Les méthodes de l’IHEST au service de la budgétisation verte

Le 10 juillet 2021

Comme d’autres collectivités, la région Bretagne se projette dans l’avenir pour verdir son budget. Mais quelle direction prendre pour y parvenir ? La collectivité a fait le choix de solliciter les méthodes de l’Institut des hautes études pour la science et la technologie (IHEST) dans le cadre d’une université territoriale1. Entretien avec Sylvane Casademont, directrice de l’institut, sur cette démarche scientifique visant à promouvoir l’intelligence collective à partir des solutions proposées par les chercheurs et les élus.

Pouvez-vous nous présenter en quelques mots l’IHEST ?

Nous poursuivons deux grandes missions : mettre à disposition des décideurs les connaissances des scientifiques, les chercheurs en sciences dures, humaines et sociales, y compris la philosophie ; nous proposons à ces mêmes décideurs des cycles de formation pour agir sur le terrain à partir des connaissances scientifiques que nos spécialistes dispensent. Nous sommes un des établissements habilités par le ministère de la Recherche et de l’Enseignement supérieur pour mener à bien ces missions. Nous organisons en intra des séminaires ou webinaires avec les collectivités pour que cette rencontre avec les chercheurs puisse se faire.

C’est donc une manière de rapprocher le monde de la recherche, dont les impacts peuvent avoir des conséquences pour les décideurs publics, et des élus contraints de se projeter dans l’avenir pour agir dans le présent…

La transition environnementale au sens large oblige les collectivités à prendre des décisions dont les effets se concrétiseront dans dix à vingt ans. Rénovation des bâtiments, mobilités décarbonées, autonomie énergétique, etc. Toutes ces thématiques s’imposent. Pour un élu, la pression est forte, il doit rendre des comptes sur les décisions précises aujourd’hui. D’où l’intérêt de croiser des experts dont la parole permet de baliser le cheminement de la décision, d’être en phase avec la réflexion politique. La région Bretagne avait largement défriché le terrain. Elle avait mené un gros travail de structuration de sa feuille de route en 2018-2019 pour mettre en œuvre actions publiques en matière de transition énergétique et écologique. Des conférences régionales ont été menées sur le territoire. Un vote a validé par Breizh Cop en séance plénière, intitulé de la démarche. Une première rencontre en septembre 2020 a permis de fixer le cap de ce que nous pourrions leur apporter pour passer à l’action.

Le réchauffement climatique, c’est l’affaire de tous. La montée du niveau de la mer, par exemple, nous oblige à changer tellement de paradigmes dans l’appréciation de ce sujet capital.

Comment ça se passe concrètement ?

Pour construire cette budgétisation verte, les élus et les services de la région avaient besoin d’une acculturation générale, pour donner au réseau dans lequel ils s’inscrivent des repères communs. Nous avons construit avec eux une programmation en trois temps, déclinée lors de l’université territoriale. D’abord, mesurer l’état de la réflexion sur le sujet au niveau international et national. Puis analyser ce qui se fait ailleurs en France, dans d’autres régions, comme en Occitanie, où à l’échelle de la métropole européenne de Lille et la ville de Paris. Ce travail de rapport d’expériences se fait en présence des élus et/ou agents qui agissent sur le terrain. Ensuite, nous avons exploré sur ce qui se faisait en Bretagne. Félicien Pagnon, doctorant à l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI), a mené sa thèse sur les indicateurs pertinents pour mener à bien la transition écologique. Nous avons ensuite proposé des ateliers thématiques sur le financement, notamment pour savoir si les documents d’urbanisme, tels qu’ils existent, répondent aux défis du réchauffement climatique.

L’accompagnement au changement se joue donc aujourd’hui…

Tant de choses vont changer… La réindustrialisation, par exemple, c’est quoi ? Quels projets mettre en face d’une telle nécessité ? Le réchauffement climatique, c’est l’affaire de tous. La montée du niveau de la mer, par exemple, nous oblige à changer tellement de paradigmes dans l’appréciation de ce sujet capital. Même chose pour les éoliennes, dont la construction nécessite de reposer sur l’économie circulaire pour éviter que l’empreinte carbone d’une telle édification soit trop élevée. Je vous confirme que le monde change et que nous devons intégrer la manière d’y faire face.

Démarches scientifiques et prises de décision

Comme il l’indique sur son site, l’IHEST « forme les cadres dirigeants et les influenceurs à l’utilisation des connaissances et de la démarche scientifiques dans la prise de décision ». Des parcours de formation sont proposés pour explorer les sujets économiques et sociétaux contemporains, et des questions centrales pour penser l’avenir de leurs organisations : transition numérique, développement durable, gouvernance, etc. La pédagogie de l’IHEST repose sur les apports de scientifiques renommés et la pratique de l’intelligence collective.

  1. L’université territoriale s’est déroulée les 24 et 25 mars 2021.
×

A lire aussi