Maintien à domicile des aînés : la réponse commune du département des Landes et de La Poste

XL Autonomie
Le 30 juin 2023

Les deux institutions ont créé une société pour accompagner les plus vulnérables et lutter contre leur isolement. Un rapprochement qui résulte à la fois d’une conception du service public et d’un choix de diversification.

« Une innovation sociale dédiée aux aînés » : c’est ainsi que Raphaël Tamponnet, le directeur général, présente la société XL Autonomie, service public payant -30 euros par mois qui reviennent à 15 euros après le crédit d’impôt- destinée à faciliter la vie au domicile, participant ainsi à l’adaptation de la société au vieillissement. Innovante, XL Autonomie l’est d’ailleurs à plusieurs titres : sa genèse, sa forme juridique, son positionnement et ses prestations, son recrutement.

Cette entité est le fruit de la rencontre de deux hommes, Henri Emmanuelli, ancien président du Conseil général des Landes pendant près de 40 ans, et Philippe Wahl, PDG du Groupe La Poste, qui partageaient des convictions similaires sur la nature et les modalités d’intervention du service public, et de deux institutions : le département des Landes, qui compte 90 000 seniors de plus de 75 ans pour 408 000 habitants, désirait rendre concrète sa politique en matière de bien vieillir ; le groupe La Poste, fort de son maillage territorial, offre depuis une dizaine d’années une palette de services en matière d’aide aux seniors.

Après 2 à 3 années de maturation nécessaires pour identifier des fournisseurs locaux, poser des processus et mettre sur pied le métier d’accompagnant, et un financement paritaire d’un million d’euros,  XL Autonomie, société d’économie mixte à opérateur unique1, a été lancée en septembre 2019. Une forme juridique assez nouvelle pour un service public du bien vivre à domicile qui n’a pas d’équivalent en France selon Raphaël Tamponnet. Positionnée sur un champ peu occupé qui est celui de la prévention, cette co-entreprise intervient chez les personnes en début de perte d’autonomie.

Grâce à des visites régulières chez ses adhérents les accompagnants d’XL Autonomie apportent du lien social, un facteur essentiel du bien vieillir, suivent les situations physiques et psychiquess, servent d’intermédiaire entre les acteurs sociaux traditionnels et permettent une acculturation aux outils numériques (tablette, téléalarme…) dédiés aux seniors alors que le monde se dématérialise toujours plus. Les accompagnants d’XL Autonomie peuvent aussi réaliser, à la place de l’adhérent, un certain nombre de démarches administratives (mais pas les déclarations d’impôts), tels que l’ouverture de droits sociaux auprès du département via France Connect et un processus spécifique afin d’éviter les malversations.

« Nous ne nous substituons ni aux aides à domicile, par exemple pour le portage des repas, ni aux auxiliaires de vie, ni aux enfants. Notre domaine c’est la prévention : contre l’isolement par nos visites et le système de téléalarme, contre les risques de chutes par exemple ou encore contre le non recours aux droits sociaux2 car nous sommes un trait d’union entre les différents acteurs de l’écosystème qui entoure une personne dépendante », précise Raphaël Tamponnet.

Pour accomplir ces missions, les futurs accompagnants d’XL Autonomie reçoivent une formation initiale théorique et pratique d’une dizaine de jours sur des thèmes variées tels que le contact relationnel avec les personnes âgées, les pathologies liées à l’âge, les outils d’évaluation des besoins, la détection des fragilités ou encore la prévention en santé mentale. Des sessions de formation continue sont ensuite dispensées lors d’ateliers d’analyse des pratiques professionnelles qui permet le dialogue entre pairs.

Des accompagnants recrutés -autre originalité- exclusivement parmi les rangs des postiers, à savoir agents de tri, responsables d’équipes, facteurs mais aussi des cadres, car l’esprit de service et la volonté de servir tous les publics existaient par nature.

Si les services publics en général ont du mal à recruter, rien de tel ici : « Au démarrage de la société je devais recruter 2 personnes, j’ai eu 15 CV ! », se souvient Raphaël Tamponnet.

A l’heure où la recherche du sens au travail occupe le devant de la scène, accompagner des personnes âgées en les aidant à rester chez elles revêt une utilité sociale très forte et est un métier valorisant. Par ailleurs, le Groupe La Poste qui fait face à une baisse de son activité courrier y voit aussi une opportunité de reconvertir du personnel. D’ailleurs, les postiers qui choisissent de tenter l’aventure XL autonomie gardent leur contrat de travail La Poste et leur ancienneté…En fait XL Autonomie n’a aucun salarié puisque le personnel de La Poste lui est refacturé  !

4 ans après son lancement XL Autonomie, qui opère sous cette forme1 uniquement sur le territoire des Landes, y compte 275 adhérents pour 5 accompagnants « Nous enregistrons 25 nouvelles adhésions par mois, notre taux de fidélisation y est de 90 % et nous sommes désormais à l’équilibre mensuel », détaille Raphaël Tamponnet. Au niveau national ce sont 600 personnes qui sont accompagnées, mais la forme juridique d’intervention est différente (appels d’offres et relations client-fournisseur classiques) résultant d’autres choix politiques et de conceptions du service public. « Nous sommes toujours en phase de recrutement à la fois pour peréniser notre présence mais aussi l’amplifier », confie Raphaël Tamponnet. qui ambitionne que ce type de service d’accompagnement des personnes âgées puisse se retrouver partout en France.

Reste que le modèle économique d’XL Autonomie, qui mêle  adhésions et financeurs tiers (24 au total), doit être viable et comme tout dispositifs publics financés il verra donc son efficacité évaluée. A la demande du Conseil général des Landes une étude, réalisée avec le concours du CHU de Limoges, sera publiée en 2024 afin de mesurer les gains en qualité de vie, les économies générées par la prévention qui permet d’éviter des hospitalisations et calculer le retour sur investissement.

Cette étude donnera peut-être des arguments pour convaincre d’autres territoires quant aux avantages de ce dispositif d’accompagnement et autoriser ainsi un développement plus important en France. « Les innovations mettent du temps pour être vulgarisées et déployées. Il existe une inertie collective sur les domaines relevant du sensible et comme cela relève de  phénomènes multifactoriels ils sont difficiles à résoudre », plaide Raphaël Tamponnet.

 

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