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Cartoscopie

Les territoires et la manne résidentielle

Cartoscopie Horizons publics 05
Le 8 novembre 2018

L’attractivité figure parmi les incontournables du discours territorial. Elle est souvent considérée comme le premier levier du développement local. Décryptage en carte.

Les territoires et la manne résidentielle
©Karine Hurel

Être attractif consista longtemps pour les collectivités à faire venir des entreprises du secteur productif. La métropolisation qui polarise ces activités limite toutefois cette distribution « équilibrée » dans les territoires malgré les dispositifs d’incitation à l’implantation, de fait peu efficients. Difficile, au-delà des effets d’opportunité de court terme, de fixer les acteurs privés là où ils n’ont pas envie ou intérêt à être.

Être attractif, c’est aussi attirer les populations : les élus des campagnes, hantés par la désertification qui se poursuit à certains endroits, ne ménagent pas leurs efforts pour accueillir des ménages, quand bien même les activités professionnelles de ceux-ci, ou leurs résidences principales, sont ailleurs. La théorie de l’économie résidentielle portée par Laurent Davezies et Magali Talandier est venue étayer cette quête et lui donner une robustesse scientifique, au point d’en faire, pour certains acteurs territoriaux, l’alpha et l’oméga des stratégies de développement local : peu importe selon eux de produire de la richesse, il faut capter celle produite ailleurs pour qu’elle soit dépensée sur place au travers services, loisirs, consommation, etc.

La carte des résidences secondaires est un proxy couramment utilisé pour représenter ces territoires qui, malgré l’absence de base économique productive, parviennent à se développer en captant les richesses générées ailleurs, principalement dans les métropoles. Espaces littoraux, de montagne, accessibles des agglomérations urbaines les plus dynamiques sont les gagnants de cette répartition dont la géographie recoupe celle des autres pratiques touristiques. Malgré les espoirs suscités par cette manne résidentielle, le rééquilibrage occasionné se révèle pourtant moins égalitaire que beaucoup on peut l’espérer. Une fois encore, tous les territoires ne sont pas égaux, tant s’en faut, en matière de qualité de vie et d’attractivité résidentielle.

Pour ceux qui en bénéficient, la manne est-elle durable ? L’affaiblissement des mécanismes sociaux de redistribution des revenus d’un côté, les contraintes environnementales qui ne peuvent que s’accroître dans des espaces aux écosystèmes fragilisés, d’autant plus vulnérables aux aléas climatiques qu’ils sont soumis à une anthropisation excessive, de l’autre, devraient obliger à se poser la question.

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