Revue
DossierUne société publique locale funéraire, le pari de la ville de Paris

Face à l’inflation des prix et à la privatisation croissante du marché funéraire, la ville de Paris lance sa propre société publique locale funéraire (SPLF). Une initiative pour réaffirmer la place du service public dans le domaine funéraire. Objectif : proposer des obsèques accessibles, éthiques et respectueuses de l’environnement pour tous les Parisiens et Parisiennes. La SPLF de Paris assure, depuis décembre 2024, la gestion du service extérieur des pompes funèbres.
Un retour aux valeurs du service public
Dans un secteur largement dominé par deux grands opérateurs privés, la ville de Paris défend un modèle alternatif en réaffirmant les principes de solidarité et de justice sociale : « Le service public, oui ! La recherche de profit, non ! », clame la campagne de communication lancée au printemps 2024. La SPL promet de proposer des services accessibles à toutes les familles, indépendamment de leurs moyens, en se concentrant sur l’intérêt général plutôt que sur les bénéfices financiers.
Des tarifs compétitifs pour lutter contre l’inflation
Le coût des obsèques, qui augmente deux fois plus vite que l’inflation, est une préoccupation majeure pour de nombreuses familles. Avec la SPLF, Paris veut freiner cette tendance. Les premiers prix annoncés, à partir de 2 159,35 euros pour une inhumation et 2 661,50 euros pour une crémation, sont inférieurs de 30 % à l’offre médiane actuelle à Paris. Une solution qui pourrait soulager les familles endeuillées, souvent confrontées à des dépenses imprévues.
Transparence et éthique au cœur du projet
La SPL s’engage également à instaurer une relation de confiance avec les citoyens. Transparence sur les tarifs, éthique dans la gestion des services et absence de recherche de profit sont les maîtres-mots de cette structure publique détenue à 99 % par la ville de Paris. En reprenant la gestion des pompes funèbres et du funérarium municipal d’ici fin 2024, la SPLF deviendra une référence sur le marché parisien.
Innovation et écologie pour répondre aux attentes actuelles
La SPLF de Paris ne se limite pas à la réduction des coûts, elle mise aussi sur des innovations et un engagement environnemental. Des corbillards électriques pour réduire l’empreinte carbone, des cercueils en bois issus de forêts durablement gérées, des salons de veillée accessibles vingt-quatre heures sur vingt-quatre, combinés à des équipements audiovisuels modernes pour des cérémonies personnalisées font partie des initiatives proposées par la SPLF.
Pour répondre aux besoins des Parisiens, la SPLF disposera de 15 agences dans la capitale, soutenues par une centaine d’agents et une flotte de corbillards. Elle offrira une gamme complète de services, allant des contrats de prévoyance à la gestion des crises en passant par la prise en charge des plus démunis.
Un tournant pour la politique funéraire parisienne
« Le prix des obsèques augmente très vite. […] Le service public prend donc ici tout son sens », souligne Pénélope Komitès, adjointe à la maire de Paris adjointe à la mairie de Paris et présidente de la société publique du funéraire (SPF). La SPLF marque ainsi un tournant dans la politique funéraire de la capitale, en offrant une alternative crédible et responsable face à la privatisation du secteur. Cette initiative pourrait transformer durablement le paysage funéraire parisien et servir d’exemple à d’autres collectivités en quête d’un modèle éthique et accessible. L’impact réel de ce projet sera à observer dans les années à venir, mais l’ambition est claire : redonner au service public funéraire sa place légitime dans une société plus solidaire.
Un outil 100 % public
La loi no 2010-559 du 28 mai 2010, pour le développement des SPL, a mis à la disposition des collectivités territoriales et de leurs groupements un nouvel instrument juridique, en leur permettant de constituer des SPL pour la réalisation de leurs opérations d’aménagement, de construction ou pour la gestion de leurs sociétés publiques industrielles et commerciales ou toutes autres activités d’intérêt général (CGCT, art. L. 1531-1).
La SPLF de Paris a été créée le 28 juin 2023 par la ville de Paris à 99 %, et avec le syndicat intercommunal du cimetière-crématorium de l’Orme à moineaux des Ulis (SICOMU), à 1 %, pour mettre en œuvre les politiques publiques. La SPLF est contrôlée par des élus, elle doit répondre aux enjeux environnementaux et sociétaux pour toutes ses activités, tous ses sites et pour tous ses délégants.
Une SPL est une société anonyme dont le capital est détenu en totalité par des collectivités territoriales ou leurs groupements. Elle exclut toute participation privée. Elle agit, exclusivement pour le compte de ses actionnaires et sur leur territoire, dans les domaines suivants : opérations d’aménagement ; opérations de construction ; exploitation des services publics à caractère industriel ou commercial ou toutes autres activités d’intérêt général. Les collectivités territoriales peuvent recourir à leur SPL, sans procédure particulière. La SPL reprendra la délégation de service public pour l’exploitation du funérarium de Paris situé 21, boulevard du Bois-le-Prêtre à compter du 1er mars 2024 et la délégation de service public du service extérieur des pompes funèbres de la ville de Paris à compter du 1er décembre 2024. Elle répondra à des exigences fortes en termes d’écologie, d’innovation, de service aux usagers dans une démarche globale où la profitabilité, si elle reste indispensable, n’est pas prioritaire.