Territoires zéro chômeurs : la fabrique de l'emploi

Le 19 février 2018

Baptisé « Territoires zéro chômeur », l’objectif de ce dispositif est de lutter contre le chômage de longue durée en utilisant l’argent qui sert à indemniser les chômeurs pour leur permettre de travailler.

Comment éradiquer le chômage de longue durée ? Cela fait trente ans que la question taraude Patrick Valentin, convaincu que la privation d’emploi relève d’une forme d’injustice sociale inhérente au système capitaliste. Cet ancien chef d’entreprise et militant du droit à l’emploi part du constat que personne n’est inemployable et que le « coût du chômage » permet de financer des retours à l’emploi. Un chômeur de longue durée coûte entre 15 000 et 20 000 € par an à l’État.

Si l’idée visant à utiliser l’argent du chômage pour payer des gens à travailler peut paraître simple, son principe relève d’un véritable changement de logique économique dont la mise en œuvre expérimentale a demandé du temps et de la patience a ses initiateurs. Un tiers des chômeurs de longue durée sont sans emploi stable depuis au moins trois ans et l’absence d’activité est un cercle vicieux dont il est difficile de sortir. C’est partant de ce constat que l’association ATD quart-monde s’est associée à Patrick Valentin pour expérimenter des retours à l’emploi basés sur des emplois locaux. L’association « Territoires zéro chômeur de longue durée » est présidée par l’ancien député PS Laurent Grandguillaume, à l’origine du vote de l’expérimentation.

Les emplois créés sont financés par l’État mais aussi par une réaffectation des deniers publics versés aux chômeurs de longue durée.

L’extension à 100 territoires en 2019 ?

Une forme d’économie « complémentaire » a été votée à l’unanimité par l’Assemblée nationale le 29 février 2016, même si le système n’en est qu’à son expérimentation dans dix territoires. Il aura fallu attendre janvier 2017 pour l’ouverture des premières entreprises dites « Entreprises à but d’emploi » (EBE) qui feront travailler ces personnes. Un changement de paradigme et une inversion des priorités : l’entreprise a pour priorité de créer des emplois pour favoriser le développement économique. L’EBE multiplie les partenariats locaux mais pas question d’entrer en concurrence avec des activités déjà présentes dans les communes. Les activités complémentaires et diversifiées qui visent à développer les services nécessaires à la société sont prioritaires : tourisme, livraison à domicile, transports, entretien des espaces verts, services d’aide à la personne, etc.

Les entreprises impliquées dans l’expérimentation bénéficient de subventions issues du budget alloué par le ministère du Travail à cette initiative, qui s’élève à 14,9 millions d’euros pour 2017. Au moment du lancement du projet, Myriam El Khomri, alors ministre du Travail, avait salué l’audace de cette initiative annonçant en mars 2017 que : « Si nous réussissons cette expérience, elle a vocation à être généralisée. »

Pour l’instant une dizaine de territoires participe à cette expérimentation, l’extension à 100 territoires est envisageable en 2019 si le premier diagnostic s’avère satisfaisant. En un an 400 emplois ont déjà été créés. L’objectif étant d’atteindre 2000 emplois fin 2018.

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