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Laura Pandelle : « Le design des politiques publiques porte l’ambition radicale de transformer l’administration »

Le 26 mars 2020

Laura Pandelle est designer auprès de La 27Région depuis 2013. Adepte des méthodes immersives, elle accompagne des territoires dans leur démarche d’amélioration des politiques publiques par les usages. Elle est intervenue en décembre 2019 aux Assises du design pour présenter les recommandations de son groupe de travail « Ancrer durablement le design dans les politiques publiques ». Elle revient pour Horizons publics sur l’histoire et la définition du design des politiques publiques, brosse un premier état des lieux de son utilisation dans les collectivités locales et dévoile les métiers complices du designer. Selon elle, après quinze ans de dissémination et d’exploration de la pratique, l’enjeu aujourd’hui est de lui donner les moyens de transformer durablement la fabrique des projets publics, mettant au centre l’expertise des citoyen·ne·s, habitant·e·s et agents publics de proximité.

Que recouvre exactement le design des politiques publiques ? À quelles méthodes et champs de pratique fait-il référence ?

Le design des politiques publiques n’est pas à proprement dire une discipline, mais plutôt un courant de pensée et de pratiques, à travers lequel des concepteurs (qu’ils viennent à proprement parler du design, ou d’autres disciplines du projet comme l’architecture, l’urbanisme ou le graphisme) s’intéressent au mode de production de l’action publique. Il y a donc une dimension fondamentalement pluridisciplinaire dans cette approche, qui se revendique de plusieurs domaines : la conception participative, l’enquête sociale, l’éducation populaire, etc. L’enjeu du design des politiques publiques est de proposer une alternative pragmatique à la fabrique classique de ces dernières, qui se fait dans un cadre technocratique et relativement éloigné de la réalité vécue par la majorité des gens, et qui empêche toute forme de test, d’empathie, de rapport à l’usage ou à « l’habitabilité » du monde public.

Cependant, à l’heure actuelle, de nombreuses formes de design sont sollicitées par l’action publique, allant chercher dans des pratiques aussi diverses que le design de services, le UX design ou encore dans des approches anglo-saxonnes comme le design thinking (ou « pensée design »). Toutes ces pratiques auront du mal à se retrouver sous la même bannière, c’est pourquoi, à mon sens, il est nécessaire de distinguer le design appliqué aux services publics, qui va avant tout s’intéresser à l’expérience que les usager·ére·s vont avoir des services publics, et cela à travers différentes techniques de conception… et le design des politiques publiques, qui porte l’ambition plus radicale de transformer la fabrique interne des projets publics, et vise avant tout à repenser le fonctionnement de l’administration.

Les méthodes du design des politiques publiques reprennent les principes du design social : s’intéresser à la société sous tous ses angles, interroger la complexité, explorer des formes alternatives de co-production (bricolage, artisanal), s’immerger dans le réel et travailler avec les usagers, dans une logique émancipatrice. C’est une filiation importante à rappeler.

D’où vient justement le design des politiques publiques ? Quelle est son histoire et à quel courant ou mouvement se rattache-t-il ?

Le design des politiques publiques s’inscrit dans le prolongement du design social. Le design social est une pensée critique qui a germé dans les années soixante-dix/quatre-vingt, en réaction au design industriel, lui-même né avec l’essor de la société de consommation, au début du xxe siècle. À travers le design social, des théoriciens du design, comme Viktor Papanek, interrogent les effets collatéraux liés aux conséquences de la production industrielle en faisant appel à un design éthique, plus intelligent, plus économe et plus inclusif. Des praticiens, comme Ettore Sottsass, ont développé, dans la même logique, des pratiques d’« anti-design », prônant une approche culturelle du design au-delà de sa valeur économique dans l’industrialisation de masse.

