Prisca Lépine : «La santé des organisations est une approche systémique qui va beaucoup plus loin que la simple démarche Qualité de Vie au Travail»

Le 27 octobre 2023

Prisca Lépine a occupé le poste d’ «experte en santé des organisations » au Conseil départemental des Côtes d'Armor pendant 4 ans. Elle est maintenant consultante et vient de publier un livre blanc « La santé des organisations. Fondation d’une culture d’entreprise qui se cultive ».

La santé des organisations est une approche encore trop méconnue chez nos dirigeants et cadres, écrivez-vous en introduction. Pourriez- vous nous rappeler brièvement en quoi consiste la santé des organisations ?

C’est une approche systémique qui va beaucoup plus loin que la simple démarche Qualité de Vie au Travail (QVT). D’abord elle s’applique partout. Dans les écoles, à l’hôpital, dans la gestion des communautés, la police, même dans les familles. Elle vise à assurer une gestion saine et durable des organisations certes, mais sa distinction, sa force est incontestablement sa cohérence et le fait qu’elle intègre quatre composantes absolument indissociables l’une de l’autre : l’organisation et ses besoins ; le travail et ses exigences ; l’humain et ses sensibilités et le contexte sociétal culturel. L’objet étant de cultiver un état d’esprit qui favorise le désir de réussir ensemble et celui de mieux-faire pour mieux-être et non le contraire.

La santé des organisations

En quoi est-ce une approche pertinente pour les organisations ?

Aujourd’hui, la confiance au sein des entreprises, des collectivités est un enjeu majeur parce que la confiance exige d’être cohérents et c’est là que le bât blesse. Les contraintes « humaines » ont été reléguées au dernier rang des préoccupations en déléguant aux RH la responsabilité de gérer sans moyens ni pouvoir. Aujourd’hui c’est eux qui sont le plus en souffrance confrontés aux limites de leur impuissance. La cohérence exige discipline et honnêteté parce que l’enjeu final c’est bien de sa crédibilité dont il s’agit. D’ailleurs, sur ce point, lorsque chacun brandit sa campagne d’attractivité, elle n’a dans les faits, que peu d’impact. Quand nous sommes crédibles, nous n’avons pas besoin à ce point, de séduire.

Maintenant que les profiteurs de naïveté ont pu bénéficier de la vente du bonheur au travail dans une stratégie bien calculée mais très dommageable, et que certains dirigeants ont compris que l’évitement ne fait que repousser les problèmes, la santé des organisations a vraiment toute sa place. Ce qui me rassure encore davantage aujourd’hui est la publication d’une toute nouvelle étude de Harvard qui démontre que « la conscience de soi », non pas celle que l’on croit avoir, mais surtout celle que l’on ne connait que peu, fait partie intégrante des fondamentaux de la santé des organisations.

Dans la fonction publique, la souffrance au travail est omniprésente. Comment impulser une telle démarche dans les collectivités ?

Le problème de la souffrance au travail est généré par l’humain et les décisions qu’il prend et les choix qu’il fait. Tant qu’il y a un déni de la responsabilité managériale pourtant entière dans cette souffrance, nous n’avancerons pas. C’est une question de volonté de conscience, sinon au moins une volonté d’accepter que ni la facilité ni les courants de la mode avec ses mots bling-bling correspond aux besoins humains. 

La santé des organisations, c’est une approche micro et macro (santé de l’humain et de l’organisation) qui travaille en simultané et qui ne cherche pas l’exploit, mais qui apporte ses fruits peu à peu mais durablement.

Un état d’esprit ça ce cultive, la cohérence aussi. La santé des organisations fonctionne à partir du moment où les dirigeants choisissent de ne plus vouloir faire payer aux autres le prix de leurs ambitions. Lorsqu’il y a cette ouverture, c’est le champ de tous les possibles qui émerge de cette posture. Notre premier travail se situe dans les mots et le sens des mots. La santé des organisations a développé en ce sens, une solide stratégie qu’elle nomme « écologie de la communication ». Cet exemple n’est qu’un parmi toute une gamme d’outils à l’accompagnement pour ceux qui ont envie d’inspirer, d’insuffler et DEVENIR ce qu’ils souhaiteraient devenir.

« La santé des organisations. Fondation d’une culture d’entreprise qui se cultive », 146 pages, disponible sur https://santedesorganisations.fr/

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