Euromediterranée veut provoquer un BIM bang

Hugues Parant (le micro à la main) : « Le déploiement des technologies BIM-CIM devrait permettre de réduire, d’ici cinq à sept ans, de 12 % les coûts totaux sur le cycle de vie d’un bâtiment. »
Le 30 juillet 2019

L’établissement public a récemment inauguré un espace BIM-CIM (building & city information modeling). Un lieu où les nouvelles technologies et la 3D sont mises à disposition des collectivités, entreprises et industries du BTP pour faciliter le développement de leurs projets de construction. Avec l’objectif d’aller plus vite et de réduire les coûts.

L’Établissement public d’aménagement euroméditerranée (EPAEM), installé à Marseille, a récemment dévoilé son nouvel espace collaboratif BIM-CIM (building & city information modeling) consacré aux nouvelles technologies de la construction. Hébergé à La Coque – un centre d’innovation de 430 m2 installée au cœur de ce quartier en pleine transformation –, ce nouvel espace vise à proposer aux collectivités, entreprises et industries du BTP des outils de haute technologie afin de les accompagner dans l’accompagnement de leurs projets. L’enjeu est de taille pour l’établissement public. Il entend en effet poursuivre la modélisation de son périmètre en s’appuyant sur une stratégie BIM-CIM facilitant et optimisant la gestion de projets. Cet espace de 62 m², qui sera ouvert au public dès le 15 mai 2020, pourra accueillir jusqu’à trente personnes en même temps. L’espace BIM-CIM offre la possibilité de s’immerger totalement dans le paysage des futurs projets et donc de les visualiser grâce à des lunettes de réalité virtuelle et une solution de vidéo-tracking équipée de six caméras. De nombreux intervenants sont concernés : des maîtres d’ouvrage (pouvoirs publics, opérateurs, etc.) pour la coordination, mais aussi des maîtres d’œuvre (architectes, urbanistes, géomètres, etc.) pour la phase de conception et de construction, jusqu’aux gestionnaires et assureurs pour l’étape finale d’exploitation.

Hugues Parant (le micro à la main) : « Le déploiement des technologies BIM-CIM devrait permettre de réduire, d’ici cinq à sept ans, de 12 % les coûts totaux sur le cycle de vie d’un bâtiment. »

Préfigurer pour mieux décider

Harnachements futuristes pour des constructions plus humaines et écologiques.

L’ère du BIM-CIM a déjà commencé. « Le projet de construction de l’école Ruffi, que nous réalisons pour le compte de la ville de Marseille et qui sortira de terre d’ici la rentrée 2020, nous a permis de tester le recours au BIM. Désormais, tous nos appels d’offres intégreront le BIM et le CIM », précise Hugues Parant, directeur de l’EPAEM. Autre exemple concret, l’îlot répondant au nom de « Les Fabriques », projet d’écoquartier où cohabiteront bâtiments de logements, bureaux et équipements collectifs divers, dans le voisinage du marché aux puces, dans le XVe arrondissement de la ville. Le BIM-CIM y a joué un rôle fondamental. « On a d’abord réalisé une photogrammétrie à grande échelle du territoire. Ça ressemble à une carte du type Google Map, mais en très détaillée puisqu’un pixel représente 6 cm dans la réalité », explique Anaïs Cadier, directrice de la maîtrise d’ouvrage publique chez Euroméditerranée. Une maquette qui s’est nourrie ensuite d’autres informations recueillies auprès des différents acteurs, comme Bouygues, concepteur du projet, et autres collectivités et bureaux d’études. Un tel croisement de données permet de fournir une image à peu près juste de ce que l’îlot pourrait être, en dégageant des couleurs selon les usages. Le résultat final ne relève pas du gadget. La préfiguration du projet permet d’ajuster son avancement avec les objectifs fixés. « Quand nous irons devant les futurs propriétaires des immeubles et logements, la réalité qu’on leur montrera sera très proche de ce qu’ils vivront quand ils y travailleront ou y vivront », conclut Hugues Parant.

Hugues Parant
« Construire plus vite et moins cher »

Hugues Parant est directeur de l’EPAEM.

Pourquoi avoir créé cet espace BIM-CIM ?

Nous souhaitons accompagner les acteurs du BTP de la région dans leur transformation numérique. Ce qui permettra de faciliter la construction d’une ville durable et écoresponsable. Cette technologie va rapidement devenir indispensable et nos appels d’offres imposeront le recours au BIM pour les entreprises. Le déploiement des technologies BIM-CIM devrait permettre de réduire, d’ici cinq à sept ans, de 12 % les coûts totaux sur le cycle de vie d’un bâtiment. C’est donc un enjeu énorme. Nous avons signé la charte « Objectif BIM 2022 », initiée par le gouvernement français, et nous entendons donc participer à la généralisation de cette technologie.

Les acteurs de l’aménagement et de la construction sont-ils en phase avec ce discours ?

Le BIM et le CIM arrivent à point, au moment où nous entrons dans la phase concrète d’Euromed 2, avec l’aménagement à venir de 170 hectares au nord de la ville. Cette technologie permettra à tous les acteurs de mieux appréhender les usages de l’immeuble mais aussi de la ville. Il ne sert à rien de construire un bel immeuble en ignorant les enjeux de son environnement. Les grands constructeurs ne seront pas pris au dépourvu puisqu’il s’agit pour eux d’une réalité quotidienne et bien maîtrisée. Mais les autres devront faire l’effort de se mettre au niveau et cet espace collaboratif leur est plus particulièrement dédié. Car ces technologies permettront très vite une estimation des coûts en temps réel, une diminution des erreurs et une meilleure coordination entre les acteurs garantissant ainsi la qualité et la fiabilité des projets.

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