Des ateliers de « débogage » pour les jeunes agents publics

Atelier de débogage
Le 27 décembre 2019

À l’occasion de la 6e édition de la semaine de l'innovation publique qui s’est déroulée du 25 au 30 novembre, l'association Fonction Publique du 21e siècle  (FP21) et les Halles Civiques ont expérimenté des ateliers de « débogage » d’un nouveau genre destinés à coacher les jeunes agents publics. Retour sur ces ateliers qui permettent grâce à un format expérimental et sur un temps court (1 heure) de donner des éclairages sur un projet, de faire émerger des solutions, grâce aux regards extérieurs et aux expériences différentes.

Une grande nef dotée d’un plafond cathédrale ouverte sur une cuisine, des salles de réunions, un espace de coworking :  bienvenue à la Halle Civique de Superpublic , un tiers lieu convivial de 350 m2 niché au cœur du 11ème arrondissement de Paris, à quelques encablures du Quartier Bastille.

9h. Sur la grande table de la salle principale, du café, des viennoiseries, des gâteaux mais surtout une drôle de feuille circulaire jaune fluo …. Ces supports colorés ont été installés pour les besoins des ateliers de la matinée. Leur objectif ? Coacher pendant une heure un jeune agent public confronté à un défi ou une difficulté dans son travail.

9h10. Les candidats au débogage arrivent un à un. Suivis bientôt des consultants des cabinets Oyena, Itinéraire Bis, Indivisibles ou La 27ème région. Leur point commun : ils sont tous membres des Halles Civiques, une association créée en 2017 qui a vocation à regrouper les acteurs de l’innovation publique, civique et démocratique. Pour la Semaine de l’Innovation Publique, Les Halles Civiques se sont associées à FP21 pour proposer cet événement d’un nouveau genre.

Un laboratoire éphémère du débogage

Ensemble, ces professionnels vont mobiliser leurs compétences pour accompagner quatre jeunes agents publics. Les ateliers se déclinent en « cinq étapes », annonce Gaétan Barbe, fondateur de l’agence Itinéraire bis : l’annonce de la problématique, les « 5 pourquoi », la reformulation, le point de vue à 360°, les objectifs et la feuille de route qui l’accompagne.

L’objectif de ce « laboratoire éphémère » ? Croiser les expertises complémentaires de designers, experts de l’innovation et de l’organisation publique. Invités à participer cette expérience inédite, l’AP-HP et la DGAFP (Direction générale de l'administration et de la fonction publique) ont un rôle de « médiateur, de traducteur », précise Giulia Reboa, Présidente de FP21.

Laboratoire éphémère de débogage

9h30. Les ateliers démarrent. Dans une des salles de réunion, un petit groupe s’attable autour de Cécile Margueritte, 31 ans, inspectrice de l’action sanitaire et sociale de l’Agence régionale de santé (ARS) Occitanie. La participante soumet d’entrée de jeu la mission qui lui a été attribuée : mettre en place en interne un groupe de réflexion éthique au sein de l’ARS. Un projet ambitieux et pertinent dont il faut affiner le fil rouge.

Autour de la table, Stéphane Vincent et Nadège Guiraud de La 27ème région ainsi que Chloé Rotrou de l’agence Indivisible, posent des questions pour tenter de mieux cerner les enjeux. « Pour quelles raisons cette commande a-t-elle été décidée ? ». « Quels sont les objectifs demandés par la structure ? Des indicateurs de réussite ont-ils été déterminés ? ».

La jeune agent public expose le contexte, précise, éclaircit les points soulevés par les experts. Les avis fusent, se croisent et des perspectives nouvelles s’ouvrent. Au terme d’une heure d’échanges, une feuille de route se dessine avec à la clé des propositions concrètes  comme la mise en œuvre à court terme d’un atelier de co-construction qui doit questionner la notion d’éthique et permettre d’en définir les périmètres. En sortant, la directrice d’hôpital explique : « En exposant à des regards extérieurs les enjeux de cette mission, cela m’a contrainte à verbaliser autrement certains aspects et permis d’appréhender le projet différemment, de faire un pas de côté tout en restant très opérationnel ».

10H30. Fin de premiers ateliers. Un second round peut commencer.

Ouvrir le champ des possibles

Âgée de 30 ans, Lucila Modebelu, directrice au CHU de Nancy, présente son défi : mettre en œuvre un circuit court d’accès aux consultations médicales de l’hôpital aux populations migrantes. C'est un projet porté par les professionnels de terrain, pour l'accès aux soins des personnes vulnérables. Sa réussite implique la coordination de nombreux acteurs de santé aux cultures professionnelles très diverses. Autant de paramètres qui nécessite créativité et méthodologie. Chacun des professionnels présents écoute avec attention et bienveillance. Lucie Drouet du cabinet de conseil Oyena tapisse la table de post-it jaunes et roses sur lesquels on peut lire : « comment ? », « limites », « analyse du contexte ». Les questions fusent pour comprendre les enjeux mais aussi appréhender les marges de manœuvre dont on dispose pour mener à bien son projet. « L’avantage, c’est que c’est un projet qui doit encore prendre forme. », analysent les consultants.

Pointant les zones d’ombre, ils rassemblent, tel un puzzle, les pièces manquantes. Et élaborent de nouvelles pistes : « Votre mission n’est pas tant de mettre en œuvre ce projet que d’en créer les cadres et favoriser ainsi un déploiement utile ». Lucila quitte l’atelier avec dans ses bagages des conseils opérationnels. « En l’espace d’une heure, l’atelier a été d’une efficacité redoutable, car ancré dans mon quotidien, et les propositions sont intelligibles et faisables.  », constate la participante.

12H30. La matinée s’achève. Giulia Reboa, présidente de la FP21, en échangeant avec tous les participants, observe : « En partant des pratiques et de l’expérience quotidienne des agents, ces ateliers redonnent du sens au travail. On est vraiment connecté au milieu professionnel des agents. On n’est pas hors-sol dans une bulle d’innovation ou un plan d’action théorique. » Un format expérimental que les Halles civiques espèrent développer et décliner.

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