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Cartoscopie

Quelle attractivité des territoires littoraux français en 2050 ?

Le 3 novembre 2021

À quoi ressembleront demain les territoires littoraux ? Seront-ils toujours aussi attractifs privés de certaines de leurs aménités et marqués par un niveau de risque accru ?

Si l’on se résignait à retenir l’attractivité comme critère de réussite d’une trajectoire territoriale, alors les littoraux emporteraient la palme. Quels autres territoires français peuvent se targuer d’attirer depuis plusieurs dizaines d’années toujours plus d’habitants, que ceux-ci se contentent d’absorber la croissance démographique et urbaine d’espaces très contraints, ou qu’ils bénéficient de l’arrivée de résidents toujours plus nombreux en sus de l’accueil massif de touristes ?

Si l’on n’en croit l’Insee, la dynamique ne devrait pas se tarir : les façades sud et ouest métropolitaines seraient toujours favorisées demain par l’arrivée de jeunes retraités et d’actifs en quête de mode de vie apaisé, maintenant adeptes du télétravail. Il faudra néanmoins vérifier avec des données fiables l’ampleur dans la durée de ce phénomène post-covid.

Mais quel crédit accordé à ces projections tendancielles alors l’on prend conscience de l’impact qu’aura sur nos territoires de vie le changement global ? Quel avenir peut-on imaginer pour ces espaces littoraux dont on connait justement l’extrêmes exposition et vulnérabilité aux aléas climatiques ? Quelle est la sensibilité de leur modèle de développement et de leur attractivité à une explosion des risques liés aux tempêtes, à la submersion et aux inondations, à l’érosion et au recul du trait de côte ?

Les scénarios du groupement d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) les plus crédibles aujourd’hui laissent présager que nous subirons en 2050 une augmentation des températures de 2 à 2,5° C, une élévation du niveau des mers de 30 à 40 centimètres et des surcotes pouvant atteindre plus de 2 mètres lors d’épisodes extrêmes dont la fréquence passera de centennale à décennale. La recomposition socio-spatiale qui devrait en résulter mérite que l’on y accorde toute notre attention : nombreux sont en effet les habitants et espaces de cohabitation menacés ainsi que les bâtiments, équipements et infrastructures côtiers qu’il faudra protéger ou déplacer dans les 30 prochaines années.

Les plans engagés à Saint-Martin après le passage dévastateur du cyclone Irma ou encore en Charente-Maritime après celui de Xynthia soulignent, même après ces épisodes traumatisants, la grande difficulté à conduire des tels exercices d’adaptation du littoral : ils mettent à l’épreuve nos rapports profonds aux lieux que nous habitons – attachement à notre demeure, aux paysages, à la société locale, au patrimoine – ainsi que notre capacité de gestion collective de transformations aussi radicales.

À quoi ressembleront demain les territoires littoraux ? Seront-ils toujours aussi attractifs privés de certaines de leurs aménités et marqués par un niveau de risque accru ? Assistera-t-on à un repli prudent dans les espaces rétro littoraux et les arrière-pays ? Trouverons-nous les moyens de protéger ce que nous estimerons doté d’une valeur patrimoniale, économique ou culturelle irremplaçable ? Un immense chantier en perspective.

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