Ces courants de pensée et de pratiques vont irriguer les écoles de design à partir des années soixante-dix, que ça soit dans le champ du design d’objet et d’espaces, que dans le champ plus expérimental du design activiste et plus tard du design de services. Le design des politiques publiques s’inscrit dans la volonté d’appliquer les principes du design social à un domaine particulier, celui de l’action publique.

L’idée est de développer une pratique de conception pour l’intérêt général, qui s’ancre dans l’action publique, celle-ci devenant un terrain d’expérimentations pour le design. En cela, les méthodes du design des politiques publiques reprennent les principes du design social : s’intéresser à la société sous tous ses angles, interroger la complexité, explorer des formes alternatives de co-production (bricolage, artisanal), s’immerger dans le réel et travailler avec les usagers, dans une logique émancipatrice. C’est une filiation importante à rappeler.

Les premières formes du design dans la sphère publique sont apparues dans les pays anglo-saxons et nordiques dans les années quatre-vingt-dix. On cite souvent en exemple le MindLab, cette cellule d’innovation ministérielle danoise qui se proposait de réinterroger les politiques publiques par le design. En Angleterre, des collectifs de sociologues, d’artistes et de designers se sont attaqués aux grands défis de la société dans le contexte de la big society entre 2005 et 2010, qui va de pair avec un retrait des services publics locaux. On parle ici d’un design participatif associant les citoyens à la construction et même à la co-production des solutions. Je pense notamment à l’agence de design social anglaise Thinkpublic1 qui a une trajectoire intéressante, avec des approches inédites mélangeant le documentaire (ou design research), les sciences sociales et la pratique de l’immersion sur le terrain pour résoudre des problématiques comme la lutte contre l’obésité, la précarité alimentaire ou la maladie d’Alzheimer. Les fondateurs n’ont pas hésité à identifier le mauvais fonctionnement des politiques publiques et à proposer des projets basés sur la construction de communautés d’usagers et d’acteurs, dans une logique de community organizing. Je pense aussi au programme Designs of the time, piloté par John Thackara. Les designers anglais sont des sources d’inspiration, ils sont les premiers praticiens à sortir du bois et à se définir comme designers sociaux, en revendiquant une méthode spécifique, qui connaît rapidement un effet de mode.

En France, le design des politiques publiques commence à faire son apparition dans les années 2000-2010 en questionnant plutôt le fait administratif, en ayant recours à la recherche-action et aux projets expérimentaux pour interroger le fonctionnement de la puissance publique, sans pour autant remettre en question sa place dans la société française. Là où le design anglo-saxon des années 2000 se posait en alternative à une action publique en cours de libéralisation, et défaillante, le design français des politiques publiques s’est d’emblée positionné comme un outil de réenchantement, ou de ré-encapacitation des acteurs publics à tous les niveaux.

Quel est l’état des lieux en France de l’usage du design dans les collectivités locales ?

Alors qu’on en parlait à peine il y a quinze ans, le design s’est aujourd’hui forgé une place dans le paysage de la transformation publique et est sollicité sous différentes formes, au niveau national comme au niveau local, à travers des missions ponctuelles ou longues, et même des postes intégrés dans des services internes.

Le tronc commun de ces pratiques aujourd’hui est que le design est utilisé par les administrations comme une fonction de Recherche & développement (R&D) par les usages, une manière de repartir du réel, et de mobiliser les agents publics et la société civile autour de projets publics plus fonctionnels, plus désirables, plus ingénieux : c’est ce qu’on pourrait appeler une forme de « maîtrise d’usage » des politiques publiques par le design. Des collectivités petites et grandes font appel à des équipes pluridisciplinaires associant des designers et des sociologues pour les accompagner dans la réinvention d’équipements publics (médiathèques, écoles, gares, etc.), dans la création de nouveaux dispositifs (maisons de services au public, guichets de proximité, etc.), ou même dans l’élaboration de stratégies territoriales plus complexes.

