Revue
Ils nous étonnentUne boussole pour des territoires plus résilients
Le centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema)1 a lancé « la boussole de la résilience », un outil pratique articulé autour de six principes et dix-huit leviers d’action pour aider les territoires à devenir plus résilients. Cet outil, l’aboutissement d’une réflexion menée par l’institution de longue date, combine aussi l’analyse de travaux méthodologiques qui se sont multipliés au cours des cinq dernières années.
« Le programme de la fondation Rockefeller “100 Resilient Cities” a contribué à structurer le paysage. Il entre en résonance avec les éléments méthodologiques et définitions du Cerema sur la résilience », explique Aurore Cambien, directrice du projet Résilience territoriale du Cerema. Parmi ses partenaires, le Cerema compte notamment la mission Résilience de la ville de Paris.
En parallèle du programme de la fondation Rockefeller, de nombreux autres travaux ont été pris en compte pour créer la boussole de la résilience. Notamment des outils normatifs internationaux (la norme ISO 37123) et européens (CWA 17300). Mais aussi des travaux réalisés par des acteurs plus modestes comme les Greniers d’abondance sur le thème de la résilience alimentaire des territoires ou la Traverse travaillant sur la résilience des territoires locaux.
Un travail d’analyse comparative de toutes ces initiatives a permis d’identifier six leviers, dix-huit principes et trente exemples d’actions à mener pour rendre les territoires plus résilients. L’approche développée se veut globale et générique, elle identifie plusieurs leviers permettant de renforcer la résilience, quel que soit le choc susceptible de survenir.
« Si l’on devait résumer la résilience pour un territoire, c’est d’être capable, à tout moment, d’assurer les besoins vitaux et essentiels de la population, tout en étant attentifs à ne pas dégrader l’environnement, précise Aurore Cambien. »
Si la boussole s’adresse aux collectivités et plus particulièrement aux chargés de mission Résilience, sa mise en œuvre nécessite de s’appuyer sur l’ensemble des acteurs du territoire, notamment les habitants.
Il s’agit de partager localement une définition de la résilience. Cette définition assez large peut aller de la capacité de résistance à un choc à la transformation pour éviter de revenir à la situation initiale.
« Au Japon, après la catastrophe de Fukushima, une étude réalisée dans 150 villages côtiers frappés par le tsunami a mis en relief la corrélation très forte entre le nombre de morts et l’absence de cohésion sociale. Quand les gens se connaissent, ont l’habitude de s’entraider, ils sont capables d’aiguiller les équipes de secours, cela sauve des vies, raconte Aurore Cambien. » Développer la cohésion sociale, le tissu associatif est un axe transversal majeur pour renforcer la résilience d’un territoire.
L’intégration des vulnérabilités dans un projet constitue un axe classique de protection des risques. La réhabilitation du quartier de Matra à Romorantin, situé en zone inondable, a intégré la possibilité de survenue d’une crue centennale en travaillant sur les rez-de-chaussée et en augmentant la capacité des espaces à gérer les eaux pluviales. Ainsi lorsque la crue a eu lieu, à peine quelques mois après la livraison du projet, l’événement a été bien géré. Au lieu de croire que l’on pourra éviter un tel événement ou de s’en protéger via des infrastructures lourdes, on accepte le risque de l’aléa et on l’intègre au projet.
La région Hauts-de-France a expérimenté le lever d’action « culture et savoir-faire locaux ». Touchée par une désindustrialisation forte et souffrant d’une image dégradée, elle a réussi à rebondir en assumant son histoire et sa culture. Le classement au patrimoine mondial de l’UNESCO des terrils et du bassin minier, en 2016, a joué le rôle de déclencheur, pour la valorisation de cette culture.
Les cours Oasis, expérimentées dans les écoles parisiennes2, constituent un exemple emblématique d’intervention intégrée. Elle allie expérimentation, innovation et transformation, porte un regard décalé sur les cours d’école pour en faire des îlots de fraîcheur et des espaces de lien social. Ces cours favorisent la cohésion sociale, l’adaptation au changement climatique, la végétalisation et la biodiversité.
Le Cerema met à la disposition des collectivités cette boussole de la résilience gratuitement afin de permettre aux collectivités de s’en saisir.
L’adaptation au changement climatique, le nouveau positionnement du Cerema depuis janvier 2021
Le Cerema a dévoilé début 2021 un nouveau positionnement autour de l’adaptation au changement climatique et a lancé en octobre 2020 le CeremaLab, un dispositif dédié aux PME innovantes et aux start-up développant des produits et services en lien avec les domaines d’activité du Cerema, pour accélérer leurs projets et augmenter leur impact sur les territoires.
- Le Cerema est un établissement public sous la double tutelle du ministre de la Transition écologique et solidaire, et du ministre de la Cohésion des territoires.
- https://www.paris.fr/pages/les-cours-oasis-7389