Le SMICVAL (33) se lance à la recherche de la sobriété dans le domaine des déchets

Le 2 septembre 2022

Le SMICVAL, le syndicat mixte intercommunal de collecte et de valorisation du Libournais Haute-Gironde regroupe 200 000 habitants pour 138 communes. Celles-ci ont décidé de déléguer la compétence déchets pour mutualiser les coûts et les moyens. Le syndicat est en charge de toute la chaîne logistique, de la collecte, au tri, jusqu’à la valorisation ou l’enfouissement. Depuis trois ans, les élus ont souhaité entamer une démarche plus globale de réduction des déchets. Un réel parti pris qui veut bousculer les habitudes des foyers. Pour cela, le syndicat fait preuve d’innovation pour impliquer les habitants et faire évoluer leurs pratiques. Stéphanie Couvreur, influenceuse zero waste au SMICVAL, a répondu à nos questions. Son travail consiste à accompagner le territoire et ses habitants à réduire la quantité de déchets produits.

Depuis trois ans, quel est le nouvel objectif du SMICVAL ?

Les élus ont défini que l’objectif du syndicat n’est plus seulement de faire du tri au mieux, mais la priorité devient la réduction de déchets. C’est pour cela que l’on parle de projet politique « zero waste ». Ce n’est plus possible d’avoir autant de déchets produits, l’objectif c’est la réduction à la source. Ce qu’il reste, on continue de le traiter au mieux en recyclant au maximum.

Pourquoi les élus ont-ils défini cette vision ?

C’est issu d’un constat. Nous sommes dans un modèle à bout de souffle à plein de titres différents. Au niveau de l’environnement, la société de consommation, la pénurie des ressources… On voit que le recyclage n’est pas la solution magique car c’est aussi consommer beaucoup de matière et d’énergie. Et on sait qu’on ne peut pas tout recycler. Le contexte aussi. Pendant des années, la gestion des déchets est une question logistique, vu comme une politique de salubrité, il faut que ce soit propre, hygiénique : on prend les déchets, on les cache, parfois on passe la nuit, il ne faut pas que ça se voit, on organise tout le circuit logistique pour que les déchets soient le mieux traités mais on n’arrive pas à avoir des résultats de réduction. Et économiquement, le fonctionnement du secteur est à bout de souffle car on a une taxe de l’État sur tous les déchets enfouis qui explose.

Comment comptez-vous inciter les habitants à réduire ?

On veut travailler en amont de la collecte. Il y a deux grands volets. Le premier, c’est que si on veut changer les habitudes et le mode de vie des gens, il va falloir les impliquer. On ne peut pas demander des changements, imposer des changements de modes de vie de manière descendante. Il est indispensable d’impliquer les usagers pour qu’ils se sentent acteurs du changement et qu’ils le soient réellement.

Et le second ?

C’est de sortir de la politique où on donne des injonctions : « Il faut que vous réduisiez les déchets. » On sait aujourd’hui que le changement de comportement est multifactoriel, il y a plein de choses qui font qu’on va changer de comportement. Je prends souvent l’exemple de la cigarette. Les personnes savent déjà que c’est mieux d’arrêter, il y a de nombreuses manières de les accompagner. Mais juste leur dire ne sert à rien, elles le savent déjà.

Et donc comment allez-vous au-delà ?

Déjà on s’est posé la question : « Réduire les déchets, ça veut dire quoi ? » Il y a tellement de déchets produits, on priorise lesquels ? Avec les élus, nous avons priorisé les flux que l’on souhaite réduire et sur chacun nous avons creusé : « Quels sont les leviers comportementaux qu’on peut activer pour accompagner cette réduction ? » Nous voulions imaginer une politique publique centrée sur l’humain et pas seulement une solution technique où on dit : « Regardez, on vous met un bac à disposition et c’est bon, vous n’avez plus qu’à trier. » Donc l’idée était de travailler flux par flux et d’envisager différents leviers d’accompagnement des citoyens. Avec l’enjeu aussi de ne pas sur-responsabiliser l’individu. De mettre en place des dynamiques collectives qui participent à cet accompagnement de changement, voire même créer les conditions favorables d’adoption de nouveaux comportements et avoir une vision plus territoriale, voire nationale, sur certains sujets.

Avez-vous un exemple de la manière dont vous avez fonctionné sur un flux ?

Nous travaillons notamment sur un nouveau système de collecte et de redevance incitative. Nous avons créé un panel de citoyens qui ont participé et fabriqué un nouveau scénario qui vient nourrir nos réflexions sur le sujet. Nous avons un autre panel de citoyens avec qui nous avons réfléchi aux activités d’accompagnement du territoire pour favoriser les démarches d’adoption de ce mode de vie zero waste. Un exemple très ciblé sur un flux : nous avons travaillé sur les tontes et les feuilles. Cela peut paraître anecdotique, mais c’est quasiment 100 kg de végétaux par an et par habitant chez nous. Sachant que c’est un flux où certaines personnes ne viennent jamais et d’autres viennent quasiment toutes les semaines. Ce sont des matériaux très faciles à traiter à la maison donc il y a un peu une absurdité à les transporter dans une remorque alors que c’est principalement de l’eau et que, par la suite, ça coûte assez cher à traiter. Une remorque de tonte c’est dans les 70 euros de traite pour nous. En plus, il y a des enjeux de préservation de la matière organique et des sols. Nous sommes dans le sud-ouest donc touché par des sécheresses. Pour cela, nous avons eu un accompagnement d’un expert qui fait à la fois du design et de la psychologie comportementale. Il est allé à la rencontre des usagers en pôle recyclage. Pour finir, il a mené toute une série d’ateliers pour faire un plan d’accompagnement des usagers sur la réduction des tontes.

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