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Quand des communes ferment la porte aux résidences secondaires

Le 18 septembre 2025

La loi visant à « renforcer les outils de régulation des meublés de tourisme à l’échelle locale », promulguée en novembre 20241, introduit la possibilité pour certaines communes d’interdire la construction de nouvelles résidences secondaires. En quelques mois, plusieurs collectivités touristiques de premier plan ont décidé d’y recourir.

La mairie de Chamonix n’attribuera désormais plus aucun permis de construire pour des projets de résidence secondaire sur la quasi-totalité de son territoire. En mars dernier, la ville haut-savoyarde a été la première en France à mettre en œuvre l’article 5 de loi Le Meur, destinée à réguler les meublés touristiques et adoptée fin 2024. Le texte instaure la possibilité pour une collectivité de réserver, dans tout ou partie des zones urbanisées ou à urbaniser de son territoire, la construction de nouveaux logements uniquement à des fins de résidence principale. Ne peuvent être concernées que les secteurs dans lesquels les résidences secondaires représentent plus de 20 % du parc de logements, ou ceux dans lesquels la taxe annuelle sur les logements vacants est applicable. La loi dote par ailleurs les maires d’un pouvoir de sanction à l’égard des propriétaires ou locataires qui ne respecteraient pas cette obligation.

D’après les données de l’Insee2, les résidences secondaires représentaient 69 % des logements de Chamonix en 2021. Depuis 2022, la part des permis de construire destinés à ce type d’usage a déjà fortement diminué (18 % du total des logements autorisés), mais la ville passe désormais à la vitesse supérieure. Elle n’est pas la seule : en avril 2025, la commune corse de Bonifacio (où les résidences secondaires constituaient 54 % des logements en 2021, et 23 % des permis de construire entre 2022 et 2024) a adopté une mesure identique. En mai, Royan a fait de même dans quatre secteurs de son territoire qui doivent être urbanisés dans les prochaines années. En juin, c’était au tour des cinq communes de l’agglomération Côte Basque-Adour de prendre la même décision (Bayonne, Anglet, Biarritz, Boucau et Bidart) : une première à une échelle intercommunale.

Est-ce le début d’un mouvement de fond ? Avant même l’arrivée de la loi Le Meur, nombreuses sont les communes touristiques qui, dans les faits, n’ont attribué aucun ou quasiment aucun permis de construire pour des résidences secondaires entre 2022 et 2024, parmi lesquelles Fréjus, Menton, Hendaye, Argelès-sur-Mer ou encore Honfleur. Quelques autres, minoritaires, semblent néanmoins avoir fait le choix inverse, à l’instar de Pennedepie dans le Calvados (49 permis de construire de résidences secondaires accordés en 2024 contre 3 en résidences principales), Grosseto-Prugna en Corse (270 autorisations accordées depuis 2022, soit 55 % des permis de construire) ou Saint-François-Longchamps en Savoie (95 permis de résidences secondaires octroyés en deux ans, soit 67 % du total).

  1. L. no 2024-1039, 19 nov. 2024, visant à renforcer les outils de régulation des meublés de tourisme à l’échelle locale, dite « loi Le Meur ».
  2. Insee, Dossier complet - Commune de Chamonix-Mont-Blanc (74056). Chiffres détaillés, 10 juill. 2025.
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