Grâce à Lidar HD, l’IGN redistribue les cartes

Le Lidar HD est capable d’enregistrer dix points par mètre carré contre deux seulement aujourd’hui, ce qui ouvre de nouvelles perspectives d’exploitation de ces données, à l'image de ce nuage de points-basilique du Sacré-Coeur à Paris.
©IGN
Le 18 novembre 2021

En l’espace de cinq ans, l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) va affiner la connaissance cartographique du pays. Pour y parvenir, elle recourra à la technologie Lidar (LIght Detection and Ranging), qui améliore la connaissance en 3D du territoire. Véronique Pereira, responsable du service projets et prestations, nous explique l’importance de ce projet.

Véronique Pereira

Selon Véronique Pereira, responsable du service projets et prestations, les données recueillies permettront de déboucher sur des applications très concrètes, notamment en matière de préservation de l’environnement.

Pouvez-vous nous expliquer le projet Lidar HD ?

Avec le programme Lidar HD, la France lance pour la première fois un projet national de couverture à haute intensité afin de disposer d’une description 3D très précise de son territoire au service des politiques publiques, du développement économique et de la recherche scientifique, dans un contexte de changement climatique à forts enjeux.

Un avion mandaté par l’IGN va survoler nos têtes jusqu’en 2026 pour réaliser une cartographie 3D de l’ensemble du territoire national. L’avion en question réalisera au total sept-mille heures de vol. Il ne prendra pas simplement des photos mais utilisera une technologie permettant de mesurer la distance à travers les propriétés de la lumière : le Lidar HD.

Ce scanner laser installé dans l’appareil envoie vers le sol des impulsions lumineuses à très haute fréquence, qui sont réfléchies dès qu’elles rencontrent un obstacle. Le Lidar HD enregistre leur temps de parcours, calculant par la même la distance et donc les formes des points impactés. La technologie n’est pas nouvelle, nous y avons déjà recours depuis plusieurs années, notamment pour les risques inondations dans les zones côtières ou autour des rivières. Mais nous passons un cap en la généralisant. Le Lidar HD est capable d’enregistrer dix points par mètre carré contre deux seulement aujourd’hui, ce qui ouvre de nouvelles perspectives d’exploitation de ces données.

Pouvez-vous nous décrire justement ces usages nouveaux ?

Les données recueillies permettront de déboucher sur des applications très concrètes, notamment en matière de préservation de l’environnement. Jeter les fondations d’un jumeau numérique des cartes IGN offrira la possibilité de mieux anticiper les catastrophes naturelles à venir – éboulements, inondations, avalanches, etc. – et d’aménager le territoire en prenant en compte des données de plus en plus fiables. Par exemple, le Lidar HD facilite l’identification d’endroits propices à l’installation de panneaux solaires ou des éoliennes, là où la présence du vent et du soleil est importante et ce afin de générer un maximum d’énergie. De même, cette carte numérique permettra de réaliser d’importantes économiques dans l’évaluation de la biomasse forestière et des politiques agricoles. Les acteurs de ces secteurs n’auront plus à se déplacer pour vérifier les informations. Les données récoltées par le Lidar HD seront suffisamment fiables.

En dehors de l’aménagement, d’autres usages sont-ils envisageables ?

La voiture autonome, qui roule déjà dans certains pays, pourrait tirer un profit maximal de cette connaissance affinée. En dehors de la technologie numérique propre à cette voiture de demain, à savoir les nombreuses caméras et capteurs à partir desquels elle peut se déplacer, une meilleure connaissance des trottoirs ou des bandes d’arrêt d’urgence confortera la sécurité du modèle. Les usages à venir sont encore à inventer. Aux particuliers et aux entreprises de s’en emparer, puisque l’ensemble des données, d’un volume total de trois péta-octets (environ trois millions de giga-octets), sera accessible en open data. Nous envisageons de lancer des appels à projets spécifiques pour accompagner les nouveaux usages du Lidar HD. À l’intérieur de l’IGN, nous avons notre propre incubateur. Nous souhaitons préparer le terrain aux futures start-up qui pourraient utiliser au mieux ces données. Par exemple, la problématique du volume de bois exploitable monte en puissance ces derniers jours et nous sommes convaincus que les données récoltées seront pertinentes. Le Lidar HD rend les données morphologiques plus homogènes et donc plus exploitables. Nous allons pouvoir travailler avec des établissements publics fonciers, qui disposeront ainsi d’une meilleure connaissance des sols. Et même le randonneur aura une meilleure connaissance des endroits difficiles à franchir. Bref, ce saut qualitatif technologique servira à tout le monde.

Le projet coûtera 60 millions d’euros : qui sont les investisseurs ?

Ce projet a été lauréat, dans la catégorie transition écologique, de l’appel à projets 2020 du fonds pour la transformation de l’action publique (FTAP), pour un montant de 21,55 millions d’euros. 22 millions d’euros seront investis dans le cadre du volet agriculture et forêt du plan de relance, présenté en septembre 2020. La direction générale de la prévention des risques et d’autres partenaires, parmi lesquels la région Occitanie, ont aussi décidé de financer ce projet.

 

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