Revue
Cultures publiquesPierre Breton : «Les villes peuvent aller encore plus loin en matière d'environnement pour agir sur la santé de leurs habitants»

Interne de santé publique au CHU de Caen-Normandie, Pierre Breton a rejoint en octobre 2020 la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) au ministère de la Santé à Paris. Co-auteur avec Quentin Paillé de La ville, actrice de santé (sept. 2020), il considère que la crise du covid-19 confirme le rôle et l’importance de l’échelon local pour mener des actions de santé.
Quel est le message principal que vous avez voulu faire passer avec cet ouvrage ?
La santé, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), signifie « un état complet de bien-être physique, mental et social » qui ne « consiste pas seulement en l’absence de maladie ou d’infirmité ». Cette définition montre que la ville, même si elle n’a pas la compétence en matière de santé, peut agir directement par ses actions sur les déterminants de santé de ses habitants. Aménagement, urbanisme, éducation, sports, culture, sécurité, social ou encore environnement sont des compétences municipales. Aujourd’hui, nous sommes dans une dynamique pour donner plus de pouvoir et de marge de manœuvre aux territoires, cela peut aussi être le cas en santé.
Comment une politique d’urbanisme peut-elle favoriser la santé ?
Les élus peuvent agir sur la santé de leurs concitoyens de plusieurs manières, notamment à travers l’urbanisme et le renouvellement urbain. L’urbanisme favorable à la santé est né à l’École des hautes études en santé publique (EHESP). L’idée est de prendre en compte les déterminants de santé de la population (cadre de vie, santé physique, accès adaptés à tous, favoriser le vivre ensemble, santé psychologique, etc.) avant de rénover un quartier.
Nous en sommes encore au stade de l’expérimentation, mais les villes peuvent s’emparer pleinement de cette démarche.
La santé est aussi étroitement liée à la qualité de l’air et de l’environnement, compétences des villes ?
Oui, tout à fait. Nous ne pouvons pas dissocier l’environnement et la santé. Pour faire face à la pollution de l’air, Grenoble mène, par exemple, une politique active pour favoriser les mobilités douces ou encore supprimer les transports en commun roulant au diesel et à l’essence d’ici 2030. La ville de Saint-Denis en banlieue parisienne a mis en place un conseil local en santé environnementale pour associer les habitants. Strasbourg a lancé une politique de végétalisation. Les villes peuvent aller encore plus loin en matière d’environnement pour agir sur la santé de leurs habitants.
Quel a été l’impact de la crise covid-19 sur votre analyse ?
Le livre a été écrit avant et pendant la crise sanitaire. Nous avons pu constater que les villes ont réagi très vite pour assurer la santé de leurs habitants (distribution de masques, de gels, etc.). Elles n’ont pas attendu une loi pour agir sur la santé.