Pour éclairer ses décisions, Paris-Saclay lance un comité éthique et scientifique

Le 16 septembre 2025

L’objectif de ce comité est d’éclairer l’action publique. Cette initiative « inédite » repose sur la participation de l’université Paris-Saclay et de l’Institut polytechnique de Paris. Deux rendez-vous importants sont déjà prévus avant la fin de l’année.

À l’heure où de nombreuses bêtises se déversent dans les tuyaux numériques et que le moindre influenceur sans étude et maniant une rhétorique dangereuse peut contester des rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) écrits par les plus grands spécialistes, il faut, à l’évidence, renforcer les digues du savoir. Si l’initiative prise par Paris-Saclay mérite d’être saluée, elle est d’autant plus évidente que le territoire de la collectivité regorge d’établissements d’enseignement supérieur et de recherche. Grégoire de Lasteyrie, président de l’agglomération Paris-Saclay, a raison de dire que « la science est dans l’ADN de notre territoire ». « C’est une opportunité, renchérit Camille Galap, président de l’université Paris-Saclay ; nous avons sur ce territoire de véritables fleurons scientifiques, de rang mondial. La collectivité a parfaitement raison de s’en saisir. » « Nous sommes convaincus que l’éthique, la science et la responsabilité collective sont les leviers essentiels pour répondre aux défis de notre temps. Ce comité incarne notre ambition de bâtir un territoire exemplaire, où chaque décision publique s’appuie sur l’excellence académique et le dialogue avec la société », poursuit le président de la communauté d’agglomération.

Urba(IA), jumeau numérique territorial de Paris-Saclay

Urba(IA) est un projet relevant d’un consortium d’acteurs publics et privés, rassemblant des acteurs de premier plan tels que Buildrz, CentraleSupélec, Dassault Systèmes, L’Institut Paris Région, l’IRT SystemX et NamR. Une démarche avant-gardiste permettant la création d’un jumeau numérique et des modules IA destinés à la simulation urbaine. Un outil qui permettra d’avancer plus rapidement dans les nécessaires adaptations territoriales, à partir d’une projection d’une grande exactitude scientifique.

Écouter ceux qui ont une expertise scientifique

Si d’autres initiatives ont été prises ailleurs, notamment à Montpellier, qui, en 2024, a fait le choix de jeter les fondations d’un comité métropolitain de l’intelligence artificielle (IA), Paris-Saclay a le mérite de voir plus large, même si la thématique polymorphe de l’IA sera décortiquée dans le cadre du comité éthique. « La science et la technologie sont de plus en plus présentes dans notre société, c’est un fait. L’action publique ne peut plus l’ignorer », estime Grégoire de Lasteyrie. Les experts réunis représentent plusieurs disciplines académiques, de la physique quantique au droit du numérique, en passant par la propriété intellectuelle. Le comité sera directement sollicité par la collectivité ou aura même la possibilité de s’auto-saisir de débats en cours au sein de l’instance communautaire. La souveraineté, la protection des données, la soutenabilité des projets d’aménagement ou encore la cybersécurité seront les sujets sur lesquels le comité d’éthique sera amené à prendre position. « Nous voulons redonner du crédit à ceux qui possèdent une expertise particulière dans leur domaine, mais qui ne sont pas toujours suffisamment écoutés dans notre société », affirme le président de l’agglomération. « La science permet de combattre le populisme en s’appuyant sur des faits, assure de son côté Sylvie Retailleau, présidente du comité et ancienne ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Précisant cependant dans la foulée que l’objectif n’est pas de « prendre des décisions à la place des politiques ».

Six axes majeurs, quatre collèges

Six axes majeurs d’intervention ont été retenus. Le premier concerne les transitions écologiques et énergétiques (optimisation des ressources, réduction de l’empreinte environnementale, adaptation au changement climatique). Le deuxième, la santé et le bien-être, à savoir la prévention, l’innovation médicale, les impacts des transitions sur la santé ou encore l’accès aux soins et la qualité de vie. Troisième axe, les transitions numériques et l’IA, regroupant la gouvernance des données, la souveraineté numérique, les projets structurants comme Urba(IA), jumeau numérique territorial de Paris-Saclay (voir encadré). Le quatrième axe relève de l’innovation responsable et frugale, à travers l’évaluation de l’impact sociétal et environnemental des technologies, frugalité numérique. Cinquième axe, la fabrique du territoire et accompagnement des politiques publiques : aménagement, mobilité, développement économique, anticipation des mutations. Enfin, la transparence, l’acceptabilité et la cohésion des projets territoriaux forment le dernier et sixième axe : pédagogie, dialogue, formation et participation citoyenne.

Les experts réunis représentent plusieurs disciplines académiques, de la physique quantique au droit du numérique, en passant par la propriété intellectuelle.

Experts bénévoles

Quatre collèges complémentaires se réuniront régulièrement (partenaires académiques, experts techniques, élus et cadres de l’agglomération, société civile), composés de personnalités reconnues désignées pour une année ou deux. À noter que ces personnalités s’engagent de façon bénévole. Le comité d’éthique entend marquer rapidement les esprits, avec un premier rendez-vous international à l’automne avec des experts du monde entier annoncés pour échanger autour de nouvelles formes de coopération géo-éthique. Un autre rendez-vous est prévu en décembre autour de l’IA, et notamment d’Urba(IA), pour en tirer les premiers enseignements et mesurer concrètement les effets d’une telle démarche pour les habitants du territoire.

×

A lire aussi