Dans les territoires, ce qu’on peut observer, c’est que la pratique du design se diffuse doucement mais sûrement, plutôt comme un accompagnement à la maîtrise d’usage, au niveau des politiques publiques de terrain (gestion des déchets, projets de réaménagement urbain, réaménagement d’équipements publics).

Comment le design peut-il se mettre au service des territoires durablement ? Quelles sont les bonnes pratiques à avoir ? Avez-vous des exemples ?

Le design vise à interpeller la commande publique en repartant de l’expérience vécue par les usager·ére·s, habitant·e·s et acteur·rice·s de terrain. Comment construire une maison de santé qui rende vraiment service ? Une médiathèque qui n’exclut pas les jeunes, ou les nouveaux arrivants du territoire ? Comment répondre aux grands défis sociaux à travers nos équipements et politiques publiques de proximité ? Pour se mettre au service des territoires et donc de ceux et celles qui y habitent, le design doit accepter d’être dans une posture double d’agitateur et de complice de l’action publique.

En effet, il doit faciliter la conception et la mise en œuvre des projets publics (puisque, comme je l’ai dit au départ, son ambition est d’imaginer une action publique plus agile, plus créative et donc plus ambitieuse) mais il doit aussi bousculer les codes de l’administration, mettre les usager·ére·s au centre du processus, réinventer les modalités de travail entre les élu·e·s et les technicien·ne·s, et créer de la transversalité entre les différents services d’une collectivité qui souvent ne se parlent pas, etc.

Quels sont les nouveaux défis du design des politiques publiques, les risques et le potentiel après quinze ans de dissémination de la pratique ?

L’action publique est allée solliciter une grande variété de pratiques du design (design de services, design stratégique, design thinking, approches recherche-action et pluridisciplinaires, design fiction) sous des formes économiques variées. On recrute, il y a des prestations, des marchés. C’est une filière encore foisonnante, avec une diversité d’acteurs. L’action publique d’aujourd’hui s’est très bien approprié le design. Mais il n’y a pas encore une communauté vraiment structurée du design des politiques publiques. Dans le monde du design, la question des politiques publiques et les débats de la société par rapport aux mutations des services publics dans un contexte de transformation massive du service public restent secondaires.

Le défi est de permettre à des jeunes professionnels de mieux comprendre le sens de l’action publique, d’en faire un objet de travail et de s’y intéresser en profondeur et de se positionner afin de créer une communauté de designers qui connaissent l’histoire de l’action publique et qui se mettent à niveau.

À mon sens, il y a un enjeu de formation, de spécialisation, de « politisation ». Il faut sensibiliser les designers aux conséquences des transformations du service public sur la vie des habitant·e·s, et que les designers aient une conscience politique plus aiguë, plus pointue. L’enjeu est de muscler nos capacités d’analyse, de s’intéresser d’encore plus près aux travaux des sciences sociales, d’inventer des solutions avec les usagers, puis de les tester, mais pour que ça fonctionne, le designer doit embrasser la complexité du réel.

Deuxième défi : la structuration de la filière, car aujourd’hui existent des sous-communautés organisées autour de projets, mais il n’y a pas d’endroit où on parle des controverses et des difficultés de ce secteur encore en émergence. L’action publique est encore souvent vue comme un marché comme un autre pour certaines boîtes de design, alors que pour d’autres, le secteur public est un terrain de spécialisation et de développement d’un savoir-faire unique.

Il y a donc un intérêt à renforcer les espaces de partage d’études de cas, de méthodologies et d’évaluations. Autre enjeu : améliorer les pratiques d’évaluation et construire un cadre éthique des pratiques du design des politiques publiques, comme l’a fait, par exemple, la communauté de l’éco-conception. L’enjeu est de garantir un « design éthique, d’intérêt général », dont on soit capable de mesurer les effets et les impacts, et selon moi cela passe plutôt par des pratiques de documentation et d’analyse que par l’invention de nouveaux labels ou concours.

