la puissance des technologies demain, si nous en dépendons pour notre information, nos échanges et le fonctionnement de nos organisations et de nos territoires, il vaudra mieux que nous sachions les maintenir en bon état, les réparer, les adapter à nos limites.

Sans mise en capacité de la société civile, il ne suffira pas de compter sur nos préfets ou sur le service client de nos opérateurs de communication et de services. Beaucoup de crises de demain nous confronteront à des dispositifs techniques hors d’usage ou hors de maîtrise. Le numérique d’aujourd’hui doit prendre en compte les incertitudes du monde de demain, ses acteurs se préoccuper d’« agir dans un monde incertain6 ».

Faire levier : la coalition « Dématérialiser sans déshumaniser »

En 2020, le programme collectif Reset a imaginé des coalitions pour aller vers un numérique choisi. Nous avons analysé quels acteurs ont quels leviers, au premier rang desquels les acteurs de « l’offre » (les innovateurs et industriels du numérique, ses concepteurs techniques et non techniques) et ceux de la « commande », commanditaires publics et privés, grands clients et investisseurs, mais aussi ceux des « usages » : les usagers et consommateurs ordinaires, amateurs ou experts, et ceux qui les accompagnent, enseignants, formateurs, médiateurs, aidants. Cet ensemble « usages » regroupe aussi bien des individus dans leur sphère privée, sociale ou professionnelle, que des collectifs, réseaux, associations. Nous avons fait le pari que des coalitions d’acteurs hétérogènes regroupant l’offre, la commande et l’usage pouvaient « faire bouger les choses ». Nous prenons ici l’exemple d’une coalition, « Dématérialiser sans déshumaniser » 7, dont les acteurs de l’usage sont les principales locomotives, au moins pour deux pistes. Ses travaux sont en cours en 2024, il s’agit donc de comprendre son processus plutôt que ses résultats.

La première piste porte sur la qualification des remontées d’usages et des difficultés qui vont avec. Elle répond à un constat qui émane des médiateurs et conseillers numériques comme des acteurs de l’innovation publique8 : beaucoup d’usagers dans leur diversité butent tous les jours et toute l’année sur des problèmes récurrents quand ils accomplissent leurs démarches en ligne, et une bonne part de ces difficultés sont liées aux services eux-mêmes.

La conception technique, le design, le processus, les exigences numériques ou administratives qui pèsent sur l’usager mettent en échec un nombre élevé de personnes, tout le monde le sait et rien ne change, ou alors très lentement. La voix de chacun ne pèse rien dans une relation du faible au fort dans laquelle personne ne sait à qui s’adresser. L’idée est ici d’inviter les aidants professionnels et bénévoles, qui sont en première ligne au côté des publics, à une démarche de médiation à 180° : porter la voix des usagers vers les autorités, aider à les faire entendre. Ce n’est pas une démarche institutionnelle, mais bien collective : elle mobilise d’autant mieux les praticiens (militants associatifs, médiateurs numériques, conseillers numériques, travailleurs sociaux, bibliothécaires, etc.) en contact avec les publics qu’ils ont aujourd’hui des échanges en réseaux informels leur permettant de partager leurs expériences au-delà du cadre strict de leur emploi. Ainsi les participants des deux premières sessions d’ateliers de la coalition, en septembre 2023 à Lyon et à Nantes, ont eu comme principal vecteur de mobilisation leur sentiment partagé d’injustice et d’absurdité face à des difficultés dont la puissance publique pourrait et devrait s’emparer, et la nécessité d’agir en ce sens. L’objectif : que des dizaines de réseaux aident à qualifier ce qui ne va pas et se fassent entendre, avec une pugnacité constructive.

La deuxième piste fait le pari de l’usager-expert : et si, au lieu de considérer l’usager en difficulté comme un usager à réformer, on prenait au sérieux son expertise de ses difficultés et galères ? Il ne s’agit pas ici simplement de dire « faisons de la conception centrée utilisateur », ou de la co-conception avec les publics.

L’idée est plutôt de mettre les usagers en capacité d’expliquer ce qui ne va pas et de consolider leur expérience en expertise et en connaissance. Elle prend notamment appui sur l’expérience d’acteurs associatifs comme ATD Quart Monde, dont les pratiques visent à mettre en lumière la voix des sans-voix et de ne pas parler à leur place – et dont, par exemple, le groupe numérique brestois anime chaque semaine des ateliers d’écriture9 – ainsi que sur les actions des centres sociaux focalisées sur le développement du pouvoir d’agir.

