Web

Tribunes

Le changement est mort, vive le changement !

Le 13 octobre 2021

La crise sanitaire est passée par là, explosant les critères de Maastricht et invitant à un nouveau modèle économique s’articulant autour des principes de durabilité à la fois sociale, économique et environnementale. La crise sanitaire a également fait voler en éclat nos modes de fonctionnement et de management … d’où la nécessité de se (ré)inventer de façon « agile » entre efficience et résilience, lit-on ou entend-on depuis mars 2020.

C’est oublier que nos organisations publiques – comme toutes les organisations d’ailleurs – étaient déjà des « ensembles vivants » dans leur écosystème holistique et systémique.

Et que ça bouge en permanence ! et pas que depuis la crise sanitaire !

Citons la contrainte financière (Contrat de Cahors hier, Rapport Arthuis demain ?) qui appelle à une réduction des dépenses publiques et plus d’innovation, la complexité des demandes sociales, la confiance « mitigée » dans nos institutions publiques qui demande une autre traduction dans les faits de la lecture de la charte de l’élu(e) (rappelons que la France est au 23ème rang de l’indice de perception de la corruption dans le secteur public), l’aspiration des citoyens à participer plus aux décisions publiques (mais comment ?) ou le vaste mouvement de transformation de l’action publique (AP 2022) lancé le 13 octobre 2017 …

C’est oublier aussi l’aspiration des Français(es), interrogé(e)s en juillet 2019 (sondage IFOP sur la notoriété des Objectifs du Développement Durable (ODD) et la perception de l’évolution des progrès réalisés pour l’atteinte des différents objectifs par les Français), lesquels classaient en premier l’ODD 3 « bonne santé et bien-être », à savoir « donner aux individus les moyens de vivre une vie saine et promouvoir le bien-être à tous les âges ».

C’est oublier enfin qu’une organisation publique doit appréhender deux enjeux à la fois : elle doit bien sûr gérer les opérations au quotidien et traduire en acte ses promesses de mandat ; elle doit aussi conduire le changement pour s’adapter aux transitions et au contexte de crises. Trouver le juste équilibre entre ces deux dimensions lui permet d’affronter l’avenir.

Reformulons ! Une organisation publique créée et délivre des services publics pour ses « habitants – citoyens - usagers – contribuables – électeurs », mais ce n’est plus suffisant car l’environnement est en constante évolution.

Elle doit aussi prendre en compte les conditions économiques, environnementales et sociales dans son écosystème. Comme faire sens et favoriser une qualité de vie au travail pour ses agents ou traduire les objectifs de développement durable (agenda 2030) sur son territoire.

Oui, mais comment capter ces changements qui impactent continuellement nos organisations publiques et modèleront nos pratiques managériales ?

Le programme Action Publique 2022 du gouvernement donne quelques pistes … et vise à repenser le modèle de l'action publique en interrogeant en profondeur les métiers et les modes d’action publique au regard de la révolution numérique qui redéfinit les contours de notre société.

Une autre piste serait de raisonner « impacts » … car dans nos territoires, nos organisations publiques et privées interagissent entre elles en permanence, ainsi qu’avec les personnes physiques. Les clients ou les entreprises sont ainsi des usagers, les habitants sont souvent nos agents.

Les élu(e)s et les managers sont donc – et c’est peut-être la nouveauté – amenés à s’interroger en permanence sur :

  • Leurs résultats : qu’est-ce que mon organisation délivre actuellement ? qu’est - ce qu’elle délivrera demain ?
  • L’orientation de l’organisation : pourquoi mon organisation existe ? quelle est sa raison d'être ? sa vision ? pourquoi choisir cette stratégie ? 
  • Les opérations : comment l’organisation entend-elle mettre en œuvre cette raison d'être et cette stratégie ?

Les résultats (ou impacts) visent à satisfaire trois familles de parties prenantes : les usagers des services publics, les agents et la société civile à travers la contribution du territoire à la traduction des ODD (agenda 2030).

L’enjeu pour ce mandat ne serait-il pas alors une sorte de « renouveau de la gouvernance », en engageant les parties prenantes le plus en amont possible (dès la stratégie) pour en faire des acteurs à part entière du territoire ?

×

A lire aussi