Conversations carbone : favoriser la transition a l’échelle des citoyens

Le 18 septembre 2020

Le concept des « conversations carbone » arrive en France depuis quelques mois. Originaire du Royaume-Uni, il vise à permettre une prise de conscience des habitants sur les petits gestes du quotidien qu’ils peuvent réaliser à leur échelle pour participer à la transition de leur territoire.

De plus en plus de personnes prennent conscience qu’il faut changer nos habitudes pour lutter contre le dérèglement climatique. Mais il y a beaucoup de freins qui empêchent de passer à l’action. Pour les surmonter, la communauté de commune de Touraine-Est Vallées a décidé de permettre à ses habitants d’acquérir les clés pour baisser leur consommation d’énergie. Ils ont, pour cela, fait appel à la méthode de l’association Conversation carbone France. Cette méthode, originaire du Royaume-Uni, permet à des groupes d’habitants de se réunir pour réfléchir à leur consommation quotidienne de carbone, dans le but de la réduire. « À l’origine, cette méthode vient d’un ingénieur en environnement et d’une psychothérapeute. Ils sont partis du constat que les personnes savent ce qu’il faut faire pour lutter contre le dérèglement climatique, explique Émilie Tregouet de l’Agence locale de l’énergie et du climat d’Indre-et-Loire (ALEC37). Baisser la température de son chauffage, moins utiliser sa voiture, trier ses déchets, ce sont des actions reconnues. Mais les citoyens ne passent pas toujours à l’acte car il y a des freins. Nous, nous pensons que cela peut être le rôle des collectivités d’identifier ces freins et de les enlever. Ainsi, chacun pourra trouver des solutions par lui-même pour avancer. »

Reprendre en main sa consommation d’énergie

Aujourd’hui, la méthode des conversations carbone se développe en France, accompagnée par l’association Artisans de la transition et des techniciens de l’institut négaWatt. Ils s’occupent des formations à destination des collectivités territoriales et même des entreprises. C’est l’accompagnement dont ont bénéficié les agents de la communauté de commune de Touraine-Est Vallées. L’initiative permet de créer sur un territoire un espace d’échanges et de liberté où les participants prennent conscience des enjeux liés au climat. La méthode est simple. Tout d’abord, les participants font le bilan précis de leur consommation. Ensuite, en discutant, ils mettent en place leur plan d’action. Les participants sont accompagnés par deux facilitateurs, qui les aident dans leur démarche. Une initiative qui permet de passer collectivement à l’action et de dépasser certaines appréhensions.

Mathieu Gaultier
« C’est une méthode innovante qui casse les préjugés »

Afin de mieux comprendre le projet des conversations carbone, nous avons interviewé Mathieu Gaultier, chargé de mission plan climat au sein du service environnement de la communauté de communes.

Comment fonctionne votre projet ?

Nous sommes ouverts à tous les habitants de la communauté de communes Touraine-Est Vallées. Ils doivent juste faire une démarche d’inscription. Nous formons des groupes de six à dix personnes. C’est assez petit pour garder de l’intimité et permettre à tout le monde de s’exprimer convenablement. La première phase se fait avant la première séance. Il s’agit de faire son propre bilan carbone, pour mettre les bases de leur situation actuelle. Ensuite, les cinq premières séances, de deux heures à chaque fois, ont lieu tous les quinze jours, et la dernière, un mois après, est un peu spécifique et vient conclure la formation avec un contenu plus personnalisé. L’ensemble du dispositif s’étend sur deux mois et demi.

Quelle est la méthode ?

C’est une approche innovante. Nous organisons des activités courtes et beaucoup de temps de discussion en binômes ou en groupes. Nous cassons les préjugés que nous avions pour nous voiler la face. Par exemple, quand nous demandons aux participants de faire un relevé kilométrique sur le mois, le chiffre est toujours plus élevé que ce qu’ils pensaient.

Quel est le rôle des facilitateurs ?

Nous apportons l’information d’une manière différente. Les ateliers sont transversaux et abordent tous les aspects du quotidien. Nous sommes là pour les amener à réfléchir sur leurs modes de vies, se poser des questions. Nous distribuons des livrets aux participants où ils trouvent des informations sur les cinq thèmes abordés pendant les ateliers : le changement climatique, l’énergie dans l’habitat, la mobilité, la consommation et les déchets. Puis, nous nous attardons sur les ressentis de la personne, les idées du quotidien, etc.

Est-ce un dispositif coûteux ?

Nous avons une convention annuelle avec l’ALEC37 qui revient à 4 000 €. Et puis, au début, il a fallu se former, les trois jours de formations sont de 1 800 € par personne. À cela il faut ajouter les frais de déplacements et d’hébergements ainsi que les kits documentaires. Ensuite, il faut compter la communication (flyers et affiches) et à chaque atelier il y a des frais de bouches. Les participants financent à hauteur de 10 € par personne. La première année, le dispositif nous est revenu à 9 300 € et la deuxième à 4 700 €.

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