Revue

Dossier

Les potentiels de la fiction : le cas du « parlement de Loire »

Auditions 1 du parlement du Loire. Bruno Latour et Frédérique Aït Touati.
Le 9 novembre 2020

Après la Nouvelle-Zélande, la Colombie et l’Inde qui ont respectivement offert le statut de « personnalité juridique » à des entités non-humaines (les fleuves Whanganui, Rio Atrato et Gange1) afin de relever le défi de la crise bioclimatique, le POLAU (pôle arts et urbanisme) en région Centre-Val de Loire a engagé la même démarche pour la Loire, le dernier fleuve naturel d’Europe.

Résumé

En octobre 2019, à Tours, les premières auditions du « parlement de Loire » constituent l’acte inaugural d’une fiction institutionnelle inédite en Europe. Animée par l’écrivain Camille de Toledo, une commission d’information2 auditionnait le philosophe des sciences Bruno Latour, la chercheuse Frédérique Aït-Touati, l’archéologue Virginie Serna et le paysagiste Bruno Marmiroli. En présence d’une centaine d’auditeurs, cette commission œuvre depuis lors à la reconnaissance de la personnalité juridique du fleuve Loire et réfléchit aux potentialités d’une constitution inter-espèces. Ces auditions se poursuivent à l’automne 2020 avec de nouveaux invités, penseurs, juristes, usagers, artistes.

Ce récit collectif en acte, porté par le POLAU, prend appui sur des précédents législatifs et jurisprudentiels qui ont reconnu des sujets de la nature comme sujets de droit : en 2017, notamment, la loi néo-zélandaise a doté le fleuve Whanganui d’une personnalité juridique3. Le Rio Atrato en Colombie, des territoires en lutte aux États-Unis, utilisent l’outillage juridique pour défendre des modes d’existence autochtones face à des intérêts qui détruisent des écosystèmes.

La crise bioclimatique exige de changer nos manières d’habiter et d’accueillir les perspectives élargies du vivant. L’expérience du « parlement de Loire » cherche à définir les contours d’une transformation institutionnelle pour faire des vivants, des milieux, les parties prenantes d’un nouvel équilibre des pouvoirs. Pour que la nature et ses composantes soient accueillies dans un contrat social élargi. Au-delà du renversement de perspective que cela implique, la démarche génère des ondes d’intérêt de la part de groupements et d’organisations territoriales en charge de la gestion du fleuve et des transitions écologiques. C’est une narration d’avenir qui ouvre la voie à une constellation de projets contributifs, d’aménagement et de développement local, qui prennent notamment appui sur le rapport des auditions du « parlement de Loire » et l’hypothèse d’une déclaration de la personnalité juridique du fleuve.

Maud Le Floc’h – La Loire est le dernier fleuve naturel d’Europe. Elle organise et structure un vaste paysage, territoire d’intérêts, d’enjeux, de menaces et de désirs. La thématique d’une culture du fleuve infiltre les sujets du POLAU depuis 2011. La révision du plan de prévention des risques d’inondation (PPRI) du Val de Tours sert alors d’appui à la formulation d’une commande au collectif artistique La folie kilomètre. Cela donne lieu à Jour inondable, soit l’écriture d’une randonnée artistique de 24 heures qui a embarqué un large public dans une fiction de montée des eaux. Ce fut une occasion exceptionnelle pour les participants d’appréhender le risque en se mettant en jeu physiquement. Par la suite, en 2016, le plan Rhône nous a sollicités sur le montage d’un appel à projets innovants sur la sensibilisation citoyenne au risque inondation Rhône-Saône.

L’idée du « parlement de Loire » émerge l’année suivante dans le cadre du programme artistes-ingénieurs GÉNIES-GÉNIES que le POLAU confectionne. Inspirés des travaux de Bruno Latour, de Philippe Descola et des échanges avec Camille de Toledo autour de la notion de personnalité juridique attribuée à des écosystèmes, nous avons lancé cette narration institutionnelle en lien avec le territoire. Cette reconnaissance du vivant non-humain, de l’entrelacs dans le milieu des espèces animales, végétales et des formes minérales, porte en soi une inversion paradigmatique quant à la perception du milieu ligérien. Les travaux de Camille ouvrent une voie juridique et pragmatique pour changer les institutions et inviter des publics à transformer la manière dont nous nous rapportons au milieu.

