Comment l’écologie transforme-t-elle le travail des agents territoriaux ?

Ecologie et redirection du travail municipal
©DR
Le 11 mars 2025

Bifurcations RH ! Écologie et redirection du travail municipal : c’est le titre d’une enquête, menée entre novembre 2023 et septembre 2024 par la ville de Grenoble, qui passe en revue les conditions de travail, les risques professionnels et les évolutions possibles de neuf métiers territoriaux à l’épreuve de la redirection écologique.

« L’enquête méthodologique menée à Grenoble repose sur un postulat clef : les transformations écologiques des collectivités territoriales ne peuvent être efficaces que si elles partent du travail réel », explique Xavier Perrin, conseiller gestion et stratégie, directeur de projet Communs et pilote de Bifurcations !, chantier de transformation du projet d’administration à la ville de Grenoble. Cette étude s’inscrit dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) « Écologie et travail », lancé par l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT), visant à soutenir des projets innovants ayant trait à l’articulation des problématiques de transition écologique et de conditions de travail dans des organisations de toutes sortes. « Cette initiative vise à soutenir des projets innovants et toute organisation, ayant trait à l’articulation des problématiques de transition écologique et de conditions de travail », précise Vincent Mandinaud, chef de projet Transition numérique et conditions de travail à l’ANACT.

L’enquête méthodologique menée à Grenoble repose sur un postulat clef : les transformations écologiques des collectivités territoriales ne peuvent être efficaces que si elles partent du travail réel.

Des métiers à réinventer

C’est en suivant ce postulat que les auteurs de cette enquête collective3 ont travaillé sur les activités concrètes de neuf métiers : agents d’entretien et de restauration dans les écoles municipales, auxiliaires de puériculture, jardiniers et jardinières, managers, mécaniciens et mécaniciennes, thermiciens et thermiciennes, chargés prévention et de recrutement et chargés de formation.

Objectif : tenter de mieux comprendre les activités réelles de chaque métier, identifier les tensions liées aux défis écologiques, les problématiques RH et les pistes prospectives pour une transition soutenable. Par exemple, les mécaniciens des ateliers municipaux se trouvent à la croisée des chemins. La transformation du parc automobile (moins de voitures thermiques, plus de voitures électriques) et la généralisation des mobilités plus douces nécessitent une évolution de leurs compétences. Parmi les pistes préconisées, « les mécaniciens pourraient devenir polyvalents entre cycles et véhicules intermédiaires, développer des ateliers mécaniques ouverts pour renforcer l’économie circulaire ou encore devenir experts en maintenance préventive », peut-on lire dans le rapport4.

Embarquer les RH et créer un pôle enquêtes pour bifurquer

L’étude souligne la nécessité pour la direction des ressources humaines (DRH) de s’adapter aux enjeux de la transition écologique et de se positionner comme un acteur central de cette transformation. La DRH doit tenir compte du travail réel et des conditions de travail des agents. « Le projet a ouvert la voie à une gouvernance RH plus participative. Le projet Bifurcation RH ! ne se limite pas à un diagnostic ou à une série de recommandations. Il constitue une invitation à réinventer les fondements des ressources humaines dans une logique de redirection écologique. En valorisant les métiers, en ouvrant des espaces de dialogue avec les organisations syndicales et les citoyens-usagers, et en articulant mieux les dimensions sociales et environnementales, ce projet offre une boussole précieuse pour les collectivités en quête de résilience », écrivent les auteurs de l’étude. Ils mettent aussi en avant l’importance de l’enquête comme moyen de comprendre et d’agir face à la complexité de notre époque. Parmi les atterrissages possibles, ils suggèrent de créer un pôle enquêtes dans les collectivités territoriales pour favoriser l’implication des agents dans l’évolution de leurs métiers face aux défis du changement climatique.

« Cette démarche centrée sur les métiers et le travail est un outil précieux pour les autres collectivités cherchant à bifurquer de manière pragmatique et juste », confie Xavier Perrin, qui a initié un « cercle apprenant des bifurcations écologiques » avec l’Institut national des études territoriales (INET). Les résultats de ces expérimentations seront présentés lors de la Biennale des villes en transition de Grenoble en mai 2025 lors d’une journée « RE. direction générale ».

     
  1. Cette étude est bâtie sur un consortium assez inédit réunissant Alexandre Monnin et son nouvel Observatoire de la redirection écologique, Bastien Marchand, doctorant diplômé du master en thèse Cifre chez Auxilia Conseil, Manon Pech, haute fonctionnaire territoriale en disponibilité.
  2. Grenoble 2024, Bifurcation RH ! Écologie et redirection du travail municipal, 2024, « Synthèse des enquêtes sur les mécaniciens des ateliers municipaux de Grenoble », p. 186-187.
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