« Plus fraîche ma ville », une plateforme numérique pour lutter contre la surchauffe urbaine

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Ce service numérique est né de l’initiative d’une start-up d’État portée par l'incubateur « Accélérateur de la transition écologique » de l’ADEME, avec le soutien de Beta.gouv.fr et de l’Association des maires de France (AMF).
©https://plusfraichemaville.fr/
Le 7 juin 2023

Revêtement à albédo élevé, structures d'ombrage, façades végétalisées, brumisateurs et jeux d'eau, arbres et végétaux dans les cours d'école, stockage des eaux de pluie... sont quelques unes des solutions présentées sur « Plus fraîche ma ville », une nouvelle plateforme lancée par l'Agence pour la transition écologique (ADEME) pour accompagner en priorité les petites et moyennes collectivités dans leurs projets de rafraîchissement.

 

Depuis son lancement en mode start-up d’État en mars 2023, la plateforme recense une trentaine de solutions pour rafraîchir les villes et territoires urbains. Elle a été présentée à l'occasion d'une conférence de presse organisée le 7 juin par l'ADEME sur le thème "Canicule, vague de chaleur, surchauffe urbaine : comment adapter les villes pour les décennies futures ?".

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Conçu comme un outil d'aide à la décision de premier niveau, ce service public numérique gratuit permet de faire un diagnostic rapide en fonction des objectifs (découvrir la surchauffe urbaine sur mon territoire, prendre en compte le confort thermique des habitants, aider les habitants lors des épisodes caniculaires) et de l'espace sur lequel agir (bâtiment, rond point, parking, rue, cour d'école, parcs et jardins, place, rue). Une trentaine de solutions de rafraîchissement urbain qui ont fait leur preuve dans les collectivités testées et référencées sont alors proposées, et plus d'une trentaine de retours d'expériences sont présentés pour inspirer et inciter les collectivités à passer à l'action.

Des canicules estivales plus fréquentes, plus longues et plus intenses

Pour Jérémie Almosni, directeur régional de l'ADEME Ile-de-France, il faut s'attendre à l'avenir à une augmentation des températures de l’ordre de +2 à 3 degrés annuels, ce sont des éléments clairement documentés. «Selon les dernier rapports du GIEC, les canicules estivales seront plus fréquentes, longues et intenses et représentent un risque majeur pour les villes», avec des conséquences à court et à long terme sur la santé des populations. L'été 2022 a notamment été classé comme l'un des plus chauds jamais enregistrés par les services météorologiques, avec des enjeux de sécheresse, de multiplication des feux de forêts et de canicules. Les épisodes de canicule entraînant généralement des excès de mortalité parmi la population vulnérable.

«Il n'existe pas de solution unique et chaque territoire doit adopter une stratégie différente en fonction de la morphologie urbaine», explique le responsable de l'ADEME, avant de rappeler que l'adaptation ne signifie pas relâcher les efforts sur l’atténuation au changement climatique.

«Moins le thermomètre grimpera, moins le défi du rafraîchissement sera grand. La recherche de sobriété au sens large reste donc primordiale, avec une attention particulière sur les usages qui accentuent autant la surchauffe que locale. Les climatiseurs notamment, en plus d’être émetteurs de gaz à effet de serre, contribuent à réchauffer l’air extérieur et à intensifier la surchauffe urbaine notamment en été».

Les collectivités en première ligne pour lutter contre le phénomène de surchauffe

À l’échelle de la ville, la surchauffe urbaine est un phénomène du climat local connu sous le nom « d’îlot de chaleur urbain ». Sa caractéristique la plus marquée en période estivale est la limitation de la fraîcheur nocturne par rapport aux zones rurales. La surchauffe urbaine est causée par différents paramètres inhérents au milieu urbain que sont la forme urbaine (paramètres morphologiques), les caractéristiques des revêtements et la part de végétal (paramètres surfaciques), et encore la concentration d’activité humaine (paramètres anthropiques), selon le guide de l’ADEME sur le « diagnostic de la surchauffe urbaine : méthodes et applications territoriales ».

