Anne Guibert : « Les transitions font évoluer le travail »

Pourriez-vous nous rappeler brièvement les missions et les objectifs de l’Anact ?

L’Anact est un établissement public administré par l’État et les partenaires sociaux. Elle a vocation à améliorer les conditions de travail en agissant notamment sur l’organisation du travail et les relations professionnelles. En pratique, nos équipes mènent des projets-pilotes d’amélioration des conditions de travail avec des entreprises, associations, ou administrations et en partenariat avec des organismes agissant au niveau des territoires ou des secteurs d’activité (branches, fédérations…). À partir des enseignements de ces projets, nous concevons et diffusons, des outils et méthode à destination des directions, des salariés et de leurs représentants.

Pour les trois ans qui viennent, notre agence se mobilise en priorité pour promouvoir la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) dans les entreprises, mais aussi pour prévenir l’usure au travail et accompagner les mutations du travail (notamment le télétravail, les transitions numérique et écologique) de façon à en faire des leviers d’amélioration des conditions de travail.

Les transitions écologiques, numériques et le développement du télétravail sont en train de changer en profondeur les organisations publiques comme privées. Quel regard portez-vous sur ces enjeux et comment les accompagnez-vous ?

C’est souvent sous l’angle des évolutions techniques ou des évolutions de process ou d’achats que les transitions en cours sont abordées par les structures. Beaucoup d’entre-elles sont par exemple à la recherche des nouveaux équipements, ou des nouveaux process techniques qui leur permettront de mieux digitaliser leur activité ou de décarboner plus rapidement. Les impacts RH (besoins en recrutement, fidélisation, montée en compétences) sont plus difficilement anticipés dans les entreprises de petite taille.

Quant aux effets de ces transitions sur les conditions de travail, ils sont moins souvent encore pris en compte. Or, ces transitions font évoluer le travail : s’il faut moins travailler aux heures chaudes, davantage limiter les déplacements, privilégier les circuits courts, trouver de nouveaux matériaux, cela a des impacts sur l’organisation du travail, les modes de coopération, les relations clients...

Les effets et modalités de ces transitions doivent donc être l’objet de dialogue régulier avec les équipes en prenant en compte les questions et les propositions « de terrain ». Il s’agit à la fois de repérer les risques éventuels liés à ces transformations, mais aussi d’identifier en quoi elles peuvent être l’occasion d’améliorer les conditions de travail, et au-delà de favoriser le développement des personnes au travail.

« Transitions et travail, on en parle ? », c’est justement le thème de la Semaine pour la qualité de vie et des conditions de travail – rebaptisée à l’occasion de ses 20 ans – qui aura lieu du 19 au 23 juin 2023. Quels seront les temps forts ?

Durant la semaine, une programmation de webinaires et d’événements organisé par l’Anact et ses délégations régionales sera accessible gratuitement. Vous pouvez en voir le détail sur le site semaineqvct.anact.fr. Je vous indique en particulier le webinaire inaugural lundi matin  19 juin sur le thème « transitions et travail, on en parle ? », plusieurs ateliers en région sur les démarches qualité de vie et des conditions de travail ou encore notre Serious game sur la transition écologique organisé dans 6 localisations et qui permettra de faire travailler ensemble des groupes de dirigeants, de représentants des employés autour de questions très concrètes  de la transition autour du cas fictive d’une TPE de l’agroalimentaire.

Comment anticipez-vous les mutations du travail ? Menez-vous un travail de prospective et si oui, sur quels chantiers 

Plusieurs « sources » nous permettent de tenter de repérer les questions nouvelles qui se posent en lien avec les évolutions du travail : le travail dans les entreprises, les projets partenariaux, nos liens réguliers avec les pouvoirs publics, les activités de veille, les contacts avec le chercheur…  Certains dispositifs que nous portons, tels que le Fact (Fond pour l’amélioration des conditions de travail et la Fabrique CTO (Conditions de travail et organisation), nous permettent également d’identifier des problématiques émergentes et des pratiques intéressantes d’entreprises. En 2023, nous lançons dans ces cadres-là, des appels à projets destinés au secteur industriel, aux évolutions du dialogue social, aux liens entre écologie et travail etc.