Le CeremaLab crée des passerelles entre collectivités et start-up innovantes

Le 31 octobre 2023

À l’occasion du salon Innopolis 20231 à Paris, le CeremaLab a organisé une remise des prix pour un appel à projets sur l’urbanisme régénératif. En marge de cet évènement, Horizons publics est allé à la rencontre de ce laboratoire adossé au Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) et a rencontré l’une des start-up lauréates.

Loin d’être un laboratoire d’innovation publique parmi d’autres, le CeremaLab détient une place bien particulière dans cet écosystème des labs2. Il est rattaché au Cerema créé en 2014, un établissement public administratif (EPA) et expert d’État, qui intervient essentiellement auprès des autorités étatiques et des collectivités territoriales. Impossible de rater le stand du Cerema qui occupe une place de choix dans le salon Innopolis, juste à côté du Forum des collectivités, ni Odile-Marielle Dubois, responsable du CeremaLab : « Le CeremaLab est un dispositif d’appui et d’accélération [créé en 2020] pour les petites entreprises innovantes qui interviennent dans les domaines d’action du Cerema, explique la responsable. Son but […] est de faire cette jonction entre des innovations qui sont dans nos domaines et des collectivités territoriales qui peuvent avoir besoin d’innovations. »

Concurrence avec les bureaux d’études privés

Le CeremaLab fonctionne selon un triptyque bien particulier. Le premier axe d’intervention est les appels à projets, sur une base de deux par an : thématiques et territoriaux. Ce fut le cas de la remise des prix lors du salon Innopolis à propos de l’urbanisme régénératif. Les premiers appels à projets portaient sur les thèmes suivants : « La résilience des territoires et de leurs infrastructures », « Innovation : trafic maritime du large au port », ou encore « Recherche et innovation pour l’économie circulaire des matériaux dans la construction (bâtiments, génie civil, infrastructures) et l’aménagement du territoire ». Deuxième axe d’intervention, le conseil et l’accompagnement : « Au fil de l’eau, sur des salons, des appels téléphoniques ou des contacts spontanés, des entreprises viennent nous rencontrer, voir ce qu’on peut faire pour eux, là c’est tarifé. […] Il n’y a pas de concurrence avec les bureaux d’études privés, nous ne sommes pas sur ce terrain-là. Nous sommes vraiment sur l’expertise du Cerema pour aider des innovations à aller plus loin », précise Odile-Marielle Dubois. La dernière manière d’intervenir est l’appel à manifestation d’intérêts (AMI) qui se fait aussi souvent en collaboration avec une collectivité territoriale. Odile-Marielle Dubois donne l’exemple de l’organisation « au mois de juin 2023, [d’]un AMI avec la communauté de communes de Morlaix, qui a une problématique d’amoncellement de sédiments de dragage. Avec l’appui du Cerema, Morlaix a cherché des solutions ». Dans ce cas-là, la gratuité n’est pas de rigueur.

La remise des prix : un temps fort

« Aujourd’hui, nous avons fait la remise des prix de l’appel à projets Normandie-Île-de-France sur la thématique urbanisme régénératif. […] Nos lauréats auront droit à cinq jours d’expertise gratuite […] sur une liste de besoins qu’ils vont lister et dans les domaines sur lesquels le Cerema est autorisé de faire de la gratuité », poursuit-elle. Ce mercredi 20 septembre 2023, à l’occasion du salon Innopolis, le CeremaLab a présenté les lauréats de l’appel à projets « solutions techniques pour l’adaptation au changement climatique en Île-de-France et en Normandie », en partenariat avec l’école supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC), Normandie Incubation et La Turbine. Parmi 37 propositions déposées, cinq lauréats ont été retenus : La Fabrik à Yoops, Mube, Roofscapes, WIND my ROOF, ainsi que Neolitik. Nous sommes allés à la rencontre de cette dernière start-up.

« Il n’y a pas de concurrence avec les bureaux d’études privés, nous ne sommes pas sur ce terrain-là.
Nous sommes vraiment sur l’expertise du Cerema pour aider des innovations à aller plus loin », explique Odile-Marielle Dubois, responsable du CeremaLab.

Neolitik, la start-up lauréate qui propose une « alternative au béton »

Marc Dib est le fondateur de la start-up Neolitik3et lauréat de l’appel à projets portant sur l’urbanisme régénératif, remis ce mercredi 20 septembre 2023 : « On fabrique un matériau de construction innovant […] qui est une alternative au béton. C’est un matériau qui est fait à 100 % de matières premières recyclées, qui est 100 % recyclable, qui n’utilise pas d’eau dans sa fabrication et qui permet une économie de 85 % d’émission de CO2 par rapport à la fabrication du béton. » Parmi les nombreuses applications possibles, il propose, notamment, des dalles. L’objectif de l’appel à projets était de « trouver des solutions qui aident à décarboner les villes » de la vallée de la Seine entre la Normandie et la région parisienne : « Ça tombe bien parce que notre siège est en Île-de-France et notre unité de production en Normandie. Cela correspondait bien à la zone géographique et on fabrique un matériau qui a justement pour ambition de décarboner les villes puisque le béton est extrêmement consommateur de ressources naturelles, mais en même temps grand émetteur de carbone », se réjouit Marc Dib.

  1. Horizons publics était partenaire média de ce rendez-vous annuel de ceux qui transforment les territoires, organisé à l’espace Champerret, les 19 et 20 septembre 2023, « Les collectivités changent de modèle… Prenez part au mouvement » (https://innopolis-expo.com/).
  2. Nessi J., « Des labs à la croisée des chemins ? », p. 92-96.
  3. Neolitik fabrique un matériau de construction innovant nommé EcoLithe, composé à 100 % de matières premières recyclées, dont des déchets de béton et des plastiques recyclés. Ses dalles de revêtement de sols extérieurs, deux fois plus légères et résistantes que les dalles en béton, constituent une solution techniquement performante, écologique, élégante et sans surcoût significatif pour ses clients.
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