Revue

Dossier

Promouvoir la transparence dans la vie publique

Le 2 mai 2018

Transparence de la vie publique, exigence de démocratie participative, co-conception et design public sont autant de pistes pour travailler sur une gouvernance équilibrée et ouverte de l’action publique.

La transparence de l’action publique : enjeux et problématiques

La transparence de la vie publique en France est un enjeu démocratique fort. Grâce à la presse, à Internet, aux associations, les informations deviennent accessibles aux citoyens et les « affaires » sont mises au grand jour. Toutefois, la transparence est un moyen mais non une fin en soi : il ne s’agit pas de se tromper de cible. Elle n’est pas à déployer pour n’importe quelle fin et à n’importe quel usage. À travers la publication des patrimoines et des différents mandats ou portefeuilles, elle permet une forme d’auto-régulation et d’éthique personnelle chez les élus. Et il est bon de rappeler que sur les 600 000 élus, seuls 240 font l’objet de condamnations1.

Or aujourd’hui une forme d’idéalisation médiatique de la transparence en fait quasiment une vertu en soi et c’est ce qu’explique maître Daniel Soulez-Lariviere, avocat au Barreau de Paris2. Dans son ouvrage, il y dénonce les dangers de sa revendication dogmatique, qui fait basculer dans un monde manichéen où tout serait forcément bon à dire, où le respect de l’intimité, donc du secret, serait par définition suspect. « Pour la société comme pour le citoyen, un tel monde irait à rebours de la vérité – avec les plus grands risques pour la démocratie – et de la justice. » La transparence n’est pas une vertu, pas plus que le secret. Il peut y avoir autant de vice dans le dévoiement de la transparence que dans le secret. Par ailleurs, n’y a-t-il pas un paradoxe chez les citoyens, un rapport ambigu a la transparence : on voudrait (tout) savoir mais pour autant cela que cela ne bouge pas les choses au niveau politique (voir les époux Balkany mis en examen dans diverses enquêtes sur leur patrimoine mais qui continuent à être élus).

La transparence permet d’amener les informations dans le domaine mais c’est aux citoyens de s’en saisir et d’agir en lien avec les institutions, pour sortir de cette forme de « lassitude » collective participant au désenchantement de la vie politique et de l’action publique.

S’appuyer sur l’éthique personnelle ou sur les textes de lois ? Quelle place aux convictions et aux déontologies dans une société touchée par la marchandisation du tout ? Les pays nordiques restent un modèle de lutte contre la corruption (alors que la France stagne à la 23e position en termes de perception de la corruption selon l’ONG Transparency International). L‘exemple le plus frappant date d’une vingtaine d’années : il s’agit de l’affaire du Toblerone, qui a coûté sa place au numéro deux du gouvernement qui avait acheté cette barre chocolatée avec sa carte professionnelle.

La mobilisation citoyenne est en cours, nous vivons un changement de culture et des pratiques. Pour une action publique démocratique, il s’agit de s’assurer que les réformes soient mises en œuvre et de donner aux institutions les moyens d’y travailler.

1. Source : Transparency International France
2. Soulez-Larivière D., La transparence et la vertu, 2014, Albin Michel

×

A lire aussi