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Lever les yeux

Le 14 août 2020

Les étudiant·e·s de CitizenCampus bénéficient d’une sensibilisation aux enjeux spatiaux et à leurs impacts sur l’environnement spatial, l’encombrement des fréquences ou de l’espace. Retour sur cette initiative destinée à leur faire « lever les yeux ».

Nouvelle frontière de John F. Kennedy dans les années 1960, l’espace est resté un lieu de fascination pour le grand public, mais aussi un lieu et un moyen d’étude dans de nombreux domaines scientifiques. Si jusqu’aux années 2010, l’espace est resté réservé à un petit nombre d’acteurs, de grandes industries, de grandes agences spatiales, etc., le début des années 2010 aura marqué un tournant pour ce domaine avec l’apparition d’acteurs privés mais aussi l’apparition de satellite de très petites tailles. Ce dernier point est clé au sens où il permet de diminuer très fortement le coût des satellites et ouvre l’accès à l’espace à de nouveaux acteurs, universités, pays sans historique spatial et même PME.

L’apparition de nouveaux acteurs se traduit par de nouveaux problèmes notamment en termes de réglementation de cet accès à l’espace mais aussi en termes d’environnement spatial, d’encombrement des fréquences ou de l’espace. Il s’agit donc, au-delà de son aspect fascinant, d’un enjeu citoyen majeur. J’ai donc immédiatement accepté de participer à cette très belle initiative qu’a été CitizenCampus dès la première année, avec une certaine crainte de me retrouver face à des étudiant·e·s aussi divers, mais un enthousiasme à l’idée de sensibiliser des jeunes à cet enjeu et de leur faire « lever les yeux ».

La question a alors été de rendre les étudiant·e·s acteur·rice·s de cette session. J’ai alors eu l’idée de simuler une audition de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), office qui guide les assemblées dans les choix scientifiques et technologiques en France. L’idée était de démarrer par une conférence, équivalente à un exposé des faits. Par la suite, nous avons défini trois thèmes de réflexion sur lesquels les étudiant·e·s ont pu travailler en « commission », charge à eux de faire une restitution et de rendre en fin de séance un avis comme aurait pu le faire des parlementaires. J’ai pu mener deux fois cette session avec des étudiant·e·s. Une première fois seul, une autre fois avec un collègue du Centre spacial universitaire de Grenoble (CSUG), Thierry Sequies.

Les thèmes abordés étaient aussi larges que les risques géopolitiques liés à l’espace, les environnements spatiaux ou encore l’économie du spatial. Les retours des étudiant·e·s ont été remarquables et il est certain qu’ils ont ainsi été sensibilisés à un domaine qu’ils connaissaient, pour la plupart, très peu.

Ces deux sessions ont été d’une très grande richesse. Les étudiant·e·s ont pu s’exprimer, ont pu questionner fortement y compris via des questions très perturbantes, comme l’intérêt même d’aller mener des expériences dans l’espace.

Il semble que l’expérience ait été très riche pour les étudiant·e·s et un des indicateurs est que dans les deux cas, des étudiant·e·s ont demandé des stages au CSUG suite à ces sessions. D’autres ont souhaité suivre des études dans le domaine. Une de ces étudiant·e·s, issue de l’IEP de Grenoble, est actuellement en stage de M2 au CNES et envisage de faire une thèse sur l’économie du spatial alors qu’elle n’imaginait pas avant la session pouvoir travailler dans le domaine.

Démocratiser l’accès à l’espace est vraiment un axe important des développements du CSUG, en entendant ce terme au sens large. De nombreux étudiant·e·s, notamment des domaines liés aux sciences humaines, pratiquent une sorte d’autocensure et ne s’imaginent pas travailler dans le domaine spatial. C’est également le cas de nombre d’étudiant·e·s dans les domaines scientifiques et technologiques non issus des plus grandes écoles d’ingénieurs. Un des buts de ces sessions au-delà de ses aspects citoyens, est de convaincre les étudiant·e·s participants que ce possible leur est ouvert. Le grand mélange des étudiant·e·s dans ce programme a été une grande richesse et a sur ce plan permis de jouer un rôle désinhibiteur, personne n’étant spécialiste du domaine discuté.

Si en plus de la sensibilisation citoyenne, des étudiant·e·s ont pu lever des tabous sur le champ de leurs possibles notamment lié à l’espace, ces deux sessions ont vraiment été une réussite. À refaire avec un grand enthousiasme.

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