Les laboratoires territoriaux ont permis de faire germer le design dans les territoires, mais avec un effet collatéral majeur qui est de devenir une forme systématique, peinant à diffuser une culture de l’innovation largement partagée.

Concernant les échelles d’intervention du design, où en sommes-nous ?

Les pratiques du design appliquées à l’action publique se sont démultipliées (urbanisme, action sociale, politique culturelle, etc.) avec des effets variés. Au niveau de l’État, on a l’impression qu’il y a des polarisations sur certaines formes d’innovation publique, explorant notamment les enjeux numériques, la data, la simplification des procédures administratives. La Direction interministérielle à la transformation publique (DITP) met en place, par exemple, des cellules d’innovation pour réfléchir au futur des politiques publiques.

Dans les territoires, ce qu’on peut observer, c’est que la pratique du design se diffuse doucement mais sûrement, plutôt plus comme un accompagnement à la maîtrise d’usage, au niveau des politiques publiques de terrain (gestion des déchets, projets de réaménagement urbain, réaménagement d’équipements publics). Aujourd’hui, des alliances autour du design existent dans le cadre d’écosystèmes territoriaux, comprenant des écoles, des professionnels et des acteurs des territoires. Par exemple, dans les Pays de la Loire, l’école de design de Nantes joue un rôle moteur et en fait un compagnonnage de longue date avec les laboratoires d’innovation publique du département et de la région. Les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Grand Est connaissent le même dynamisme, avec une coopération entre acteurs locaux et un fleurissement du design à l’échelle locale. Cependant, les petites collectivités ont des difficultés à faire appel au design (manque de budget, métiers méconnus).

Il faudrait inventer des programmes d’innovation par le design destiné aux petits acteurs territoriaux et imaginer des formats plus souples, orientés davantage vers les territoires ruraux qui ont des besoins urgents et restent sous-dotés.

Quels sont les métiers complices du design ?

Les designers travaillent de pair avec les disciplines des sciences humaines et sociales pour avoir les deux pieds dans le réel. Les sociologues, les ethnologues, les anthropologues ou encore les philosophes aident à mieux comprendre la complexité du monde. Ce croisement disciplinaire riche permet de créer des solutions sur le terrain. Il y a aussi de nouvelles alliances : la rencontre entre les designers et les gestionnaires, les économistes et les juristes, c’est-à-dire ceux qui connaissent les rouages des grandes machines administratives composées de normes, de lois, de codes, etc.

Les designers, pour bien travailler, ont besoin de comprendre comment la situation est produite, il faut donc s’intéresser à toute la chaîne de fabrication de l’action publique pour en améliorer les usages. Mais il s’agit aussi de comprendre la culture des institutions publiques, et la genèse des formes administratives, d’où l’intérêt de travailler avec des juristes, des historiens. Les institutions ne sont pas jamais neutres, elles sont le fruit d’une construction sociale…

Parmi les autres complices, il y a aussi les militants de l’éducation populaire, les professionnels du plaidoyer et du lobbying, qui portent des actions de revendications, de mobilisation de la société civile sur les questions publiques et de positionnement.

Pour se mettre au service des territoires et donc de ceux qui y habitent, le design doit accepter d’être dans une posture double d’agitateur et de complice de l’action publique.

Cette alliance entre designers et militants contribue à mieux faire comprendre les forces en présence, le jeu des acteurs ou encore les rapports de force. De façon plus « naturelle », les designers spécialisés dans les politiques publiques travaillent main dans la main avec les architectes, les graphistes ou encore les urbanistes qui s’intéressent à ces questions.

Quel rôle jouent les laboratoires d’innovation publique régionaux pour ancrer le design dans l’action publique ?

