Constance Nebbula : « Le budget participatif à Angers est un vrai parti pris »

Constance Nebbula
Constance Nebbula
Le 9 mars 2018

Constance Nebbula, conseillère municipale de la ville d'Angers (depuis 2014) et conseillère communautaire d'Angers Loire Métropole (depuis 2016), est déléguée au numérique, à l'innovation et à la smart city. Entrepreneuse dans le e-commerce dans la vie professionnelle, elle revient sur l'expérience du budget participatif à Angers et les autres initiatives mises en place par la ville pour renforcer la participation citoyenne grâce au numérique.

Quelles sont les initiatives menées par la ville d’Angers, parmi les plus emblématiques, pour développer la citoyenneté à l’heure du numérique ?

L’une des plus emblématiques concerne le budget participatif, voté en tout début d’année : pour résumer, il consiste à réserver une partie du budget - un million d’euros - pour les projets imaginés par les personnes. Nous avons depuis peu mis en place une plateforme numérique participative : on s’y inscrit, on y décrit ce que l’on souhaite voir faire. Il est possible de commenter, de partager sur les réseaux sociaux via une plateforme d’échanges. Nous sommes ici dans ce qu’on appelle une logique de Civic tech.

Ensuite, que se passe-t-il ?

Cette phase de proposition va durer plusieurs mois. Les services techniques vont étudier la faisabilité de ces projets (technique, domaines de compétence…). Les dossiers retenus (prérequis) seront alors soumis au vote des internautes et mis en place. C’est là une initiative qui mêle numérique, démocratie, citoyenneté, engagement de la collectivité et qui s’inscrit dans notre stratégie de ville intelligente.

La smart city ce n’est pas que de la technique et des objets connectés. C’est une manière plus intelligente de travailler avec les habitants mais aussi en interne.

Quelles sont les clés de réussite pour mener une telle opération ?

D’un point de vue « externe », avant tout une volonté politique. En interne, c’est une question d’organisation. La mise en place d’un budget participatif, ce n’est peut-être pas si innovant en soi, mais cela passe par un changement dans notre fonctionnement : une partie du budget sera orienté et voté par les angevins. Cela nécessite davantage de transversalité au sein des services, car tout type de sujet peut-être choisi.

Concrètement, comment cela se traduit-il ?

Pour le budget participatif, nous avons recruté un agent, assistant de projet, dont la fiche de poste indique clairement une participation aux outils civic tech. Son job sera notamment d’intégrer le numérique pour plus de citoyenneté. C’est une notion assez nouvelle mais ce qui compte aussi, c’est de saisir l’opportunité de ces arrivées externes pour moderniser en interne. Mon conseil est alors de mettre au second plan la trop grande complexité organisationnelle d’une collectivité. Au regard des attentes. Il nous faut simplifier l’offre de la collectivité et son organisation interne. Cela nécessite un vrai parti pris.

Avez-vous prévu un dispositif d’évaluation ?

L’opération « budget participatif » sera évaluée mais nous ne connaissons, bien sûr, ni les thématiques, ni le nombre de projets qui seront proposés. Nous ne savons pas non plus si l’enveloppe d’un million correspondra. C’est une année test et nous l’assumons complètement. Mon autre conseil est de faire preuve de flexibilité en fonction de ce qui va se passer. Et de se dire que ça sera peut-être différent l’année prochaine. Notre budget participatif est une initiative 100 % ville qui, par définition, doit entrer dans les compétences de la ville.

Avez-vous d’autres initiatives à dimension citoyenne ?

Je peux vous indiquer notre opération « Mairie 5 sur 5 » qui permet au citoyen d’être également acteur de sa ville, de participer au mieux vivre en signalant des dégradations, des dysfonctionnements…

L’application Mairie 5 sur 5 permet de prendre une photo, de la géolocaliser, la catégoriser, la commenter, l’envoyer directement aux services qui traiteront le dossier dans un délai très court (24 / 48h). C’est la citoyenneté active.

En outre, recevoir dans nos administrations une information en temps réel sous forme d’image et, quel que soit le canal d’entrée, la dispatcher au bon service, cela nécessite une réorganisation en interne dont la principale caractéristique est également la transversalité. Toujours en matière de citoyenneté active, nous proposons une plateforme dédiée au bénévolat où les associations expriment leurs besoins immédiats : en termes de personnels, de matériels… Les internautes y répondent. Actifs et réactifs !

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