Revue
Ils nous étonnentMontrouge se rêve en « ceinture verte »
Cinquième ville la plus dense de France (25 000 hab./km2) et confrontée à des canicules à répétition avec le réchauffement climatique, Montrouge (Hauts-de-Seine) a engagé depuis quelques années une politique volontaire de végétalisation pour transformer son centre-ville. Objectif : s’appuyer sur la nature pour rafraîchir la ville.
Avec le réchauffement climatique, les villes – plus vulnérables que les campagnes – subissent une multiplication des pics de chaleur et doivent faire face à la montée des effets d’îlots de chaleur urbains (ICU). La végétalisation urbaine, la création de parcs, de jardins, de mini-forêts, la plantation d’arbres, le recours aux matériaux réfléchissant la chaleur, le développement de la biodiversité, la création de nouveaux points d’eau, etc., sont des stratégies essentielles pour atténuer les effets des îlots de chaleur et rendre nos villes plus durables et désirables. De nombreuses municipalités urbaines sont déjà engagées dans cette stratégie d’atténuation.
Aux portes de Paris, Montrouge, au fort passé industriel, n’échappe pas à ce phénomène. « Montrouge est l’une des cinq villes françaises les plus denses. La végétalisation est notre meilleur atout pour relever le défi du rafraîchissement de la ville. Nous voulons être une ville de la densité heureuse », s’est enthousiasmé Étienne Langereau, maire de Montrouge, à l’occasion d’une rencontre avec la presse jeudi 6 juin 2024 pour présenter les avancées de son équipe municipale en matière de végétalisation de la ville. Lancé en 2017, le projet de végétalisation est au cœur du mandat du maire qui a fait du développement de la nature en ville l’une de ses priorités : « Nous allons encore planter 600 nouveaux arbres d’ici 2026 dans le cadre de notre plan », précise l’élu, dont la ville compte aujourd’hui environ 3 200 arbres d’une centaine d’espèces différentes.
Récupérer des friches pour végétaliser
La place, les allées et le parc Jean-Jaurès sont l’un des exemples emblématiques de la transformation de Montrouge voulue par le maire. Comment créer de la fertilité en ville alors que les espaces sont déjà circonscrits, tenus et fonctionnels ? Ce projet de réaménagement, situé au cœur de Montrouge, est une réussite en termes de végétalisation et de réappropriation d’une voirie départementale très passante au profit des piétons, des promenades et des jardins. Les allées Jean-Jaurès, longues d’un kilomètre, comprennent aujourd’hui deux parcs, trois places ouvertes et végétalisées et deux grandes promenades plantées. Ce projet a été rendu possible grâce à la rétrocession d’une friche détenue par le Crédit Agricole, qui a permis de relier deux quartiers et de créer un parc public, qui regroupe le jardin fertile et le square des États-Unis. Réalisé par l’agence Péna Paysages, ce projet emblématique a été lauréat des Victoires du paysage 2022, un prix décerné par Valhor, l’organisation interprofessionnelle qui rassemble les professionnels de l’horticulture, de la fleuristerie et du paysage en France.
Pour Michel Péna, architecte paysagiste et présent le jour de la visite presse, c’est en réduisant drastiquement la place de la voiture (circulation et stationnement) au bénéfice des modes doux et des espaces plantés que le projet a pu être possible : « Tous nos projets d’aménagements permettent de végétaliser et désimperméabiliser au maximum. L’objectif est de s’appuyer sur la nature pour rafraîchir la ville », confie le maire de Montrouge, avant de présenter les autres projets de végétalisation de sa ville (le nord de l’avenue de la République, le quartier de Péri-Ginoux-Gautier ou le futur parc Schuman). Pour Gwénola Rabier, maire adjointe à la transition écologique et à la biodiversité urbaine à Montrouge, « le plan Arbres et les projets de végétalisation permettent de créer de nouveaux espaces verts avec l’objectif de remettre de la nature en ville ».
Nous voulons être une ville de la densité heureuse, s’est enthousiasmé Étienne Langereau, maire de Montrouge
La végétalisation, un premier pas vers la renaturation ?
« Il faut bien distinguer la dimension paysagère, les projets de végétalisation et ceux de renaturation. La végétalisation est souvent un premier pas en ville. Il y a des territoires denses et urbains où on ne peut pas aller plus loin que la végétalisation, car le sol est trop minéral et trop artificialisé », explique Romain Lucazeau, directeur général de Services conseil expertises et territoires (SCET), une filiale à 100 % de la Caisse des dépôts (CDC) qui vient de se rapprocher de la CDC Biodiversité pour accompagner les collectivités locales dans leur projet de « renaturation ». Montrouge est aujourd’hui dans une logique de maintenir « la désirabilité de la ville dense » pour rester attractif. Selon Marianne Louradour, directrice générale de CDC Biodiversité, « les villes très denses ont besoin d’une stratégie urbaine pour réintégrer la nature en ville. Pour mener à bien toute stratégie de renaturation, il est essentiel, dans un premier temps, d’analyser les enjeux écosystémiques ». La nature en ville présente de nombreux co-bénéfices, tant pour la biodiversité que pour les habitants des villes. La CDC Biodiversité accompagne les villes dans leur planification d’une densification soutenable – en répondant à l’objectif de zéro artificialisation nette (ZAN) – et dans leur renaturation, grâce à différentes offres, qui mettent principalement en place des solutions fondées sur la nature.