En lui proposant de nous accompagner à la définition d’un « parlement de Loire », en adoptant son approche – celle d’une institution potentielle – nous savions que nous nous engagions dans un projet de real-fiction que nous affectionnons particulièrement au POLAU. Camille a proposé le format des hearings ou « auditions constitutionnelles » qui servent à définir les termes de lois à venir, sur le modèle des auditions parlementaires. Il veille sur un fil conceptuel autour duquel se déclinent différents projets, urbanistiques et culturels, avec divers partenaires du territoire. Le « parlement de Loire » est une démarche ouverte et agrégatrice. Elle propose des imaginaires que chaque acteur peut formuler ou s’approprier, en y glissant ses enjeux propres. Cette veine fictionnelle et juridique est cruciale pour redonner des puissances d’agir aux milieux, et à celles et ceux qui souhaitent recoudre les fils distendus entre les humains et le monde.

Camille de Toledo – Depuis les écrits d’Aldo Leopold4 au début du xxe siècle, ou plus tard de Rachel Carson5 et de Christopher Stone6, il y a une transformation à accomplir, de plus en plus impérative, dans la manière d’habiter la Terre, avec la notion centrale des « attachements ». Nous sommes appelés à nous relier au monde, aux milieux, aux vies dont nous dépendons, après une longue histoire de la séparation. Au début du xxie siècle, nous sommes les héritiers d’une modernité qui pensait l’avenir dans les termes de l’affranchissement, de la libération. Ces termes ont été renversés afin d’aller vers d’autres notions qui traversent le projet du « parlement de Loire » : les interdépendances, les liens, les trans-subjectivités. L’anthropologie descolienne, la sociologie symétrique de Latour, la philosophie stengersienne, la théorie des attachements en psychanalyse, les avancées de l’éco-psychologie avec Macy et Eggers, la démocratisation des savoirs de la botanique, la zoopoétique, l’éco-poétique, etc. Tout tend à rattacher les humains à leurs milieux, aux autres espèces, aux paysages. Mais quel changement y a-t-il eu dans nos régimes législatifs, dans nos institutions, dans l’équilibre général des pouvoirs ?

Le « parlement de Loire » est un concept transformateur qui pourrait guider de multiples enjeux de mutation et de transition.

Le « parlement de Loire » est un lieu d’expérience, une narration à l’échelle une qui permet de lancer un « processus instituant » pour cesser de gouverner le vivant depuis notre position séparée et nous mettre à la table des négociations avec un plus grand nombre d’« étants » ; avec des plantes, des animaux, le cycle de l’eau, les paysages. Dans le contexte du bassin de la Loire, cela interroge les attachements au fleuve, aux êtres de la nature attachés au fleuve.

Le chemin narratif que j’ai proposé compose avec mes deux terrains de recherche : la dimension littéraire – la narration – et juridique – le droit et l’économie politique. Qu’est-ce qu’un processus instituant, en droit ? Cela se traduit par des délégués, des représentants, qui s’interrogent sur la manière d’écrire une loi à venir ; c’est un processus où des humains attachés à un territoire se demandent comment changer les lois qui gouvernent et organisent la vie commune. Si l’on considère l’écosystème Loire, on observe que le souverain dans ce bassin-versant est emmêlé entre des humains, le fleuve et l’ensemble des espèces co-dépendantes du fleuve. C’est un souverain à la croisée d’intérêts humains et non-humains. Or, aucune institution en place ne rend compte de ce souverain entrelacé. Nous cherchons, avec l’hypothèse du « parlement de Loire », à rapprocher nos modèles institutionnels de cet emmêlement réel des vies, pour donner plus de poids et de voix au milieu.

Le « parlement de Loire » est un lieu d’expérience, une narration à l’échelle une qui permet de lancer un « processus instituant » pour cesser de gouverner le vivant depuis notre position séparée.

