Datalliance, une alliance public-privé pour changer d’échelle sur la donnée

Le 31 août 2023

L’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) a lancé, le 8 juin 2023, le réseau Datalliance avec une dizaine de start-up. Objectif : créer un écosystème de coopération sur le modèle du partenariat public-privé pour accélérer la production de géo-données au service de la planification écologique.

« Avec Datalliance, l’IGN unit le meilleur des deux mondes public et privé pour mettre les données au service des politiques publiques de la transition écologique […]. Inondations, feux de forêts, érosion du littoral, sécheresse, etc., face à des phénomènes écologiques de plus en plus fréquents et violents, la Nation a besoin d’un poste de pilotage pour comprendre ces phénomènes et opérer les choix qui s’imposent : occupation des sols, gestion des ressources, pratiques agricoles et sylvicoles, modes de transport et énergies renouvelables. Véritable mètre étalon, la donnée est au cœur de la planification écologique et du dispositif France Nation verte. Pour être au rendez-vous, l’IGN lance le réseau Datalliance, un cadre de confiance pour unir les forces, mobiliser l’écosystème, faciliter l’intégration de solutions innovantes, lever les verrous techniques, intégrer les solutions, garantir la cohérence et passer à l’échelle les données souveraines », précise le communiqué de presse publié à l’occasion du lancement de cette grande alliance1.

Pour Sébastien Soriano, le directeur général de l’IGN, l’État va avoir besoin de données pour piloter sa stratégie de planification écologique : « Cette initiative vise à apporter des données pertinentes à l’échelle nationale en associant les acteurs du privé (start-up et entreprises) qui développent déjà des solutions innovantes sur les défis de fond de la transition écologique », explique-t-il. Cette démarche d’ouverture pour favoriser la coopération de tous les acteurs de la donnée géographique s’inscrit dans le cadre de son contrat d’objectifs et de performance (COP) 2020-2024, qui vise notamment a recentrer la mission de l’IGN sur la production de données et de « cartographies de l’anthropocène » pour mieux évaluer l’impact du changement climatique et ainsi documenter, alerter et outiller les décideurs publics2. L’ambition de cette nouvelle alliance, ouverte aux entreprises, mais aussi aux acteurs publics, est de fournir des données pour construire des postes de pilotage par thématique (biodiversité, forêt, littoral, etc.) : « Les start-up, PME du secteur et acteurs industriels ont des capacités précieuses pour changer d’échelle sur la production de données géographiques », précise Sébastien Soriano.

Une dizaine de start-up en intelligence artificielle, new space, jumeaux numériques, etc.

Une dizaine de start-up innovantes ont déjà rejoint le réseau Datalliance. Elles sont issues du monde de la donnée et agissent dans divers domaines : géo-analyse, imagerie radar, satellite, télédétection hyper-spectrale, intelligence artificielle (IA), traitement de la donnée, etc. Leurs solutions technologiques pourront être mises au service du suivi du trait de côte et de l’occupation des sols, de l’objectif « zéro artificialisation nette » (ZAN), de la smart city, des énergies renouvelables, de l’anticipation des risques d’inondation, des feux de forêt, etc.

« Les start-up, PME du secteur et acteurs industriels ont des capacités précieuses pour changer d’échelle sur la production de données géographiques », précise Sébastien Soriano.

i-Sea, une start-up implantée à Pessac près de Bordeaux, spécialisée dans la cartographie et la surveillance environnementale du littoral et de la biodiversité par les données spatiales. Elle accompagne notamment les communes littorales de métropole et d’outre-mer pour cartographier l’érosion littorale en s’appuyant sur l’imagerie satellitaire. Pour Aurélie Dehouck, présidente d’i-Sea, Datalliance était nécessaire pour accélérer la co-production de données et surmonter « le dernier kilomètre » de la donnée : « Les besoins de données géographiques et spatiales pour anticiper et piloter les problématiques liées aux risques littoraux (recul du trait de côte, submersion marine) vont devenir de plus en plus importants. Cette grande alliance va pouvoir y répondre en permettant aux collectivités de tirer davantage profit de la data », explique Aurélie Dehouck.

Des plateformes de données géographiques pour accélérer la transition écologique

Le lancement de plateformes cartographiques accessibles aux collectivités pour les aider à piloter la transition écologique fait aussi partie des chantiers de l’IGN. Celle-ci a notamment lancé au début de l’été 2023, avec le ministère de la Transition énergétique et le centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) un portail cartographique des énergies renouvelables. Ce portail publie des données géographiques sur les potentiels d’énergies renouvelables, sur les installations existantes et les capacités installées ainsi que sur les réseaux de transports et de distribution. Il propose également de nombreuses informations sur l’occupation du sol, sur l’environnement et la biodiversité, sur l’urbanisme et des fonds de plan donnant la possibilité à chaque collectivité de construire ses zones d’accélération des énergies renouvelables. L’IGN pilote aussi l’Observatoire des forêts françaises, lancé le 10 juillet 2023 et dont le portail rassemble pour la première fois toutes les données disponibles sur les forêts du territoire. Enfin, l’institut prépare un portail recensant toutes les cartes existantes qui devrait être disponible prochainement.

  1. L’IGN lance Datalliance, un réseau ouvert de partenaires publics et privés, pour répondre par la donnée aux grands défis de la transition écologique, communiqué de presse, 8 juin 2023.
  2. Nessi J., « L’anthropocène et les géo-communs, les nouveaux horizons de l’IGN », Horizonspublics.fr 7 déc. 2021.
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