Elle tire parti des facilités que propose le numérique pour la production d’articles de blogs, de podcasts ou encore de tutoriels vidéo. Cette piste est inspirée de celle du « patient-expert », issue de dynamiques associatives et militantes en lien avec les maladies chroniques et le sida, et prenant en considération les capacités de compréhension et de recul des patients, leur connaissance riche et leur « concernement ». En un sens, les usagers-experts de l’administration numérique en savent bien plus sur ce qui ne marche pas que les concepteurs techniques et administratifs de ces dispositifs : leurs productions peuvent faire part de ce qu’ils vivent, des difficultés qu’ils ont, des ruses pour s’en sortir et de l’urgence d’une amélioration. Leurs productions ont un potentiel de réflexivité pour eux-mêmes, de formation pour les professionnels de l’offre, de plaidoyer face aux commanditaires publics et privés des services numériques.

Ces deux propositions sont encore en début de parcours, coordonnées au niveau national par la Fédération des centres sociaux (FCSF). Elles sont structurées par l’idée que les publics eux-mêmes et les acteurs de terrain qui sont à leur contact (et tout en bas des organigrammes des structures institutionnelles) sont « capables », individuellement et collectivement. Elles sont portées par des acteurs associatifs fragiles, mais recueillent un début d’adhésion de la part d’autres acteurs publics et privés. Elles poursuivent en tout cas la vision émancipatrice décrite dans la tribune citée ci-dessus, en inventant leurs chemins.

Formes et figures de la société civile numérique

Cet exemple montre à la fois le numérique comme un domaine dans lequel la société civile peut être à bord, et comme un ensemble d’outils, ici de mise en réseau et de décloisonnement, de production créative, d’expression, de communication, qui peuvent enrichir les modes d’action de la société civile dans bien d’autres domaines, ici l’accès aux droits et la « fracture administrative », par exemple. Il est possible que le numérique soit porteur de nouveaux leviers pour l’engagement citoyen, marqué au fil des dernières décennies par la « désaffiliation » et le relatif affaiblissement des formes collectives classiques, mais aussi par l’émergence d’un engagement non affilié et de formes collectives nouvelles, s’articulant avec la société civile organisée préexistante. Certaines de ces formes s’inscrivent dans le registre classique de l’expression, du dialogue et de la délibération. D’autres relèvent davantage d’une « démocratie du faire ».

Démocratiser les choix technologiques

Les citoyens peuvent-ils être à bord de décisions qui concernent leur avenir ? La démocratie technique, utopie ou réalité ?

Ce qui émerge

Les débats 5G dans plusieurs villes de France (2020-2021) ; la conférence citoyenne de Brest sur le service public local de la donnée (2021-2022)10 ; les conférences de consensus sur le numérique en santé (2021, 2023) ; le conseil citoyen du numérique responsable de Rennes (depuis 2022)11 ; la convention citoyenne de Montpellier sur l’intelligence artificielle (IA) (2023-2024)12 ; des acteurs, comme Latitudes, qui mobilisent les étudiants pour bouger la tech.

Pourquoi est-ce difficile ?

Une technicité qui semble exclure les profanes ; la puissance particulière des lobbies dans le champ numérique ; le caractère international des sujets, le caractère local des initiatives.

Pourquoi est-ce important ?

Une grande part des controverses science-technique-société concerne les aspects non-techniques de la technique, ses dimensions environnementales ou sanitaires, les questions d’égalité ou d’équité qu’elle pose, ses enjeux démocratiques, les tensions entre l’intérêt général et la compétitivité économique, par exemple.

Les conditions de cette émergence

La capacitation par l’éducation populaire, la culture scientifique et technique, l’apport d’expertises indépendantes et intelligibles, une ingénierie participative adaptée, un cadre de confiance (garants, principes opposables), le soin apporté au suivi des avis citoyens, l’existence ou l’apparition d’acteurs collectifs forts ou bien outillés.

Coproduire la connaissance et les données

Des citoyens et collectifs contribuent à l’intérêt général et aux enjeux des transitions13.

Ce qui émerge et se développe

Les cartographies collaboratives avec OpenStreetMap et maintenant les géocommuns de l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN), et leurs déclinaisons dans les champs du handicap et de l’environnement. La coproduction des données de la biodiversité (la ligue de protection des oiseaux, PlantNet, etc.). Les données des aliments (OpenFoodFacts et les nombreuses apps qui s’en servent comme Yuka). La connaissance encyclopédique (Wikipedia), les réseaux d’enseignants, la science participative. L’essor des communs (de la connaissance, numérique).