Maud Le Floc’h – Quelles formes institutionnelles pourraient répondre au défi de nos attachements entre la part humaine et la part non-humaine de la vie terrestre ? Des institutions qui offriraient un horizon inédit, un renouvellement des représentations, des mises en dialogue entre entités d’un même milieu aux intérêts hétérogènes (voire conflictuels), qui accompagneraient des mobilisations et des expérimentations sur nos manières d’habiter, de circuler, de considérer le territoire autrement que comme « ressource » ou « environnement ». À ce titre, le « parlement de Loire » est un concept transformateur qui pourrait guider de multiples enjeux de mutation et de transition. J’aime à citer le projet urbain ÈRE 21 que nous portons à Tours, qui découle de cette fiction du « parlement de Loire ». Il illustre la capacité d’entraînement d’un récit sur une réalité territoriale. Ce projet d’urbanisme, situé entre la Loire et l’autoroute A10, sur le site de l’échangeur 21, a été retenu dans le cadre de l’API Devenir Tours. Ce type de compétition met généralement en concurrence des promoteurs immobiliers qui concourent avec des équipes pluridisciplinaires. Nous avons fait le choix de porter une candidature depuis le POLAU en réunissant un pool de concepteurs et en traduisant spatialement le concept de « parlement de Loire » : une architecture matricielle irriguant différents programmes, bureaux, commerces, hébergements temporaires, belvédères, tous dédiés aux transitions : écologiques, alimentaires, immobilières, des mobilités, etc. Ce projet s’invente depuis le sol, sa mémoire, ses particularités contextuelles, historiques, géopolitiques, entre Tours et Saint-Pierre-des-Corps. Il développe une grammaire urbaine sur le devenir du fleuve et celui de l’autoroute. Des investisseurs locaux ont rejoint la candidature et donné du crédit à cette utopie-réalité. Né de l’opportunité d’un appel à projet classique, ÈRE 21 génère aujourd’hui un laboratoire urbain avec les agents des collectivités, les acteurs de la transition et les élus. L’hypothèse est d’amorcer une préfiguration pour faire collectivement, avec une série de parties prenantes, comme s’il y avait l’édification de quelque chose que l’on ne connaît pas encore.

C’est cette mise en dialogue et en tension du réel – par l’imaginaire et la narration collective – que propose également Camille de Toledo.

Camille de Toledo – Je travaille depuis 2008 sur des notions telles que les « institutions potentielles », les « fictions institutionnelles ». C’est une démarche artistique qui mobilise les ressources de la fiction et de l’art pour mettre le réel en tension, à l’épreuve d’un imaginaire. Une « institution potentielle » est une institution ad hoc, inédite, qui crée un hiatus dans un monde construit par des institutions anachroniques, inadaptées, pour provoquer des changements, modifier la « tectonique des plaques », offrir un horizon de transformation, composer le monde différemment.

Le droit repose sur une série de « fictions juridiques », de cadres normatifs qui permettent d’organiser la vie commune, de concilier des intérêts divergents. Notre monde humain repose sur un certain nombre de fictions, acceptées par des majorités politiques et des autorités mondiales (OMC, Banque mondiale, FMI, marchés), qui définissent nos manières d’habiter. Notre question est donc celle-ci : comment bâtir d’autres institutions plus adaptées à ce monde abîmé ? Comment narrer autrement notre mode d’habiter ?

Auditions 1 du parlement du Loire. Bruno Latour et Frédérique Aït Touati.

Le « parlement de Loire » et sa réflexion pour des institutions inter-espèces, autour d’une conception élargie et entrelacée du souverain, travaille à cette narration métamorphique. Nous vivons encore hélas dans le sillon des révolutions politiques du xviiie siècle avec un souverain qui coïncide avec la « Nation ». Le contrat social qui fonde nos collectifs politiques est strictement humain. L’enjeu des années à venir tient dans le fait de reconnaître que nous devons étendre la conception du souverain ; et par voie de conséquence, élargir le contrat, accueillir d’autres formes de vie, pour décider des termes de la vie commune avec les milieux. Ici, avec l’ensemble Loire. On pense à une assemblée territoriale où les intérêts non-humains seraient statutairement là, indépendamment du jeu des majorités politiques. Nous devons penser nos institutions pour que les perspectives non-humaines soient en permanence prises en considération, quels que soient les partis en présence.

L’enjeu des années à venir tient dans le fait de reconnaître que nous devons étendre la conception du souverain ; et par voie de conséquence, élargir le contrat, accueillir d’autres formes de vie, pour décider des termes de la vie commune avec les milieux.

