Innov’mandie recherche agents publics pour casser les silos

Le laboratoire Innov’mandie a été officiellement inauguré le 24 février 2022 en présence de Pierre-André Durand, préfet de région, et de Thierry Lambert, délégué interministériel à la transformation publique. Pensé pour porter des projets innovants et casser les silos administratifs, le laboratoire vise l’atteinte de quatre missions : l’accompagnement et l’incubation de projets, la formation des agents publics à l’innovation, le conseil et la mise en réseau non seulement des administrations publiques mais également des acteurs de la société civile mobilisés au service de l’intérêt général. Le laboratoire normand fait partie du réseau des 14 laboratoires d’innovation publique territoriale, animé par la Direction interministérielle de la transformation (DITP)¹. Il repose sur un fonctionnement collégial, à partir d’une équipe d’agents dédiés.

« L’innovation, ce sont parfois de petites choses, comme la mise en place d’un nouveau formulaire, d’une procédure dématérialisée ou encore la construction d’un projet de service. Grâce à ce laboratoire, de telles idées pourront être mieux soutenues », se réjouit le préfet Durand.

Diffuser une culture de l’innovation

Pour Thierry Lambert, « le Président de la République a fixé les grandes lignes de l’action publique lors du grand débat national qui a suivi la crise des gilets jaunes et a pris en compte les enseignements de la crise sanitaire. Il veut une action publique plus proche, plus simple et plus efficace. Le 23 juillet 2021, à Vesoul, à l’occasion d’un conseil interministériel de la transformation publique, le Premier ministre Jean Castex a rappelé que la modernisation de l’État devait passer par la territorialisation de son action. Nous sommes dans cette logique. Les décisions prises à Paris, c’est fini », s’enflamme le délégué interministériel.

Car, pour Thierry Lambert, délégué interministériel à la transformation publique, « quand on essaie de régler les problèmes verticalement, on n’y arrive plus ». Ça tombe bien, c’est dans les territoires que les idées foisonnent et l’État a signé un chèque de 12 M€ pour renforcer l’innovation dans les fameux Labs qui émergent un peu partout.

Thierry Lambert a rappelé qu’un incubateur citoyen avait été lancé pour faire naître des projets identiques à ceux que la crise sanitaire a fait naître, comme Covid Tracker, lancé par une start-up et si utile pendant les pics épidémiques. La PFRH (Plate-forme régionale d'appui interministériel à la gestion des ressources humaines) est « très active dans ces laboratoires. L’approche agents-usagers est symétrique. On ne peut pas tendre la main vers les usagers si l’on ne valide pas le sens de l’innovation des agents. C’est à la PFRH de diffuser cette culture de l’innovation ».

S’adapter aux mutations continues de l’époque

Olivier Prévost, en charge du guichet unique du Lab, recueille toutes les bonnes idées. « Les agents peuvent venir nous voir dès qu’il dispose d’un brouillon de projet. Nous avons mis en place des petites séquences « coups de pouce » dans le Lab, pour essayer de rendre possible le projet. Notre force, c’est la mise en réseau des experts ». Clémence Sabalic, en charge du pole diffusion de la culture d’innovation, veut « dédramatiser » l’innovation. « C’est juste une adaptation aux mutations continues de notre époque. Rien de plus ».

Visibilité à parfaire

« Le lab se trouve actuellement dans les locaux de la préfecture, mais la question se pose en effet d’un lieu mieux identifié, pérenne, dans Rouen. Nous sommes aussi portés à l’itinérance, pour aller au-devant des agents », explique Antoine Buno, directeur de la plateforme RH de Normandie. Car, pour l’heure, les deux manières de saisir le Lab n’affichent pas à un haut niveau… d’innovation : une adresse mail : innovmandie@normandie.gouv.fr et un site internet : www.demarches-simplifiees.fr. Un site du Lab est en cours de construction pour faciliter la mise en commun des projets. « Ce sera le moyen de favoriser une culture de l’innovation dans les services publics de l’État, notamment pour attirer des agents plus jeunes », poursuit-il. Pour l’heure, le Lab n’est pas débordé par les demandes, qui se comptent au dernier comptage (fin février) au nombre de 6. « Sur trois d’entre elles, sans notre appui, les collectivités n’auraient pu avancer », assure Antoine Bruno. Ce n’est qu’un début, le meilleur reste à venir.

[1] Le réseau des laboratoires d’innovation territoriale compte 14 labs : Ti-Lab (Bretagne), Siilab (Hauts-de-France), La Fabrique RH (Île-de-France), La Base (Nouvelle-Aquitaine), Le Lab’O (Occitanie), InSo Lab, Le Liric et Lab Zéro (PACA), Etat’LIN (Pays-de-Loire), LabArchipel (Auvergne-Rhône-Alpes), ainsi que les quatre labs créés en 2021 en (Grand Est, Centre-Val de Loire, Bourgogne-Franche-Comté et Normandie)