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Décider avec les sciences, cela s’apprend !

CitizenCampus
Dans une société construite grâce aux connaissances scientifiques et technologiques, les sciences doivent inévitablement jouer un rôle dans les décisions.
©UGA
Le 13 août 2020

L’épisode de la pandémie de covid-19 a montré que la science joue un rôle central dans la décision publique. Former des cadres dirigeants de tous les secteurs de la société à découvrir la contribution des sciences dans le processus de décision telle est, justement, la mission de l’Institut des Hautes études pour la science et la technologie (IHEST). Quand l’IHEST inspire CitizenCampus.

Le cycle de formation délivré par l’Institut des Hautes études pour la science et la technologie (IHEST), ainsi que les autres séminaires que l’institut propose, relève de la relation science société, avec une orientation délibérément positionnée vers la prise de décision. D’abord parce le public concerné est celui des décideurs et des prescripteurs. Les décideurs regroupent les cadres en situation de responsabilité, aussi bien dans la recherche et l’enseignement supérieur et les autres secteurs publics que les entreprises et le monde économique, les associations et les fédérations professionnelles et syndicales, bref tous ceux qui préparent ou engagent les décisions qui concernent la société et son avenir. Parmi les prescripteurs, on compte les élus, les journalistes, les consultants, et tous ceux qui ont une influence sur les décideurs et sur les citoyens et citoyennes.

Ensuite parce que, dans une société construite grâce aux connaissances scientifiques et technologiques et fondée sur elles, les sciences doivent inévitablement jouer un rôle dans les décisions. Toutefois, leur apport n’est pas simple à appréhender, car il ne se résume jamais à l’équation suivante : un problème = une solution. La crise sanitaire du covid-19 vient d’en faire la démonstration. La science ne détient pas la vérité : c’est petit à petit qu’elle parvient à la certitude.

Pendant la crise du covid-19, la démarche scientifique fondée sur l’analyse critique, la controverse scientifique et l’évaluation par les pairs, portée tout à coup sur la place publique, a surpris élus et citoyens. De même l’appréhension d’une situation complexe qui n’avait pas, tant s’en faut, que des implications de santé publique, aurait dû conduire les décideurs à mieux recourir à la pluridisciplinarité.

Enfin, comme le dit Cédric Villani dans un article intitulé « De la difficile équation entre science et politique » paru dans The conversation1 : « C’est bien au politique qu’il revient d’avoir le dernier mot : devant l’abondance de paramètres à régler, avec des répercussions sur nos modes de vie et notre économie, la science devrait seulement présenter des possibles et laisser le politique arbitrer. » S’appuyer sur les sciences pour éclairer une décision n’a donc rien d’évident, ni de spontané. Cela s’apprend : il faut connaître le fonctionnement de la science et de la démarche scientifique, et assumer ensuite la décision, comme d’habitude : le scientifique n’est pas le décideur, il ne porte pas la responsabilité de la décision. Cela s’apprend et cela s’enseigne, précisément à l’IHEST. Nos cycles de formation sont donc des expériences où s’acquièrent des connaissances pluridisciplinaires et la démarche scientifique appliquées à des sujets que chaque type de décideur ou de prescripteur peut rencontrer dans sa pratique professionnelle.

Depuis deux ans, l’IHEST travaille sur la question des transitions. La promotion Wangari-Maathaï 2019-2020 termine son cycle « Préparer les transitions : fictions, sciences, réalités ». La future promotion, en cours de recrutement, s’intéressera à l’action à mener et à ce qui la bloque avec le cycle « Affronter les transitions, entre prise de conscience, paradoxes et initiatives » 2.

Avons-nous pris conscience de l’ampleur des transformations à mener dans nos sociétés, celles qui sont induites par le changement climatique et la question écologique, par la révolution numérique : les transitions à mener dans l’économie, dans l’éducation, dans la gouvernance des institutions, des nations et du monde ? Les transitions qui affectent l’Europe, qui se préparent en Afrique ? Comment agir si la prise de conscience est là, alors que chaque action est complexe à mener et a une influence en retour qui peut porter en germe plus de problèmes que de solutions ? Quelles initiatives existent sur le terrain ? Il faut choisir, et la promotion ira les étudier, les passer au crible de la démarche scientifique en région Bourgogne Franche-Comté et Auvergne Rhône-Alpes, au cœur de l’Europe (les initiatives mal connues de la grande région européenne), en Afrique, à travers l’exemple du Sénégal. La promotion travaillera également sur des thématiques concrètes proposées par l’office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, et par d’autres partenaires et produira des rapports qui seront restitués aux commanditaires.

CitizenCampus
Dans une société construite grâce aux connaissances scientifiques et technologiques, les sciences doivent inévitablement jouer un rôle dans les décisions.
©UGA
  1. Villani C., « De la difficile équation entre science et politique », The conversation 18 mai 2020, https://theconversation.com/de-la-difficile-equation-entre-science-et-politique-138272
  2. https://www.ihest.fr/nos-programmes/cycle-national-de-formation/cycle-national-ihest
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