Quand le Puy-de-Dôme mise sur la fabrique des transitions

Le 14 mai 2021

Le 10 février 2021, le Puy-de-Dôme a signé une convention avec la Fabrique des transitions, devenant ainsi le premier département du pays à intégrer ce réseau de 300 acteurs mobilisés autour de la transition écologique.

Le département du Puy-de-Dôme a de la suite dans les idées. Le 10 janvier 2021, il adoptait son Master plan, stratégie départementale de transition écologique. Un mois plus tard, il est devenu le premier département français à rallier la Fabrique des transitions, réseau d’acteurs venus d’horizons différents, des collectivités territoriales aux organisations de la société civile en passant par des centres de recherche, la Fabrique des transitions réunit 300 acteurs convaincus que les territoires seront des leviers majeurs pour jeter les fondations d’une transition durable. Le directeur de la Fabrique, lui-même maire de Loos-en-Gohelle (Pas-de-Calais), l’assure : « Nous sommes à la fin d’un cycle, celui d’un développement basé sur des ressources pensées comme infinies. » Passé ce constat, il faut se déplacer de l’intention à la réalité, en trouvant la bonne échelle. « Celle du département est adaptée, car c’est celle de la proximité », assure Jean-Yves Gouttebel, président du conseil départemental, assurant que la « proximité garantit l’efficacité ». Communauté apprenante, la Fabrique des transitions permet à ses membres d’apprendre de l’autre. « Nous ne sommes pas dans le consulting, précise Jean-François Caron. Nous sommes là pour favoriser l’écriture d’un récit autour de la transition. »

Y voir plus clair

Les discours se jugeant sur les faits, la Fabrique cherche à rendre les concepts palpables : « Nous étions déjà dans cette dynamique, précise Dominique Giron, vice-présidente en charge de la transition écologique. Le Master plan est l’aboutissement d’un processus. Sur l’alimentation, avec Agrilocal 63, rapprochant le producteur du consommateur, nous sommes bien en avance. En ce moment, nous travaillons sur un syndicat de l’eau. La Fabrique va nous aider à y voir plus clair. » La vice-présidente est convaincue de la nécessité de fixer un cap et une méthodologie pour y parvenir. « Nous ne devons jamais perdre de vue le besoin d’une collectivité comme la nôtre, forte de ses 2 400 agents qui doit travailler les ressorts d’une vraie transversalité. Agents, institution, territoires et habitants, etc., tout le monde doit travailler ensemble ! Nous avions des actions un peu dispersées. Nous devons créer cette culture commune. » Le département va se retrouver au sein des ateliers Villes paires de la Fabrique, où les collectivités échangent sur des projets qu’elles vont mettre en œuvre. « Une expertise commune est bien plus riche que le fait de travailler seul dans son coin. Je suis convaincue que l’on ne pourra mener à bien cette transition en restant isolé, poursuit Dominique Giron. »

Les services publics face à la sobriété économique

Car le principe même de la transition est englobant. « Cela concerne l’eau, l’énergie, l’air, les bâtiments de l’institution, les collèges, les routes, etc., mais il faut que l’on regarde les choses en face. Le modèle économique de la sobriété, vers lequel nous devons tendre, remet en cause certaines économies, et donc certaines approches des politiques publiques. S’il l’on consomme moins d’eau, si l’on construit moins de routes, si l’on produit moins de déchets, il faudra nécessairement moins d’agents sur ces politiques-là. C’est donc aussi une question qui relève de la gestion des ressources humaines. Le Puy-de-Dôme, c’est 7 000 kilomètres de route, 700 agents qui travaillent dans ce domaine… Moins de routes, moins de goudron, moins d’énergie, etc. Les entreprises privées travaillent sur l’adaptation de leur modèle économique, mettent plus de moyens sur la recherche et le développement… Nous devons suivre le même mouvement, avoir cette capacité de se projeter sur la manière de rendre un service public qui sera différent dans son mode opératoire, explique Dominique Giron. »

Le modèle économique de la sobriété, vers lequel nous devons tendre, remet en cause certaines économies, et donc certaines approches des politiques publiques.

Privé, public, même combat !

« À l’échelle départementale, on aborde les évolutions sous l’angle de la massification, on peut éviter d’être dans l’éparpillement, la réalisation de petites choses, chacun de son côté, poursuit Dominique Giron. Sur l’autoconsommation électrique, par exemple, on peut faire avancer les choses, très vite. Manger local et durable, nous y sommes. Nous sommes dans la démarche. Mais comment lui donner l’ampleur qu’elle mérite ? Même chose avec les routes… ça implique tellement d’acteurs ! Cette transition rapproche en fait tous les acteurs, car le directeur de telle entreprise dans le BTP se pose les mêmes questions qu’un directeur de service au département : comment faire pour avancer tous ensemble dans la même direction et favoriser ainsi la réussite des projets ?, conclut Dominique Giron. »

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