Pourquoi est-ce difficile ?

Les enjeux de qualité de la connaissance et des données et l’articulation entre acteurs académiques et profanes sur fond de pseudo-sciences et de fake news.

Pourquoi est-ce important ?

La production d’une connaissance collaborative fait partie des contre-pouvoirs dans des domaines à forte densité de lobbies. La mobilisation d’acteurs de terrain fortement concernés a fait ses preuves dans de nombreux domaines (santé, biodiversité, etc.). Les pratiques actives de la connaissance sont plus mobilisatrices que les apprentissages passifs.

Les conditions de cette émergence

Un renforcement de la culture de la contribution et de la culture de la donnée, des cadres juridiques et scientifiques solides, l’existence de moyens pour la formation des contributeurs et la maintenance des communs de la connaissance.

Développer le pouvoir d’agir par les pratiques numériques

Des citoyens et collectifs développent et maintiennent des dispositifs numériques et de culture numérique.

Ce qui émerge et se développe

Des codeurs qui imaginent et contribuent aux communs numériques, des associations comme Framasoft qui font vivre les alternatives décentralisées aux big tech, des acteurs militants qui élaborent des solutions pour protéger les libertés numériques dans les pays et contextes qui ne les respectent pas, des fab lab et maker qui conçoivent et réparent des matériels dans les domaines de l’agriculture, de la santé, du handicap, des acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS) face à l’obsolescence des équipements.

Pourquoi est-ce difficile ?

Une diffusion insuffisante des pratiques coopératives, un cloisonnement des acteurs, une confrontation à la « gratuité » fictive des grandes plateformes, une faiblesse des soutiens publics.

Pourquoi est-ce important ?

Des pratiques actives et constructives qui donnent prise à des acteurs soucieux de faire avancer concrètement les « causes » importantes. Des grands services rendus à des publics en difficulté.

Les conditions de cette émergence

Savoir coopérer, documenter et transmettre. La reconnaissance des contributeurs et la réciprocité. Le décloisonnement des intelligences intellectuelles et pratiques. La convivialité. L’articulation entre échelles locale et internationale.

Ce rapide panorama est loin de faire le tour des formes et figures que peut prendre la société civile dans un monde traversé par le numérique. Il faut y ajouter, entre autres, la montée en puissance à échelle européenne d’acteurs cherchant à faire évoluer la régulation par le plaidoyer ou à la rendre actionnable par les actions en justice et la jurisprudence. En France, on ne compte encore que de trop rares acteurs dans le champ des libertés numériques, comme la Quadrature du net14, ou de l’action collective écologique, comme Halte à l’obsolescence programmée (HOP)15, l’un et l’autre ayant à leur actif d’importantes victoires dans ces domaines dans lesquels s’engagent aussi des acteurs classiques de la défense des libertés, de l’environnement, des consommateurs, des précaires ou des patients.

En Europe et à échelle mondiale, des acteurs comme European Digital Rights (EDRi), NOYB (pour « my privacy is none of your business »)16, AccesNow, et des fondations comme Luminate ou European AI and Society Fund17 préfigurent ce que pourraient devenir en France une société civile vigoureuse et un paysage de financeurs plus ouvert.

Nous sommes loin du compte. Avant l’élection présidentielle de 2022, une quinzaine d’associations avaient lancé un appel à « faire le numérique avec tous » 18, assorti d’un ensemble de propositions, auquel peu d’équipes de campagne avaient pris la peine de répondre, comme si les acteurs politiques nationaux ne savaient considérer le tissu associatif que comme supplétif peu coûteux à ses politiques. La plupart des initiatives associatives numériques en France existent par le bénévolat ou le soutien qu’apportent un petit nombre de fondations françaises ou étrangères, et parfois par les financements européens. Une dynamique intéressante se fait jour chez certains acteurs territoriaux et parmi les associations d’élus, cherchant à prendre appui sur la société civile pour faire progresser l’idée d’un numérique responsable : on peut citer en exemple les travaux engagés au printemps 2022 par France urbaine et les Interconnectés, débouchant début 2023 sur la production « Promouvoir une société civile du numérique » 19 synthétique, mais dense en intentions et recommandations, qui a le grand mérite d’aider à la reconnaissance des questions numériques comme problèmes publics et de ne pas se contenter d’invoquer la société civile (souvent « introuvable » compte tenu de ses fragiles appuis), mais d’appeler à la promouvoir.

