Le Civic Hall de New-York, un modèle à suivre ?

Le futur Civic Hall de 7 000 m2 à Union square, New-York.
©Civic Hall
Le 26 octobre 2018

Redonner le pouvoir aux citoyens via les nouvelles technologies ? C’est la mission du Civic Hall, ce lieu unique situé en plein cœur de New-York. Une idée qui a même germé en France avec l’ouverture en 2018 des halles civiques à Paris. Aux États-Unis déjà 1 000 membres en font partie, comment fonctionne ce lieu si particulier ?

« Civic tech », « civic labs », « civic habitat », le Civic hall affiche clairement sa devise sur son site internet : le civisme. Car pour ses deux fondateurs, Micah L. Sifry et Andrew Rasiej, l’enjeu est de redonner le pouvoir aux citoyens. Comment ? Avec un espace de 700 m2 et un réseau élaboré ces 15 dernières années. Leur approche est multidisciplinaire. Elle vise à rassembler des personnes issues de milieux sociaux et d’univers professionnels différents.

Dans un monde où les nouvelles technologies évoluent à une vitesse phénoménale, Micah L. Sifry s’est toujours intéressé à leurs impacts sur notre société. Cela faisait 15 ans que cet activiste et écrivain organisait une conférence annuelle « Personal Democracy Forum » : un lieu de réflexion sur l’impact des nouvelles technologies sur la politique, sur les gouvernements et sur la société civile, ses thèmes de prédilection. Fort de son réseau et découvrant sans cesse de nouveaux talents, il décide d’aller plus loin en 2015 en créant, avec Andrew Rasiej, un lieu unique où se rassembleraient des professionnels des nouvelles technologies, des chercheurs, des responsables d’associations et toute autre personne ayant un projet pour la société. Un seul but affiché : utiliser les innovations digitales pour le bien commun. Le Civic hall était né.

Allier solidarité et nouvelles technologies

Pour cet Américain, empathie et monde digital ne sont pas incompatibles. On appelle cela : « civic tech », c’est-à-dire l’utilisation des nouvelles technologies pour le bien public.

Grâce à une cotisation annuelle, les 1 000 membres aujourd’hui inscrits au Civic hall ont accès à un espace de coworking et des conférences sur des stratégies marketing, l’utilisation de données sur internet, le piratage citoyen, etc.

Des géants de l’informatique et de l’industrie américaine sont également impliqués. Microsoft, Google ou encore la fondation Ford encouragent via des bourses certains des projets. Le Civic hall demeure cependant une organisation à but non lucratif.

En 3 ans, de nombreux projets ont vu le jour grâce au « brainstorming » permanent de ce laboratoire d’idées. Kristen Rouse est une ancienne vétéran de la guerre en Afghanistan. Revenue aux États-Unis, elle a voulu créer un site pour aider les anciens soldats comme elle à revenir dans la société civile. Elle écrit sur son blog qu’elle manquait notamment de compétences informatiques pour créer sa communauté. « Le Civic hall m’a fait sortir de mon lit, explique-t-elle. Je me sentais très seule dans mon petit appartement de Brooklyn et grâce aux membres du Civic hall, j’ai enfin pu rencontrer des gens qui m’ont vraiment aidée à construire mon organisation. » Aujourd’hui NYC Veterans Alliance est né et Kristen Rouse a pu monter une stratégie et obtenir des financements de la part de 150 organisations. Son site internet permet aux vétérans de New-York de trouver des aides financières, un logement ou un emploi.

D’autres organismes ont vu le jour grâce aux échanges permis par le Civic hall.

Pour s’y retrouver dans l’imbroglio administratif américain, Benefit Kitchen, aide les internautes à trouver les aides de l’État correspondant à leurs besoins. Nesterly est un autre service qui met en relation des personnes âgées ayant une chambre disponible et des jeunes gens à la recherche d’un logement.

L’ambition des deux fondateurs du Civic hall ne s’arrête pas là. Ils ont obtenu des nouveaux locaux et s’agrandiront en 2020 pour déménager dans des locaux de 7 000 m2 à Union square. Un lieu symbolique pour rallier toujours plus de monde à leur cause innovatrice et citoyenne.

Micah L. Sifry : « Notre objectif est toujours centré sur la communauté et le bien commun »

Micah L. Sifry

Micah L. Sifry est co-fondateur du Civic hall de New-York.

En quoi votre organisation est-elle utile pour les citoyens américains ?

Il y a énormément de personnes qui travaillent dans l’innovation pour changer le quotidien des gens ou résoudre des problèmes de société. Mais beaucoup travaillent chacun dans leur coin. Avec le Civic hall on offre un espace commun à tous ces chercheurs pour leur permettre de se rencontrer, d’échanger, d’aller plus loin et d’être plus efficaces. C’est pour cela que nous travaillons avec des gens d’univers très différents, du secteur public et privé.

Le Civic hall possède un département de recherche et développement, sur quoi travaillez-vous ?

Le Civic hall a son propre département de recherche et développement, appelé « civic labs ». Ces laboratoires ont donné lieu à la réalisation de plusieurs projets. Le plus important, encouragé par la fondation Ford, est Delta.NYC. C’est un système de base de données qui permet de mettre en relation des spécialistes des nouvelles technologies et des ONG ou associations. L’idée étant d’impliquer les Américains dans le bénévolat. Et ce fut un succès car 120 bénévoles ont participé à une trentaine d’organisations. Réaliser le site internet de l’association, améliorer sa stratégie de collectes de fonds, développer des applications mobiles, etc. L’équivalent en temps de travail de ces bénévoles a été chiffré à une valeur de plus d’1 million de dollars sur 18 mois. Et nous sommes fiers de constater que tous ces bénévoles se sont rendu-compte des bénéfices de travailler pour une ONG.

Quel futur pour le Civic hall ?

Notre aventure continue à grands pas puisque nous allons passer de locaux de 700 m2 à un nouvel espace de 7 000 m2 à Union square. Notre objectif est toujours centré sur la communauté et le bien commun. Une partie du futur espace sera consacré à des conférences et l’autre sera dédié à l’apprentissage. Nous souhaitons former les personnes défavorisées qui le souhaitent au monde digital.

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