Laon attire de nouveaux habitants grâce à une campagne d’attractivité personnalisée

Comment vous est venue l’idée de lancer une campagne d’attractivité pour la ville de Laon ?

Éric Delhaye – Avec la pandémie du covid-19, nous nous sommes dit que de nombreux habitants aspiraient à une meilleure qualité de vie. Certaines familles ont subi des confinements en appartement et l’ont très mal vécu. Beaucoup d’entre elles veulent partir des métropoles et notamment d’Île-de-France. Nous sentons ce nouvel engouement avec la reprise de l’immobiler. Les gens veulent une ville à taille humaine, avec du lien social. Ils ne veulent plus d’une ville où ils sont anonymes et dans laquelle ils perdent du temps dans les transports.

Encore faut-il qu’ils puissent connaître la ville de Laon…

Éric Delhaye – De nombreux Franciliens ne connaissent pas notre ville. Ils ne savent pas la situer et pourtant, beaucoup de personnes découvrent Laon lors d’un week-end et sont subjuguées par le patrimoine exceptionnel de la ville. Une cathédrale perchée au sommet d’une colline et ceinturée de remparts et de plusieurs abbayes. Tout ça dans un écrin de nature exceptionnel ! Notre ville moyenne, à une heure et demie seulement de Paris, présente cette qualité de vie recherchée. Je me suis donc dit que c’était le moment pour nous d’aller chercher ces habitants.

Quel a été le déclic ?

Éric Delhaye – Nous avons profité d’un reportage de M6 qui a suivi un jeune couple de Parisiens venu s’installer à Laon. Ils ont découvert la ville alors qu’ils étaient venus visiter des amis pour un week-end. Ils sont tombés amoureux de Laon et ont souhaité s’y installer. Nous avons donc travaillé avec eux pendant un an. Nous les avons accompagnés. Nous leur avons fait visiter de nombreux biens immobiliers, des cellules commerciales pour construire leur projet. Nous avons trouvé le local qui leur convenait. Nous les avons aussi aidés à monter les dossiers de subventions. Ils ont déménagé à deux et ont installé une pâtisserie haut de gamme. Elle fonctionne aujourd’hui très bien. Nous avons donc profité du reportage de M6 pour lancer cette grande campagne d’attractivité dans la foulée avec l’agence Laou de Limoges.

Qu’est-ce qui n’allait pas jusqu’à présent dans les politiques d’attractivité des communes ?

Aurore Thibaud – Les affiches dans le métro pour inciter les Franciliens à s’installer en province : c’est du passé ! Ce n’est pas le bon moment pour faire de la pub. Pourtant, nous estimons que sur 12 millions de Franciliens, 50 % aimeraient déménager d’Île-de-France. 2 à 3 millions de personnes pourraient donc potentiellement être à notre écoute. Si les villes diffusent de l’information parmi tous les autres territoires dans le métro dans un endroit où il n’y a pas d’actions, il n’y a aucune chance qu’elles se distinguent.

Quelles sont vos méthodes pour inciter les gens à venir s’installer dans des villes rurales ?

Aurore Thibaud – Nous diffusons des publicités qui touchent des centaines de milliers voir des millions de personnes. Nous leur proposons de s’inscrire sur un site pour venir vivre à Laon, par exemple. Nous les informons que nous sommes là pour les accompagner un par un dans leur mobilité géographique. Faire rayonner un territoire est assez peu efficace pour avoir un impact sur la mobilité des talents. Ça ne suffit pas. Bien sûr, nous le faisons quand même pour participer à l’attractivité du territoire. Mais il y a plusieurs étapes après. Après la phase de rayonnement, il y a la phase d’accompagnement. Nous suivons les talents un par un pour qu’il y ait des implantations. Nous effectuons le travail de bout en bout, c’est une approche globale.

Quel travail menez-vous avec les personnes inscrites sur votre site ?

Aurore Thibaud – La deuxième étape est la phase de préqualification. Nous appelons les inscrits et nous leur proposons de prendre rendez-vous. Nous les écoutons. Nous étudions alors leur projet et leur motivation. Ensuite nous mettons une note globale pour tous les candidats. Une étoile est attribuée aux personnes un peu motivées, deux étoiles aux personnes très motivées et trois étoiles pour les personnes surmotivées. Nous obtenons donc un premier tri des candidats les plus motivés. De ce fait, nous faisons gagner du temps au territoire. Une fois pré-qualifiés, nous essayons de faire en sorte que le territoire prenne la suite avec un deuxième appel. L’idée est de mettre les candidats en relation avec une entreprise qui recrute dans leur domaine. Nous mettrons en relation un infirmier avec le centre hospitalier universitaire (CHU), par exemple.

Quel est le rôle des communes dans ce projet ?

Éric Delhaye – Après que Laou ai appelé chaque famille pour connaître leur projet de vie, à court, moyen et long terme et identifié leurs aspirations, nous avons travaillé avec elles. Avec l’agence, nous avons fait un ciblage sur certains profils. J’avais aussi une référente au cabinet. Elle suivait les personnes pour les accompagner dans leurs démarches. Nous avons aussi joué un rôle durant le week-end offert aux personnes les plus motivées. Nous leur avons montré tout ce que pouvait offrir la ville en matière d’éducation, de jeunesse, d’équipements sportifs, d’associations, de culture, d’emplois, d’événements, de collège, de lycée et d’enseignement supérieur. Le but était de leur montrer les atouts de notre ville.