Il faut réinventer l’innovation dans les territoires !

Mondialisation, urbanisation, métropolisation, démultiplication des temporalités et des mobilités, évolutions et aléas climatiques, nouvelles technologies... ces profondes transformations n’ont jamais été aussi rapides. Les acteurs doivent intégrer les conséquences de ces multiples phénomènes qui se conjuguent mais également s’entrechoquent. Comment réinventer dans ce contexte nos concepts opératoires et nos modalités d’actions pour affronter ces bouleversements et en faire des opportunités territoriales ? L’une des réponses est très certainement de faire preuve d’audace pour dépasser les modèles jusqu’alors en vigueur en réinterrogeant nos processus d’innovation. Une autre piste en résonnance est d’emprunter aux techniques du design.

Associé longtemps au secteur de l’économie, le concept d’ « innovation » connaît depuis quelques années un très large succès. Premier a convoqué ce concept, Joseph Schumpeter, au début du XXe siècle distingue pour autant le concept d’invention et celui d’innovation. Pour lui, l’invention est la découverte de nouvelles connaissances, scientifiques et techniques. L’innovation est la commercialisation de toute nouvelle combinaison issue de nouveaux matériaux et composants ou encore l’introduction de nouveaux process (méthodes de vente de distribution, de marketing, de packaging, de design, de systèmes d ‘organisation…).

Aujourd’hui le terme d'innovation renvoie plus largement à l’idée de progrès, de nouveauté et en cela se rapproche de la créativité. Ce dernier point explique en grande partie le succès récent du thème d’innovation, mais corrélativement nécessite de le questionner et de questionner ses impacts sur la société et les territoires.

Vers un design centré sur l’humain

Historiquement au service de l’innovation, le concept de design est utilisé comme un outil pour conquérir de nouveaux marchés économiques. Les premières agences de design industriel apparaissent aux Etats-Unis au début du XXe siècle. « Associé au marketing et fondé sur la triade forme-fonction-marché, le design industriel (…) joue un rôle de premier plan dans l’émergence de la société de consommation. » (S. Vial, 2018).

À partir des années 1990, le modèle du design industriel entre en crise. Accusé d’entretenir la société consumériste et de nettement contribuer à la pollution (V. Papanek) une prise de conscience se propage dans la profession. De nouvelles pratiques apparaissent, qui revendiquent un design centré sur l’humain plutôt que sur le marché, centrées sur les acteurs plutôt que sur les produits. Les sphères stratégiques du secteur public sont les premières concernées. On voit ainsi naitre depuis quelques années des designers de services publics.

Près de 700 professionnels de l’urbanisme, de l’aménagement des territoires ainsi que des chercheurs, des designers et des élus seront ainsi réunis, les 7,8 et 9 novembre 2018 autour de ces questionnements afin d’identifier à l’issue de ces journées, des propositions pour les espaces urbains et leurs habitants ainsi qu’un agenda d’actions pour faire entrer pleinement l’ingénierie territoriale et plus spécifiquement les agences d’urbanisme dans les enjeux et les métiers du 21^e siècle.

Les séquences plénières seront l’occasion d’entendre le philosophe Bernard Stiegler, mais également le prospectiviste Philippe Durance, les designers Alok Nandi, Laura Pandelle, Marie Coirié, les élus Marc-Philippe Daubresse, Patrice Vergriete, Jean Rottner, Sonia de la Provôté ou encore Serge Morvan, commissaire général à l’égalité des territoires et Stéphane Vincent, délégué de la 27^e région. Des échanges qui s’annoncent extrêmement riches.

 Consulter le programme complet