En 2008, la première institution potentielle que j’ai créée cherchait à répondre à un impensé linguistique en Europe. Comment fonder une communauté politique lorsque nous ne parlons pas la même langue ? Prenant appui sur l’hétérogénéité des langues et l’impossibilité d’un espace politique commun, j’avais imaginé une institution potentielle – la Société européenne des auteurs – qui mettait en avant le concept de traduction. Dans le cas du « parlement de Loire », je prolonge en quelque sorte cette question de la « traduction comme langue », et le rapport entre la langue et l’espace politique. Puisque nous avons à penser un souverain étendu, nous devons apprendre à traduire ce que veulent les milieux et les formes de vie peuplant ces milieux. Nous devons apprendre à écouter, à parlementer, à négocier, à définir la loi commune avec d’autres formes de vie que des vies humaines. Le saut ontologique que nous sommes appelés à faire est un saut qui relève de la technique perspectiviste. Il s’agit d’intégrer en droit l’idée que les milieux, les écosystèmes, les fleuves, les lacs, les montagnes et les êtres de la nature ont des intérêts propres, parfois solidaires des intérêts humains, parfois divergents. Il s’agit d’inviter ces autres perspectives dans nos pratiques d’écoute institutionnelles, négociatrices, urbanistiques. Notre question sous-jacente est : Qui peut parler et au nom de qui ? Comment faire entendre cette autre perspective ? La commission pour un « parlement de Loire » n’a pas encore de réponse figée. Elle dit simplement : « Il y a des manquants dans nos espaces publics, dans nos manières de concevoir la vie commune. Nous devons écouter ces manquants et les accueillir dans nos institutions. »

Maud Le Floc’h – J’entends par la traduction que tu évoques la notion de lien, la reliance des altérités. L’hypothèse d’un « parlement de Loire » porte un changement de perspective pour écouter à bas bruit, entendre les profondeurs des milieux, des vivants, des sols.

Travailler à la croisée des voix, des récits et des savoirs est constitutif de la façon dont le POLAU opère. On y œuvre à une possible bascule, a contrario de l’institution-temple, descendante et monocorde. Ce récit du « parlement » offre mille possibilités d’agrégations, de fédérations. Sur le territoire tourangeau, les instances en place se raccordent volontiers à cette initiative, à son imaginaire, à ce que le « parlement de Loire » invite à repenser dans la logique de l’Anthropocène. De nombreuses instances travaillent le sujet de la Loire en termes de gestion, de politique publique, d’aménagement. À titre d’exemple, l’Agence de l’eau coordonne le schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) avec un axe de sensibilisation des publics. La mission Val de Loire a la charge de la protection du patrimoine mondial de l’UNESCO. Les lois de décentralisation ont confié des compétences en la matière aux EPCI. Tours Métropole Val de Loire coordonne le programme d’actions de prévention des inondations (PAPI). Ces différents acteurs parfois s’associent, parfois s’opposent ; et le plus souvent, ils tendent à renforcer leur propre logique institutionnelle. La notion de traduction qu’évoque Camille est aussi appropriée au dialogue entre ces institutions relativement cloisonnées. La figure du « parlement de Loire » offre la possibilité de faciliter les alliances, les constellations. En ces termes, il est dans la filiation du plan-guide de l’île de Nantes (à l’inverse d’un schéma directeur qui pose une vision planificatrice) : un concept de référence qui éditorialise les projets émergents en les articulant avec le « déjà-là », dans une approche organique. Quand je pense à ce que nous avons initié avec ce récit, je pense à la citation de Paul Valéry : « Que serions-nous sans le secours de ce qui n’existe pas ? »

Auditions 2 du « parlement de Loire ». Jacques Leroy et Jean-Pierre Marguenaud.
©©Apolline Fluck-POLAU

Camille de Toledo – Justement, pour décrire cette logique du potentiel et des fictions institutionnelles, j’aurais envie de réécrire cette citation de Valéry : « Que serions-nous sans le secours de ce qui n’existe pas “encore” ? » Nous vivons aujourd’hui dans une situation inadmissible où seules des entités humaines – des représentants d’intérêts humains – ont des droits et peuvent abuser du monde ; là où les entités de la nature n’ont aucun droit ou si peu. On dit que le vivant est une puissance, et on a bien raison de le dire. Je dirais pour ma part que c’est même, au bout du compte, notre seul souverain. Mais nulle part dans nos institutions, il y a cette traduction de l’intelligence du vivant. C’est cette traduction que nous cherchons à accomplir. Une traduction qui passe par une personnalisation juridique des éléments de la nature, comme le proposait dès 1970 le juriste Christopher Stone.