Sans une société civile renforcée, nos territoires et nos pays auront le plus grand mal à faire converger numérique et intérêt général : une part considérable de notre conscience et de notre compréhension du numérique vient de nos pratiques personnelles et privées, quel que soit notre niveau d’études nous sommes en la matière très autodidactes, et les cadres collectifs nous sont nécessaires pour reprendre la main, comprendre ce qui nous arrive et ne pas nous laisser réduire à l’état de profils sur pattes face à la captation de données personnelles, de moutons crédules face aux fake news, de fashion victims des technologies toujours nouvelles ou d’administrés trop dociles.

Sans la société civile, nous manquerons de maîtrise collective des enjeux numériques par nos enfants, nos conseillers municipaux, nos représentants dans les sommets internationaux, et nous aurons le plus grand mal à faire face aux intérêts économiques des big tech, qui redistribuent fort peu à la société la valeur économique qu’ils tirent du numérique.

Sans un effort consistant pour que nous soyons « citoyens d’une société numérique » 20, nous prenons le risque d’un numérique qui éloigne toujours plus les citoyens de la République, par une dématérialisation qui est vécue comme une mise à distance. Nous risquons aussi de manquer d’un ensemble de moyens nécessaires à la résilience de nos sociétés en temps de crise et de polycrises.

Mais sans un pari résolu sur l’éducation populaire et la culture scientifique et technique, les ingénieries participatives et la capacitation citoyenne, il est vain de mobiliser les civic tech et de demander l’opinion du grand public sur tout et n’importe quoi : pas de concertation sans capacitation, pas d’appel à projets sans accompagnement à l’émergence de porteurs de projets, pas de communs sans organisation de communautés.

  1. Le « backlash », ou retour de bâton, très remarqué dans des hauts lieux de la tech, comme Stanford, ou les initiatives comme « Time well spent » de Tristan Harris et Aza Raskin, ou les travaux de Kate Crawford et de nombreux autres chercheurs sur l’IA.
  2. Le programme Reset (2018-2022) a été porté par la Fing jusqu’à sa fermeture en 2022.
  3. Collectif, « Nous voulons un numérique émancipateur, conçu pour tous, humain, porteur de capacités et de choix », Le Monde 29 août 2019.
  4. https://www.pactedupouvoirdevivre.fr
  5. Nous avons proposé, dans le dossier « Quelle sobriété numérique dans les territoires » de notre no 14 d’Horizons publics (mars-avr. 2020), une analyse de ces dépendances et quelques pistes pour un numérique soutenable dans un monde incertain.
  6. Nous suivons ici les pistes ouvertes par l’ouvrage Callon M., Lascoumes P. et Barthe Y., Agir dans un monde incertain. Essai sur la démocratie technique, 2001, Seuil.
  7. https://fing.org/documentation-coalition-dematerialiser-sans-deshumaniser.html
  8. Ce point est soulevé par le Ti Lab, laboratoire d’innovation publique de Bretagne.
  9. Voir à ce sujet l’entretien avec l’une des animatrices, Monique Argoualc’h : ATD Quart Monde, « Trois questions à Monique Argoualc’h concernant son article “quel numérique veut-on ?” », Médiation(s) avr. 2023.
  10. Devillers O., « Les habitants de Brest métropole rédigent une charte de la donnée », Banque des territoires juill. 2023.
  11. https://metropole.rennes.fr/le-conseil-citoyen-du-numerique-responsable
  12. https://participer.montpellier.fr/ia
  13. Porte E. (dir.), « Les associations au défi des données numériques », Les cahiers de l’action juin 2023, no 60.
  14. https://www.laquadrature.net
  15. https://www.halteobsolescence.org
  16. NOYB joue un rôle majeur dans la protection contre les atteintes à la vie privée par des procédures judiciaires couronnées de succès.
  17. European AI et Society Fund soutiennent les acteurs de la société civile dans leur participation à la régulation de l’IA
  18. https://www.numeriqueavectous.org
  19. https://www.interconnectes.com/participation/
  20. CNNum, Citoyens d’une société numérique. Accès, littératie, médiations, pouvoir d’agir : pour une nouvelle politique d’inclusion, rapport, 2013.
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