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La transition énergétique, entre conviction et responsabilité

Le 10 avril 2019

La transition énergétique figure en tête des défis à relever pour lutter contre le changement climatique. Malgré la volonté affichée par le Gouvernement, la France accuse encore un retard par rapport à d’autres pays européens.

La transition énergétique consiste à réduire drastiquement notre consommation d’énergie et à faire évoluer notre mix énergétique en substituant aux ressources conventionnelles (pétrole, gaz, charbon) celles renouvelables (solaire, éolienne, hydraulique, biomasse) pour limiter les émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement.

L’Europe s’est donné des objectifs d’efficacité énergétiques volontaristes : réduire de 20 % la consommation d’énergie à horizon 2020 puis de 32,5 % en 2030. Pourtant la trajectoire des trois dernières années n’incite pas à l’optimisme. Alors que l’on constatait entre 1990 et 2017 une baisse de 0,4 %, notre besoin est reparti à la hausse à hauteur de 1 %. Les 1 561 Mtep1 en énergie primaire et 1 222 Mtep en énergie finale que nous utilisons actuellement devront passer respectivement sous les 1 273 Mtep et 956 Mtep en 2030.

Parallèlement la part des énergies renouvelables dans la consommation totale devrait atteindre 20 % en 2020 contre 17 % en 2016. Celle-ci a progressé de 5,3 % par an entre 2006 et 2016. En 2030, le seuil à atteindre est de 32 %. Ces objectifs moyens varient dans chaque pays européen en fonction de leurs situations et ressources. Tous n’affichent pas non plus la même volonté pour les respecter.

La France accuse ainsi un retard par rapport à ces engagements initiaux. En 2016, la part des énergies renouvelables restait en deçà des 12,8 % envisagés. En 2017, la consommation d’énergie fossile augmentait encore et la consommation finale d’énergie dépassait de 4,2 % le seuil fixé. Le gouvernement français a pourtant confirmé dans son récent projet de programmation pluriannuelle les objectifs de la loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015 : porter la part d’énergie renouvelable dans la consommation finale d’énergie à 32 % en 2030. La réduction de consommation énergétique finale devant elle atteindre 20 % en 2030 puis 50 % en 2050.

Impossible en France d’envisager la transition énergétique sans considérer ce fleuron de l’industrie qu’est le nucléaire, peu émetteur de CO2 sans pour autant être durable. La filière assure 75 % de la production électrique du pays. La loi de 2015 prévoyait de réduire sa part à 50 % en 2025. L’horizon vient d’être reporté à 2035 par le Gouvernement. Dans ses travaux de prospective, l’ADEME envisageait deux autres scénarios possibles avec une part du nucléaire atteignant 4,18 %, voire 2,26 % en 2050.

Une victoire de l’éthique de responsabilité sur l’éthique de conviction ? En matière d’adaptation au changement climatique, il n’est pas sûr que l’urgence ne laisse encore la place pour une telle distinction.

  1. Million de tonnes équivalent pétrole : unité de mesure de l’énergie.

La consommation d’énergie en Europe

 

 

     

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