Pour Élodie Briche, coordinatrice R&D Urbanisme Durable et intrapreneure chargée du produit numérique « Plus fraîche ma ville » à l'ADEME, les collectivités sont en première ligne pour lutter contre ce phénomène de surchauffe urbaine et doivent déployer des solutions adaptées à leur territoire (foncier disponible, morphologie urbaine, type de climat - «le climat méditerranéen va remplacer petit à petit le climat océanique dans les villes françaises».

Quatre familles de solutions à combiner

La start-up d'État reprend les 4 types de solutions généralement préconisées par les experts pour rafraîchir une ville : les solutions vertes liées à la végétalisation; les solutions bleues liées à la gestion de l'eau - lorsque les solutions vertes et bleues sont associées, on peut parler de solutions d'adaptation fondées sur la nature-; les solutions grises liées au choix du revêtement et à la morphologie urbaines; et enfin les solutions douces liées au changement de pratique et de comportement des habitants.

«Les petites et moyennes collectivités sont confrontées à des problèmes de coût, à un manque de connaissance et de temps sur ces sujets, et ont des besoins de diagnostic pour mettre en place des solutions de rafraîchissement urbain. D'où la naissance de cet outil d'aide à la décision de premier niveau pour les accompagner dans leurs démarches», explique l'intrapreneuse qui consacre la moitié de son temps à cette mission et qui a engagé un premier budget de 245 000 euros pour lancer ce service public numérique.

Co-construites avec les agents des collectivités locales, les solutions qui figurent sur la plateforme sont présentées sous la forme d'une fiche technique complète (contexte, co-bénéfices, diagnostic en amont, les étapes de mise en œuvre, les coûts et les financements). « Pour limiter la surchauffe urbaine et apporter des co-bénéfices aux populations, il est nécessaire de combiner plusieurs solutions ensemble», précise Élodie Briche.

Deux exemples de projets réalisés

À l'occasion de la conférence de presse de présentation, deux projets exemplaires en matière de rafraîchissement urbain ont été présentés. Le premier projet de Lisière d’une Tierce Forêt à Aubervilliers a consisté à transformer un parking en îlot de fraîcheur. «C'est un projet innovant combinant plusieurs solutions (revêtement drainant à albédo élevé, végétalisation pour réguler la température, bassin de stockage pour recréer le cycle de l'eau,  l’eau à la parcelle. Selon des études de l'ADEME, la transformation du parking en Tierce Forêt a permis de réduire la température de surface de -3°C en journée lors des épisodes de canicule», explique Jérémie Almosni, directeur régional de l'ADEME Ile-de-France, qui a apporté un financement de 350 000 euros au projet. Le deuxième projet, La cascade des Aygalades, située au coeur des quartiers Nord de Marseille, est une renaturation des berges du ruisseau des Aygalades. «La Cascade des Aygalades est devenue un lieu de fraîcheur, avec un jardin aromatique, des conférences sur l’eau et  un lieu d'inclusion sociale, avec un chantier de réinsertion professionnelle», confie Élodie Briche.

Très attachée à recueillir l'avis des collectivités locales pour s'améliorer en continu, l'un des principes de fonctionnement des start-up d'État, « Plus fraîche ma ville » continue à collaborer étroitement avec des collectivités partenaires. 

« L'objectif est de mesurer si les collectivités peuvent passer à l’action, nous proposons d’accompagner des petites et moyennes collectivités dans leur utilisation de l’outil sur des cas très précis (cours d’école, place, rue et parking). Plus fraîche ma ville est une aide à la décision de premier niveau, nous allons mettre en place un accompagnement pour les petites et moyennes collectivités en fonction de premiers retours», explique Élodie Briche.

 

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