Les enjeux de la parité à quelques mois des municipales

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Les élections municipales de 2026 marqueront un temps démocratique fort avec l’extension du scrutin de liste paritaire aux communes de moins de 1 000 habitants.
©Pascal Fossier - Adobe PhotoStock
Le 17 octobre 2025

L'année 2024 a marqué un coup d'arrêt dans la progression de la parité politique française. La dissolution surprise de l’Assemblée nationale s’est soldée par un recul de la représentation féminine : 36,1 % de députées contre 37,3 % auparavant. Un signal d’alarme, alors même que la France commémore les 80 ans du droit de vote des femmes, acquis le 21 avril 1944. Alors que la loi garantit désormais la parité sur l’ensemble des listes municipales, la parité en politique reste un défi quotidien qui va connaître sa prochaine épreuve du feu lors des élections municipales de mars 2026.

2024 : Un bilan en demi-teinte pour la parité

Les chiffres de la représentation féminine en 2024 dressent un tableau contrasté. Si certaines instances progressent légèrement – 36,8% de sénatrices contre 36,2% en 2022, 20,8% de femmes maires contre 20,1% –, d'autres marquent le pas ou reculent. L'Assemblée nationale, symbole de la démocratie représentative, affiche une baisse significative avec 36,1% de députées, soit 2,7 points de moins qu'en 2017.

La campagne législative éclair de juin 2024 a mis en lumière les limites des dispositifs actuels. Pour sécuriser leurs positions, les partis ont massivement reconduit leurs sortants, majoritairement des hommes, au détriment d’une nouvelle génération de candidates.

Les sanctions financières appliquées aux formations politiques qui ne respectent pas la parité restent par ailleurs insuffisamment dissuasives. Dans certains cas, les partis préfèrent payer l'amende plutôt que de revoir en profondeur leur stratégie d'investiture.

Le tableau est encore plus sombre au sein des intercommunalités, véritables angles morts de la parité : seuls 11% des présidents d'intercommunalité sont des présidentes, et le mode de désignation direct renforce mécaniquement cette inégalité, dans un contexte où 80% des maires sont des hommes. Résultat : une gouvernance déséquilibrée dans ces échelons clés de l’action publique locale.

2025 : Un nouveau levier législatif pour relancer la dynamique paritaire

L'année 2025 a été marquée par une avancée législative significative : l'extension du scrutin de liste paritaire aux communes de moins de 1000 habitants, adoptée le 21 mai 2025. Cette mesure, qui entrera en vigueur dès les élections municipales de 2026, comble une lacune majeure puisque ces petites communes représentent plus de 70% des communes françaises. Jusqu'alors, l'absence de contrainte paritaire réduisait significativement la présence des femmes dans les conseils municipaux de ces territoires.

Cette réforme s'inscrit dans une logique plus large de renforcement des obligations paritaires. Le Haut Conseil à l'Égalité recommande notamment des modes de scrutin plus favorables à la parité, comme des scrutins binominaux pour les législatives.

La piste du non-cumul des mandats dans le temps peut également être explorée, sur le modèle d'autres pays européens comme le Portugal ou la Belgique. Une limitation qui favoriserait le renouvellement des équipes politiques et l'accès de nouvelles personnalités, notamment des femmes, aux postes à responsabilité. A l’échelle internationale, de telles règles encouragent une plus grande diversité parmi les élus.

2026 : un tournant à ne pas manquer

La généralisation du scrutin de liste paritaire aux communes de moins de 1000 habitants représente une opportunité historique pour une progression nette de la place des femmes en politique. Cette réforme concernera près de 24 000 communes et pourrait considérablement accélérer la féminisation des conseils municipaux et, par ricochet, des instances intercommunales.

Mais l'objectif affiché de 50% de femmes maires, aujourd'hui loin d'être atteint avec seulement 20% de mairesses, nécessitera une mobilisation sans précédent. Le défi ne se limite pas à l'application mécanique de quotas, mais requiert une transformation profonde des pratiques et des mentalités politiques.

Des solutions multiples pour rendre la parité effective dans les prochaines années

Depuis plusieurs années, les femmes élues locales ont pris conscience des enjeux de la parité dans leurs communes et au niveau intercommunal et des réseaux et associations ont vu le jour pour porter ces enjeux. Le réseau Elles Aussi organise dans plusieurs départements une remise de prix des « Mariannes de la parité » pour féliciter les intercommunalités les plus vertueuses en matière de parité.

Plus récent, le réseau EluesLocales a formé depuis 2012 plus de 10 000 femmes élues à l’exercice du mandat local. Représenté par une centaine d’Ambassadrices locales élues dans leurs départements, il organise des Journées départementales, régionales et nationales qui permettent aux femmes élues de se retrouver, d’échanger et de se former sur les enjeux du mandat local.

Sur les enjeux institutionnels, l’association Oxfam France et le Haut Conseil à l'Égalité convergent vers des recommandations ambitieuses pour un "Acte II" de la parité. 

Ces recommandations incluent une réforme constitutionnelle pour hisser la parité en droit fondamental, comme le réclament des responsables politiques de tous bords ; des modes de scrutin plus favorables à la parité, notamment des scrutins binominaux pour les législatives et davantage de scrutins de liste pour les sénatoriales. L'exemple des élections européennes, où la France élit 53,2% de femmes au Parlement européen grâce au scrutin de liste paritaire, démontre l'efficacité de ces dispositifs.

Ces organisations recommandent également la mise en place de sanctions plus strictes pour les partis politiques qui s'éloignent de l'égalité. De fait, l'augmentation des pénalités financières en 2014 avait permis de faire passer la part de femmes à l'Assemblée de 27% à 39% aux élections suivantes.

Enfin, elles recommandent des dispositifs paritaires contraignants dans les nominations ministérielles et institutionnelles, notamment l'obligation de parité dans l'attribution des postes régaliens.

Les derniers kilomètres de la parité politique

Les élections municipales de 2026 marqueront un temps démocratique fort avec l’extension du scrutin de liste paritaire aux communes de moins de 1 000 habitants. Avec des progrès qui doivent désormais aussi porter sur la parité « qualitative » et l’attribution paritaire des postes clés, les solutions à mettre en œuvre pour atteindre la parité sont désormais plus diverses, plus complexes, et plus culturelles. L’échéance de mars 2026 marquera un point d’étape important pour analyser ces évolutions culturelles et faire le point sur l’égale participation des femmes et des hommes à la vie politique locale.

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