Le numérique au service des territoires

Le 17 mars 2020

Il y a quelques semaines, Syntec Numérique, organisation professionnelle des entreprises de services du numérique (ESN), des éditeurs de logiciels et des sociétés de conseil en technologies, organisait un débat autour du thème suivant : « 2020 : le numérique au service des territoires ? Débat autour des élections municipales ». L’organisation en a profité pour dévoiler 9 propositions regroupées autour de trois thématiques majeures : la relation avec les habitants, la construction d’un territoire durable et le pilotage et le fonctionnement du territoire. Cette feuille de route du Syntec numérique lancée à l'occasion des municipales 2020, pourrait être bien utile pendant la période de confinement imposée dans le cadre de la lutte contre le Coronavirus.

 

Il tombe sous le sens de rappeler que les villes sont les collectivités de proximité par excellence et qu’elles participent grandement de la transformation numérique des territoires. Il reste cependant, d’une commune à l’autre, beaucoup d’efforts à faire pout tirer pleinement profit des bénéfices du numérique au niveau local, tant à l’échelle du fonctionnement de la ville que de la participation citoyenne ou encore de la relation entre les usagers et les services publics.

Renforcer le contact avec les usagers

Premier thème : renforcer la relation avec les habitants au quotidien. « Le numérique peut servir à rendre la communication avec les usagers de la collectivité plus directe, plus simple et plus lisible, participant ainsi au renforcement du lien entre le citoyen et la ville et au développement de la démocratie participative », précise l’organisation. Cette simplification passe par la numérisation des services, la fluidification du parcours usager à travers la mise en place d’un point unique d’accès dématérialisé à ces services et enfin le renforcement de la démocratie participative via les outils de la civic tech. Un vrai défi que tente de relever la ville de Mulhouse : la cité du Haut Rhin dispose depuis 2015 d’une plateforme citoyenne mobilisant une équipe de dix agents, « une véritable mémoire pour nous, de suivi des projets, des budgets et démarches participatives », assure Cécile Sornin, adjointe au maire en charge de ce dossier.

Facilitateur d’actions publiques

Le deuxième thème vise à construire « une ville durable, inclusive et résiliente ». « Le numérique est un formidable vecteur de développement de long terme pour les territoires, quelle que soit leur taille ou leur nature. Trois leviers d’action sont disponibles : le développement d’une culture de la donnée au sein de la collectivité locale, le renforcement du tissu économique local et l’aménagement du territoire », précise Syntec Numérique, en laissant entendre que le numérique est un démultiplicateur de ces actions publiques.

Le numérique fait faire des économies

Enfin, le troisième thème a trait au numérique vécu comme « un facteur d’économies à long terme pour les municipalités, y compris en matière d’infrastructures. Il offre également de nouveaux moyens d'évaluation des politiques publiques : il fournit des outils permettant de mesurer et d’analyser, sur le plan qualitatif comme quantitatif, les finances engagées tout autant que l'utilisation des services ou des infrastructures par les usagers de la ville. Pour cela, trois conditions doivent être remplies : renforcer les compétences numériques des agents et des élus ; piloter la transformation numérique avec une gouvernance dédiée ; financer la transition numérique de la collectivité ». « Avec ces fiches très pratiques, les spécialistes de la transformation numérique que nous représentons ont souhaité apporter un éclairage pragmatique aux collectivités pour qu’elles puissent tirer le meilleur parti du numérique en fonction des usages qu’elles souhaitent développer », affirme Laurent Sicart, président du comité Villes & Territoires de Syntec Numérique.

Nanterre remet de l’humain dans le moteur de recherche

La place de l’usager dans cette révolution numérique fut l’un des thèmes abordés lors du congrès national de l’Unccas (Union nationale des centres communaux d’action sociale) de 2019 à Amiens. A cette occasion, ont été identifiées les limites du numérique dans l’accès au droit des plus démunis. Sondés, plus de la moitié des Ccas/Cias considèrent que la dématérialisation ne fait que renforcer la difficulté d’accès au droit ! Près de 13 millions de citoyens sont victimes d’illectronisme ou vivent dans des secteurs géographiques où internet mouline et moulinera encore longtemps ! C’est pour cette raison que la ville de Nanterre, à travers son observatoire social, a tenté de corriger le tir pour éviter que le numérique n’incarne une nouvelle inégalité. « Nous avons très tôt décelé des besoins en matière de proximité alors que le numérique induisait des fermetures de guichets. Mais ces initiatives n’étaient pas assez lisibles pour le public. Nous avons donc mis en place un plan d’actions, articulé autour de cinq axes : identifier et cartographier l’offre, former les séniors, réfléchir à l’inclusion numérique pour les télés services municipaux, mettre les acteurs en réseau, évaluer la demande et les actions », explique Ugo Soudrie, responsable de l’Observatoire. Des éléments à prendre en compte par les acteurs du numérique pour que les bénéfices espérés ne soient pas uniquement orientés vers ceux qui peuvent se les approprier…

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