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Cartoscopie

Les festivals, du temps fort culturel à l’hyper-événement

Carte des festivals en France
Les 10 festivals de musique ayant accueilli le plus de public en 2022 : Festival interceltique de Lorient (900 000), Hellfest (420 000), Fête de l'Humanité (400 000), Festival des vieilles charrues (280 000), Solidays (247 000), Jazz à Vienne (210 000), Printemps de Bourges (200 000), Jazz in Marciac (200 000), Festival de Trezalé (180 000), Rock en Seine (150 000)
©Paul Gallet
Le 22 juin 2023

Au cœur de success stories locales, frappées de plein fouet par la crise du covid-19, objets de critiques pour le gigantisme de certains : les festivals, qui occupent une place à part dans le paysage culturel français, sont aujourd’hui confrontés au défi écologique.

Chaque année, des milliers de festivals ont lieu en France et recouvrent une vaste diversité d’événements. Pour rappel, le ministère de la Culture définit un festival à travers trois critères : « la programmation d’œuvres artistiques et de créations proposée majoritairement par des professionnels », « une durée définie et une récurrence dans le temps » et « un ancrage territorial ». De façon générale, les festivals impliquent une forte coopération entre les organisateurs et les acteurs publics locaux. La dimension financière est incontournable, avec des modalités d’accompagnement et de subvention variées (marché public, aide conventionnée, contrat de service public, etc.). De la commune d’implantation au ministère, plusieurs collectivités et administrations peuvent être sollicitées.

De nombreux festivals ont connu une croissance importante ces dernières années, sans pour autant échapper aux fragilités systémiques qui menacent leur tenue. L’exemple d’Au fil du son illustre certains de ces aspects. Actif depuis 2004 et porté par une association locale (La Ch’mise verte), ce festival localisé à Civray (86) ne rassemblait que quelques centaines de spectateurs pour ses débuts contre 35 000 en 2019. En 2013, un violent épisode orageux balaye le site et contraint les organisateurs à annuler le festival après la première soirée ; annulé en 2020 en raison de la crise sanitaire puis restreint en 2021, Au fil du son annonce en 2022 environ 30 000 spectateurs, soit 20 à 25 % de fréquentation en moins1, selon la direction du festival. La démultiplication de l’offre dans un même périmètre et le même week-end est évoquée comme une explication possible de cette baisse de régime.

Parmi cette multitude de manifestations culturelles, les plus grands festivals se démarquent, ne serait-ce que par leur prix (175 € pour Rock en Seine ou 329 € pour le Hellfest en 2023). Au-delà de leurs tarifs prohibitifs, ces hyper-événements s’attirent d’autres critiques : forte dimension commerciale, non lucrativité questionnée, concurrence d’acteurs privés organisateurs, etc. L’impact écologique et les risques inhérents aux rassemblements de cette taille sont eux aussi pointés du doigt. Des fortes émissions de CO2 générés par les déplacements des visiteurs et des artistes internationaux aux conditions climatiques extrêmes récurrentes (sécheresse, canicule), l’empreinte carbone des festivals est un enjeu de tout premier plan.

  1. « À Civray, bilan positif pour le festival Au fil du son, malgré quelques bémols », La Nouvelle République août 2022.
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