Les laboratoires d’innovation publique jouent un rôle de R&D dans les administrations, ce sont des espaces privilégiés au sein des organisations pour imaginer une fabrique alternative des politiques publiques. Les laboratoires territoriaux ont permis de faire germer le design dans les territoires, mais avec un effet collatéral majeur qui est de devenir une forme systématique, peinant à diffuser une culture de l’innovation largement partagée.

Certains y parviennent, avec des formats de projets transversaux, ou des gouvernances inter-administrations, comme le Ti-Lab en Bretagne, par exemple. Pour les autres, c’est clairement la prochaine étape. Par ailleurs, les laboratoires d’innovation publique souffrent souvent d’un portage politique ambivalent, et restent à la merci des réorganisations interne et des alternances politiques. Ils peuvent facilement contribuer à maintenir la transformation des pratiques administratives dans une bulle, parfois vue comme une mode par les agents, les élu·e·s et les citoyen·ne·s.

Les préconisations et les propositions de l’axe
« Ancrer durablement le design dans les politiques publiques » des assises du design

Lancées en avril 2019 par le ministère de l’Économie et des Finances et le ministère de la Culture, les premières Assises du design ont abouti en décembre 2019 à une trentaine de grandes préconisations, pour la plupart déclinées en propositions plus opérationnelles. Le design des politiques publiques faisait partie des six grands thèmes retenus : « Ancrer durablement le design dans les politiques publiques »2.

Développer l’innovation par le design dans l’action publique

La demande en design explose au sein de la sphère publique, et ce sous des formes très variées : programmes d’innovation, marchés de prestations, laboratoires d’innovation internes, etc. Mais quelles que soient les formes de sollicitation, le design intervient souvent de façon isolée et sous dotée, produisant des effets inégaux. Les programmes d’innovation par le design, eux aussi d’une grande diversité, présentent l’avantage de faire émerger de nouveaux acteurs et de nombreuses initiatives. Mais il n’y a pas de véritable suivi, ni de partage de leurs résultats, ni de questionnement sur leur rôle et leur intégration dans les services publics.

Les quatre propositions : lancer une nouvelle génération d’appels à projets d’innovation publique par le design, construite sur une logique ascendante favorable aux acteurs de terrain ; consolider les laboratoires d’innovation dans les collectivités territoriales ; créer une plateforme de ressources du design des politiques publiques ; lancer un programme de recherche ou une chaire pour développer des visions prospectives du design dans les politiques publiques.

Structurer et développer la formation des designers et la sensibilisation des acteurs publics au design

Le design des politiques publiques attire un flux constant d’étudiants et de professionnels. Pourtant, sa place dans la formation initiale des écoles de design reste marginale et les collectivités territoriales peinent à recruter des designers spécialisés. Dans ce contexte, les écoles de design risquent d’être distancées par les formations généralistes, avec en perspective la menace d’un « design sans designer ». Quant à l’offre de formation continue, très diversifiée, elle joue un rôle important de sensibilisation de la sphère publique, mais les opérateurs de formation donnent peu de garanties sur leurs engagements de qualité : le risque est grand de voir beaucoup de formations au design assurées par des non-designers.

Les quatre propositions sont : former les designers aux enjeux actuels de l’action publique ; sensibiliser et professionnaliser les agents publics qui contribuent à la diffusion du design dans la sphère publique ; intégrer des designers dans les instances de gouvernance stratégique des organisations publiques.

Pour aller plus loin

  • Cahiers des Assises, déc. 2019, Assises du design.
  • Papanek V., Design for the Real World. Human Ecology and Social Change, 1971, Pantheon Books.
  • Lallemand C. et Gronier G., Méthodes de design UX : 30 méthodes fondamentales pour concevoir des expériences optimales, 2018, Eyrolles.
  • Scherer P. et al., Chantiers ouverts au public, 2015, La Documentation française.
  • Choquer L., Dessin Dessein, le podcast du design, Podcast France
  1. https://www.thinkpublic.com/about
  2. Reproduction des préconisations et propositions du Cahiers des Assises, p. 49-59
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