Il y a, face au désastre écologique, à l’usure de nos manières de vivre en modernes, séparés de la nature, un mouvement irrépressible qui nous pousse à donner plus de place aux milieux. La question du « parlement de Loire » peut dès lors se poser ainsi : les territoires vont-ils s’équiper en temps réel pour accomplir ces métamorphoses institutionnelles ou seront-ils les retardataires d’un mouvement global qui pousse vers une reconnaissance des éléments de la nature ? La France et ses territoires désirent-ils être en accord avec ce mouvement du temps présent et ses potentialités, accélérer ce processus de transformation ; ou veulent-ils être des réfractaires ?

En littérature, j’aime cette notion d’anticipation… Produire un réel à venir, un récit qui dit le monde à venir. Souvent, hélas, l’anticipation est assez noire, apocalyptique. Mais avec le récit du « parlement de Loire », il y a quelque chose qui tend vers une transformation désirable. Nous disons : « Travaillons d’ores et déjà à cette métamorphose parce qu’elle a lieu de toute façon, parce que le terrestre se manifeste quelles que soient nos décisions. » Les milieux se manifestent, et nous avons à les entendre, à entendre le langage qu’ils parlent. Car pour nous autres humains, tout est langage. Les humains ont la charge de la vie symbolique comme les abeilles ont la charge de la pollinisation. La vie symbolique comprend l’organisation de nos institutions, fondées sur des symboles. Nous avons la charge de changer ces symboles pour changer le théâtre, la scène de la vie terrestre, afin de nous mettre à l’écoute des vivants qui ripostent.

Prochains actes

17 octobre 2020 | Auditions 3 : « Conflits et négociations entre les espèces »

En présence de Valérie Cabanès, Matthieu Duperrex et Gabrielle Bouleau.

POLAU, Saint-Pierre-des-Corps.

5 décembre 2020 | Auditions 4 : « Vers des institutions animistes »

Lieu et auditions en cours.

2021 | Publication du rapport des auditions du « parlement de Loire »

Vers des institutions inter-espèces (coédition Manuella Éditions et POLAU)

Ce rapport consignera les actes des journées d’auditions, les hypothèses retenues par la commission et la proposition de loi potentielle d’émancipation du fleuve.

Plus d’informations : www.polau.org

Le projet du « parlement de Loire » est porté par le POLAU dans le cadre du programme artistes-ingénieur·es GÉNIES-GÉNIES. Il bénéficie du partenariat de la mission Val de Loire, de l’agence Ciclic Centre-Val de Loire, de la fondation Le Damier, du Label Rayons Frais création et diffusion/ville de Tours et de la complicité de l’École de la nature et du paysage de Blois-INSA Centre-Val de Loire et COAL art et écologie. Il s’inscrit dans les programmations Viva da Vinci 2019-500 ans de Renaissance(s] et Nouvelles Renaissance(S] 2020 de la région Centre-Val de Loire.

  1. La Haute Cour de l’Uttarakhand a reconnu, en mars 2017, le Gange et la Yamuna comme des « entités vivantes ayant le statut de personne morale ». La cour suprême indienne a annulé la décision de justice le 7 juillet 2017, précisant que ce nouveau statut ne serait pas « viable » juridiquement. Entretien avec Cabares C. et Bouvier P., « Quand la nature est reconnue sujet de droit, cela permet de réguler les activités industrielles », Le Monde 2 févr. 2019.
  2. La commission pour la création d’un « parlement de Loire » est constituée de Camille de Toledo, Virginie Serna, Bruno Marmiroli, Lolita Voisin, Pascal Ferren, Joan Pronnier et Stéphane Cordobes.
  3. Le texte fait valoir que le fleuve est une entité vivante avec le statut de personne morale, « partant des montagnes jusqu’à la mer, y compris ses affluents et l’ensemble de ses éléments physiques et métaphysiques ». Les droits et les intérêts du Whanganui peuvent ainsi être défendus devant la justice. Le fleuve est alors représenté par deux personnes : un membre de la tribu maori résidente du fleuve et un autre du gouvernement. Taïx C., « La Nouvelle-Zélande dote un fleuve d’une personnalité juridique », Le Monde 20 mars 2017.
  4. Leopold A., A Sand County Almanac, 1949, Oxford University ; L’éthique de la terre. Penser comme une montagne, 2019, Payot.
  5. Carson R., Cette mer qui nous entoure, 1953, Éditions des deux coqs d’or ; Là où finit la mer, 1955, Amiot Dumont ; Le Printemps silencieux, 1962, Plon.
  6. Stone C., Les arbres doivent-ils pouvoir plaider ?, 2éd., 2017, Le Passage clandestin.
×

A lire aussi